LA LUTTE BIOLOGIQUE PAR L’UTILISATION DE TRICHODERMA
Généralités
En 1794, Christiaan Hendrik Persoon fut le descripteur de ce genre et le premier à introduire le mot Trichoderma dans la mycologie, Les Trichoderma sont des champignons ubiquistes, microscopiques et imparfaits. De par leur effet biofertilisant et leur aptitude à produire des substances bioactives, ils sont utilisés comme des antagonistes contre de nombreux agents phytopathogènes. En plus de leur développement rapide, ils constituent des agents potentiels en agroalimentaire et dans l’exploitation industrielle de manière générale (Prieto et al., 1997).
Morphologie
Le profil macroscopique de Trichoderma est apprécié, à partir de cultures sur gélose nutritive en boite de pétri. Les colonies (figure 7) fongiques peuvent être légèrement floconneuses ou bien compactées en touffes. Entre ces deux extrêmes existent des aspects intermédiaires. Les colonies sont colorées en fonction de la pigmentation des phialides. Figure 7 : Colonie de Trichoderma harzianum, source : (Btissam et al., 2013) 6 Au microscope optique, le mycélium est composé d’hyphes jaunes, septés et ramifiés à parois lisses. Les conidiospores (figure 8) portant des phialides en forme de flasque ou de quille, sont coniques ou pyramidales très ramifiés. A leur tour les phialides portent les spores (phialospores ou bien conidies) (Cournut,1984 ; Kubicek et al., 2003). Figure 8 : Morphologie d’un conidiospore de Trichoderma sp (Samuels et al., 1994).
Taxonomie
La taxonomie du genre Trichoderma a connu une longue controverse car étant basée dans un premier temps sur les caractères morphologiques et sur les aspects culturaux. Ces champignons anamorphes, n’ont pas de mode de reproduction sexuée connue or dans le règne vivant, les limites de l’espèce reposent sur la possibilité de croisement entre individus. Aujourd’hui, la biologie moléculaire nous révèle que des espèces de Trichoderma génétiquement différentes, présentent des similitudes morphologiques spectaculaires. Ainsi, pour une classification incontestable et rigoureuse des formes anamorphes de Trichoderma sp, les critères morphologiques seuls ne suffisent plus (Cournut, 1984 ; Sugiyama, 1987). La position taxonomique actuelle des Trichoderma sp est représentée comme suit : 17 Tableau 2: Classification de Trichoderma selon (Samuels et al., 2012).
Ecologie
Du fait de leur grande faculté d’adaptation aux différentes conditions climatiques, les Trichoderma sont des champignons cosmopolites. Ils ont une croissance rapide et une capacité à utiliser les différents substrats, ce qui font d’eux par conséquent l’élément majeur dans la mycoflore terrestre et marine. Les travaux de Samuels et al., (2012) ont montré que les espèces de ce genre (Trichoderma) se développent à une température optimale qui se situe entre 25°C et 30°C avec un minimum de 0°C et un maximum de 30 à 37°C. La croissance de différents isolats de ce genre est plus favorable à un pH légèrement acide (5) à neutre (7) (Gueye, 2013).
Cycle biologique
Cinq jours après sa germination, la conidie donne naissance à un mycélium d’abord blanc et stérile en forme de cercle. Deux jours plus tard, la conidiogenése est matérialisée par l’apparition d’une couleur verte sur les parties aériennes du mycélium. D’autres cercles concentriques réguliers se forment par la suite, entre le seizième et le vingtième jour, un feutrage épais se superpose à la culture (Corbaz, 1990).
Mécanisme d’action Antibiose
L’antagonisme par antibiose est la capacité que Trichoderma sp a, pour produire des métabolites secondaires toxiques pour l’agent pathogène cible. Ces métabolites peuvent inhiber la croissance mycélienne, la germination des spores et/ou la sporulation des agents pathogènes en agissant comme des « antibiotiques » (Zhihe et al., 1988). Les propriétés inhibitrices de la croissance de Trichoderma sur les autres champignons sont dues, à l’action combinées des enzymes de dégradation des parois cellulaires et à la capacité de Trichoderma 18 à produire différents métabolites secondaires (Reino et al., 2007). Une étude récente a prouvé que le filtrat de culture issu de la fermentation de Trichoderma harzianum permettait d’avoir un effet inhibiteur sur Alternaria sp, Botrytis sp, Penicillium sp et Fusarium sp. Cependant, l’effet reste moins important que celui exercé par le mycélium directement (Rayene and Romeissa, 2017). Compétition La compétition se définit comme étant une lutte entre deux ou plusieurs espèces pour l’utilisation d’une même ressource qui peut être d’ordre alimentaire ou territorial. Une population d’une espèce qui possède un avantage compétitif dans l’appropriation d’une ressource, s’assure du contrôle de cette ressource et élimine les populations des autres espèces appartenant au même peuplement (Lévéque et Claud, 2001). Parasitisme L’activité mycoparasitaire de Trichoderma vis-à-vis des champignons phytopathogènes est un processus très complexe, en ce sens qu’il implique des évènements séquentiels notamment la reconnaissance, l’attaque, la pénétration et la mise à mort ultérieure de l’hôte (Benitez et al., 2004). Howell, (2003) rapporte que Trichoderma virens constitue un mycoparasite agressif pour d’autres champignons. Il s’associe non seulement aux hyphes de beaucoup d’espèces fongiques, mais il peut aussi pénétrer et détruire certaines des structures restantes par sécrétion d’exochitinase réduisant ainsi leur inoculum potentiel du sol. La télédétection est cependant due à l’expression des chitinases, glucanases et proteases (Benitez et al., 2004)