La modalité et ses corrélats en birman

La modalité et ses corrélats en birman

Les modalités opérant au niveau (C) ou niveau de l’ « Epistémico-factuel»

 Les modalités du niveau (C) sont l’expression de l’évaluation par le locuteur, de la réalité d’un événement, voire de sa probabilité de réalisation. Il s’agit donc pour le locuteur (1) d’une part de se prononcer sur la factualité (« actuality ») de l’événement décrit par la proposition ou de le nier, (2) d’autre part de nuancer son jugement en indiquant la probabilité que cet événement a de se réaliser. Ces modalités Épistémico-factuelles s’expriment toutes au niveau de la proposition et correspondent en partie à ce que de nombreux linguistes avant nous ont appelé « modalités épistémiques ». Ce terme recouvrant selon les auteurs une ou plusieurs des notions suivantes (degré de probabilité, évaluation de la factualité, source de l’information, évaluation du contenu propositionnel, jugement sur la valeur de vérité, etc…)160 nous avons hésité à le reprendre pour désigner l’ensemble des modalités de niveau (2). Nous avons finalement décidé de réserver le qualificatif d’ÉPISTÉMIQUE aux modalités qui traitent du degré de probabilité de réalisation de l’événement. Les modalités ÉPISTÉMIQUES forment ainsi une sous-catégorie de nos modalités Épistémico-factuelles, au même titre que les modalités traitant de la factualité (« actuality ») du procès (modalités RÉALIS et IRRÉALIS) ou de sa non-réalisation (polarité). 

Les modalités opérant au niveau (D) ou modalités « Subjectives » 

Les modalités appliquées à la proposition se divisent en deux catégories : la catégorie des modalités Évaluatives161 par lesquelles le locuteur donne son opinion à propos du procès, et celle de modalités Evidentielles (« Evidential ») (Mod.EVID) par lesquelles le locuteur précise la source des informations contenues dans la proposition qu’il énonce. 

Les modalités Évaluatives

 Les modalités Évaluatives dans notre modèle, se divisent à leur tour en deux sous-catégories qui traitent respectivement de (1) la valeur de vérité de la proposition telle qu’elle est envisagée par le locuteur — en d’autres termes, le locuteur est-il certain de ce qu’il dit ou doute-t-il de la vérité de ce qu’il a énoncé? —, (2) l’évaluation du procès par le locuteur ou plus exactement les sentiments que lui inspire ce procès. Il nous paraît important de distinguer ces deux types de modalité, car elles peuvent en birman apparaître simultanément dans un énoncé. • La modalité Évaluative « VALEUR DE VÉRITÉ » Cette modalité traite du degré d’implication du locuteur, son engagement par rapport à ce qu’il énonce. Elle permet au locuteur d’exprimer une certitude ou un doute sur la véracité de ce qu’il énonce, et non sur la réalisation du procès. Elle doit donc être distinguée des modalités Epistémiques de niveau (C). • La modalité Évaluative APPRÉCIATIVE Parfois appelée modalité Axiologique (Tournadre, 2004) ou tout simplement modalité Évaluative (Le Querler, 1996 : 85sq.), (Cinque, 1999 : 84)163, la modalité Évaluative APPRÉCIATIVE est l’expression de l’opinion du locuteur, de ses sentiments par rapport au procès présenté : approbation, désapprobation, suggestion, compassion, peur, etc… (Cinque, 1999 : 84)164. Elles n’affectent pas la valeur de vérité du procès.

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Les modalités Évidentielles

 La notion d’« évidentialité », appelée « evidentiality »165 dans la littérature anglophone (Chafe & Nichols, 1986), (Willet, 1988), Delancey (1997 : 34-35) et parfois « médiativité », dans la littérature francophone (Guentcheva, 1996 : 9-15), (Tournadre, 1994, 1996, 2004), n’est pas définie de façon stricte dans la littérature linguistique. Selon les auteurs, elle est considérée soit comme une notion sémantique à part entière, soit intégrée à la catégorie plus générale de la modalité ÉPISTÉMIQUE — cf. Palmer (1986 : 66), Dendale & Tasmowski (2001 : 342). Pour notre part, nous l’utiliserons dans son sens restreint qui la définit comme renseignant sur la façon dont le locuteur obtient des informations lui permettant d’énoncer sa proposition. En d’autres termes, un marqueur de l’évidentialité indique la nature de cette source d’information, laquelle peut être interne au locuteur (modalité Evidentielle directe) — telle la perception —, ou encore externe à celui-ci (modalité Evidentielle indirecte) — telle la répétition du discours d’autrui, les inférences. C’est aussi la définition retenue par Dendale & Tasmowski (1994). Un marqueur évidentiel est une expression langagière qui apparaît dans l’énoncé et qui indique si l’information transmise dans cet énoncé est empruntée par le locuteur à autrui ou si elle a été créée par le locuteur lui-même, moyennant une inférence ou une perception. (Dendale & Tasmowski, 1994 : 5) La division du domaine sémantique de l’Évidentialité en deux catégories principales, à savoir (1) les modalités Évidentielles directes et (2) les modalités Évidentielles indirectes, a été proposée pour la première fois (à notre connaissance) par Givon (1982) et développée dans une approche typologique par Willett (1988). La première de ces deux catégories regroupe les sources d’information visuelles, auditives et autres perceptions du locuteur, tandis que la seconde recouvre le discours indirect, et les informations obtenues par inférence. Nous reproduisons la classification des modalités Évidentielles (ou marquées pour l’Évidentialité) proposée par Willett (1988 : 57) dans le tableau suivant (11).

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