L’état des paramètres théoriques (typologie)
L’ensemble des textes de notre corpus représente des réalités complexes pluridimensionnelles et qui présentent des propriétés communes quant à la production écrite émise en situation (contexte de production et de réception). Cependant, une même classe de textes peut avoir plusieurs entrées de classement, ce qui pose un problème de genre, de type et de prototype aussi. Cette notion problématique de classification nous conduit à entamer notre analyse par une étude descriptive des textes composant le corpus. Nous allons dans ce premier chapitre insister sur la dynamique du corpus et des textes en essayant de déterminer la motivation d’une structure générale et d’un mode de fonctionnement en se référant à la théorie structurale (du texte) et thématique de (l’Histoire). Cette logique nous dicte une classification, définie par la nature du corpus et que nous jugeons globale, selon trois paramètres qui correspondent aux étapes de traitement et d’analyse du corpus (linguistique, discursive, visée pragmatique) 1/- La base typologique qui reste suspendue et qui implique une première pénétration du corpus par un croisement théorique : notre première tâche consiste à analyser cette base typologique dans ce chapitre. 2/- Le domaine d’application (activité discursive/ production) : déjà défini précédemment. En bref, il s’agit d’un ensemble de textes d’Histoire à l’adresse des élèves de terminale. 3/- La description des formes mises en rapport entre base typologique et domaine d’application qui reste aussi suspendue en raison de son rapport avec la base typologique et l’application de l’analyse. Lorsqu’on parle de rapport on peut parler d’un rapport de mixité, d’unicité, d’hétérogénéité ou de rapport hiérarchique.
Le texte ; entre type, catégorie et caractère.
Dans sa classification; Les textes types et prototypes13, Jean Michel Adam propose des types séquentiels : séquencialité narrative, injonctive, descriptive, explicative, expositive, argumentative, dialogoconversationnelle et poético-autotélique. Mais les textes ne sont jamais homogènes (mono-séquentiel). Un texte est structuré de façon complexe et cette hétérogénéité peut être successive ou hiérarchique. L’histoire peut comporter des actions et des dialogues au service d’une thèse qu’elle illustre et joue de ce fait le rôle d’arguments. Le noyau actionnel peut se présenter comme un échange conversationnel sous la forme d’une argumentation polémique. La classification d’Emile Benveniste14 repose sur les bases typologiques suivantes : le monde énonciatif, l’intention de communication et les conditions de production (espace – tempsprotagonistes). La typologie situationnelle de Jean Peytard15 renvoie à la notion de champs littéraire, politique ou juridique de Pierre Bourdieu16. Mikhaïl Bakhtine17 distingue le discours premier du second, le discours de communication quotidienne (politique) du discours historique. Enfin, la classification hétérogène repose sur les propriétés textuelles internes, l’intention de communication, les stratégies locutoires, le mode énonciatif, le contenu thématique, les aspects syntaxiques (thématique, rhétorique, extralinguistique). Les variables de la classification sont donc aussi diverses et multiples à la mesure de la diversité des classifications.
Concernant notre étude, nous allons nous appuyer uniquement sur les variables qui s’adaptent à notre corpus ; d’abord, qui le définissent en tant qu’un ensemble qui se suffit à lui-même et ensuite, pour procéder à une autre classification motivée par un tri qui facilite l’accès aux textes proposés et nous évite le traitement de tous les textes. Il faut noter à ce propos que les variables communes à tous les textes ne méritent d’être citées qu’à titre définitoire. Pour le traitement et l’analyse du corpus et des textes, ces variables perdent leur signification. C’est la différence des variables qui crée le sens et qui introduit, par distinction, les éléments de synthèse significatifs. Les variables externes concernent les conditions de production. Les variables internes concernent le statut de régularité des formes lexicales ; modalités pragmatiques et figures énonciatives (fonction locutoire : ce que disent les mots – fonction illocutoire : ce qu’on fait avec les mots : conseil, insulte – fonction perlocutoire : exercer une action sur l’autre). Les variables hétérogènes sont liés à la formation de l’interdiscursivité (intertextualité, mémoire discursive et collective, connaissances encyclopédique). Les variables inter-discursives sont liées à l’épaisseur discursive et référentielle ; identification des catégories inter-discursives), genre et catégorie de texte. En procédant au repérage des marques linguistiques de surface relevant de critères soit thématiques soit énonciatifs qui peuvent porter sur des activités méta-textuelles, nous pouvons parvenir à établir une catégorisation générale qui se résume par le tableau ci-dessous. Cette catégorisation sera détaillée et justifiée par la suite.
De la variable au caractère
Ce que nous avons désigné précédemment par activité métatextuelle se dessine clairement par la principale distinction entre énoncé à caractère 18 typiquement chronologique, récit, et, tract. Il s’agit d’un critère énonciatif pour une première catégorisation. Ces trois grandes catégories se distinguent d’abord par leur fonction sur le plan discursif, ensuite, par le contenu, sa disposition, son fonctionnement et sa mise en forme. Le critère thématique intervient sur un second plan mais il est aussi corrélatif à la première catégorisation. Il faut préciser que le thème de l’énonciation se distingue du thème de l’énoncé traité; un texte peut bien, à la fois, aborder un évènement, inclure un témoignage et s’inscrire dans l’Histoire universelle en relevant d’un thème particulier. Mais le thème de l’énonciation établit le cachet d’une marque globale du texte. Il suffit, à ce propos, de distinguer entre fonction référentielle et visée référentielle du langage pour voir que la visée peut être, par exemple, incitative (l’appel dans le document16), par rapport à la morphologie grammaticale consolidée par la disposition des formes concernées (argumentative).
Il convient aussi de signaler que, dans le foisonnement des critères et des propriétés (inhérentes ou afférentes) nous nous retrouvons contraints d’avoir recours au concept de caractère pour désigner l’empreinte du texte d’Histoire selon laquelle nous avons répertorié notre corpus. Cette empreinte est caractérisée par des variables de surface, distinctes à première vue. Ces variables de surface relèvent du niveau pré-linguistique ; topographique et typographique. La mise en page ou l’aire scripturale de la page ainsi que l’organisation des graphèmes tracent des schémas formels qui guident le lecteur. La structure présuppose un genre auquel on reconnait des propriétés textuelles et un mode d’organisation. La reconnaissance des schémas formels est liée essentiellement à deux aspects ; la compétence culturelle du lecteur (savoir partagé, connaissances encyclopédique…) et les représentations sociales, collectives, individuelles (mémoire discursive). Quant au schéma du contenu lui-même, il relève de la valeur référentielle du texte qui présuppose des compétences de compréhension du contenu liées au savoir que possède le lecteur sur un thème donné et qui sont des savoirs acquis, en partie, par la lecture d’autres textes antérieurs. C’est ainsi que nous pouvons concevoir le texte d’Histoire dans sa lecture de la manière la plus appropriée. Dans cette même logique de caractérisation, nous pouvons schématiser notre démarche analytique par le diagramme suivant :
Préambule |