L’avenir sanitaire de la société dépend de la santé des enfants d’aujourd’hui et de celle de leurs mères, qui sont les garantes de cet avenir. Le décès d’une femme dans la période gravido-puerpérale est toujours vécu Comme un drame non seulement pour l’entourage de la famille mais également un drame professionnel pour l’équipe médicale. La mortalité maternelle (MM) est le type même de situation où existe une discordance flagrante entre les pays médicalement développés et les pays médicalement sous-développés où elle pose un véritable problème de santé. Le taux de MM est mondialement reconnu comme un indicateur de la qualité des soins en obstétrique et reflète le risque qu’encourent les mères pendant la grossesse et l’accouchement. Il a connu, en moins d’un siècle, une forte diminution dans la plupart des pays développés, il n’en reste pas moins que des taux très élevés sont encore enregistrés dans les pays du tiers monde, ce qui suscite une attention particulière au niveau international. Il est influencé par les conditions socioéconomiques, la nutrition, l’hygiène, la disponibilité et l’utilisation des équipements de soins de santé, y compris de soins prénatals et obstétricaux. En effet, plusieurs organisations internationales, à leur tête l’organisation mondiale de la santé, se penchent sur ce « fléau » depuis plusieurs années, et la réduction de la mortalité maternelle figure parmi les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).
Incidence de la mortalité maternelle à l’échelle nationale
D’après l’enquête sur la population et la santé familiale (EPSF Maroc 2003-04), le taux de la MM à l’échelle nationale était de 227 pour 100000 NV [3]. D’après le dernier rapport publié par : l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) et la Banque mondiale le TMM estimé en 2013 est de 120 pour 100.000 NV, le Maroc a marqué une progression avec une variation en % du TMM entre 1990 et 2013 de moins 61% , ce qui le classe en 21eme rang parmi les payes qui ont marqué des progrès [2]. Actuellement, après réévaluation ce TMM, est à 132 pour 100.000 NV. Cette progression favorable du TMM au Maroc est le fruit du plan d’action d’accélération de la réduction de la MM. Les mesures entreprises pour réussir ce pari sont : [3]
• La surveillance des grossesses en CPN ; La surveillance en 2010 de plus de 455000 accouchements dans le secteur public soit une augmentation de 19% par rapport à 2007.
• La gratuité des soins obstétricaux, notamment les accouchements, Echographie, les bilans, TDM…
• Le renforcement des compétences :
– Sessions de formation au profit des professionnels
– Visites de coaching et des périodes de stage.
• L’importance de l’audit : 2 types d’audit d’une grande importance ont été mis en route.
– 518 maisons d’accouchements et 90 maternités hospitalières.
– La surveillance des décès maternels
• L’élaboration de protocoles bien définis et leur diffusion à grande échelle à travers maternités et les maisons d’accouchements.
• L’avènement du sulfate de magnésium et son utilisation de plus en plus fréquente.
Incidence globale dans notre série
L’incidence globale de MM que nous avons calculé au niveau de la réanimation du CHU MOHAMED VI MARRAKECH est de 165,67 décès pour 100 000 NV durant les 6 années de notre étude. Ce taux est surestimé et ne reflète pas la réalité de notre service vu que nous sommes un centre qui reçoit des patientes référée de tout le sud marocain, et par conséquent, il est difficile d’extrapoler.
Incidence de la MM à travers les années dans notre série
En analysant l’incidence de la MM à travers les années on remarque une très nette baisse du taux de MM qui est passée de 231,93 en 2009 à 74,52 en 2012 ; avec le nombre de naissances vivantes qui reste toujours en hausse :(10779 en 2009, contre 14760 en 2012). Cela peut être expliqué :d’une part que le Maroc en souscrivant aux objectifs du millénaire pour le développement (OMD) s’est engagé à réduire de trois quart la mortalité maternelle (OMD 5 ) à l’horizon 2015,d’autre part,par l’énorme progrès qu’a connait le service en terme d’amélioration de l’effectif médical et paramédical, d’organisation, d’élaboration de conduites à tenir standardisées, de formation continue des médecins, assurée au sein du service ; et également la collaboration avec les autres services, notamment le service de réanimationanesthésie et de cardiologie. Mais une reascension marquée du taux de MM entre 2012 et 2014 ,dont le taux est passé de 74,52 en 2012 à 167 ,61 en 2014,et cela revient à la non continuité des formations et du renforcement des compétences .
Facteurs extra-médicaux influençant la mortalité maternelle
Age :
L’étude de la mortalité maternelle en fonction de l’âge, montre que la plus grande incidence est enregistrées chez les femmes les femmes âgées (≥ 35 ans : 38%). On retrouve cette même notion dans plusieurs travaux réalisés dans des pays sous développés ou en voie de développement ; ainsi, selon l’étude réalisée sur ce même sujet à la maternité Ignace Deen du CHU de Conakry – Guinée-, en 1995 .
» ce sont les femmes jeunes et les plus âgées qui meurent le plus au cours de la gravido puerpéralité :46.1 % pour la tranche d’âge 15- 24ans,28.3 % pour la tranche d’âge de 35 ans et plus « , ce même constat a été souligne par NOAM.M dans son étude réalisée a l’hôpital provincial de Beni Mellal [10].
L’âge de procréation est un facteur de risque important à prendre en compte dans la prise en charge de la grossesse, les décès liés à ce facteur de risque sont en rapport avec les notions traditionnelles de mariage précoce et de procréation fortement ancrées dans les sociétés en développement .
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