La glande thyroïde

La carence en iode est un véritable fléau social dont les conséquences sont au premier rang des préoccupations de nombreux gouvernements, surtout des pays en développement ainsi que des organisations internationales qui concourent au développement économique des pays membres et à la promotion de la survie de l’enfance (UNICEF, PNUD, OMS, ICCIDD…) .

Les effets néfastes de la carence en iode, appelés les troubles dus à la carence en iode, TDCI, représentent un grand problème de Santé Publique dans plusieurs pays du monde. En 1994, l’OMS estime que plus de 1,5 milliards de personnes vivent dans des zones où la carence en iode constitue un risque. A cet effet, 200 millions d’individus sont porteurs de goitre et 20 millions souffrent d’arriération mentale consécutive à une carence en iode, dont 6 millions au stade de crétinisme. Les personnes affectées sont réparties dans 95 pays. Au sein de chaque pays coexistent des zones à faible et à forte prévalence. Les zones atteintes sont souvent montagneuses, isolées et sous développées .

LA GLANDE THYROIDE

SITUATION ET FORME

Le corps thyroïde est une glande endocrine, situé à la partie antérieure et basse du cou où il enserre « en fer à cheval » les faces latérales du larynx et les premiers anneaux de la trachée. Par de sa forme, il est comparé à un papillon. Il mesure 1,6cm de haut, 3cm de large et 2cm d’épaisseur. Son poids est de 20 à 30g.

La glande comprend 3 éléments :
– les deux lobes latéraux, habituellement asymétriques, présentent la forme d’une pyramide triangulaire, avec une face antéro-externe superficielle, accessible au palper, une face interne appliquée sur la face latérale du larynx et de la trachée, une face postérieure au contact des éléments vasculo-nerveux des gouttières latérales du cou. Ces lobes ont assez souvent un prolongement rétropharyngien dont l’hypertrophie peut être responsable d’accidents de compression viscérale. Les lobes thyroïdiens sont situés profondément dans le cou, obliques en bas et en arrière, suivant l’axe général de la trachée, ils sont aussi bas situés, leur pôle inférieur arrivant presque à hauteur des articulations sternoclaviculaires. Cette situation explique qu’ils sont, à l’état normal, invisibles à l’inspection du cou et difficilement palpables,
– l’isthme est constitué d’une mince lame du parenchyme glandulaire appliquée sur la face antérieure de la trachée réunissant les deux lobes. De son bord supérieur naît fréquemment un prolongement cylindrique, la pyramide de Lalouette, véritable petit lobe glandulaire surnuméraire.

Le corps thyroïde synthétise et libère les hormones thyroïdiennes. Sa couleur est brun rougeâtre, sa consistance est molle.

RAPPORTS –VASCULARISATIONS –INNERVATION

RAPPORTS

La glande thyroïde est entourée par une capsule qui joue le rôle de véritable lame porte-vaisseaux. De ce sac séreux se détachent des trousseaux celluleux et même fibreux qui amarrent solidement l’isthme au premier anneau trachéal et le segment corporéal de chaque lobe à la face latérale de la trachée. Cette solidarité de corps thyroïde avec l’axe aéro-digestif explique sa mobilité aux mouvements de déglutition, constatation dont la valeur séméiologique est si utile en pathologie thyroidienne. Par la face postérieure de ses lobes latéraux, le corps thyroïde contracte deux rapports étroits et de grande importance en pathologie, d’une part avec les parathyroïdes, d’autre part avec les nerfs récurrents.

VASCULARISATION

Le réseau artériel thyroïdien est divisé en plusieurs branchements :
– l’artère thyroïdienne supérieure, première branche de la carotide externe, aborde le lobe latéral au pôle supérieur.
– l’artère thyroïdienne inférieure, la plus interne des branches du tronc thyrobicervico-scapulaire, atteint le lobe immédiatement au dessus de sa base, elle fait quelques fois défaut à la face postérieure.
– l’artère thyroidienne moyenne est aussi inconstante que variable dans son origine et dans son trajet.

Partant d’un plexus sous scapulaire qui court à la surface du corps thyroïde et dans lequel se sont jetées les veines issues de la glande, trois voies efférentes sont reconnaissables :
– les veines thyroïdiennes inférieures qui rejoignent les troncs veineux brachiocéphaliques droit et gauche.
– les veines thyroïdiennes supérieures qui se jettent dans la jugulaire interne, soit directement, soit par l’intermédiaire du tronc linguo-facial.
– la veine thyroïdienne moyenne, attachée de court à la jugulaire interne et qui serait une voie de suppléance, intervenant comme voie de décharge sanguine dans le goitres très vasculaires.

L’origine des lymphatiques est située au contact même des vésicules thyroïdiennes, ils se ramifient ensuite en un réseau sous capsulaire duquel naissent les troncs collecteurs qui vont dépendre de deux territoires ganglionnaires:
– les ganglions antérieurs et latéraux de la chaîne jugulaire interne
– la chaîne récurrentielle, premier relais des ganglions mediastinaux supérieurs et antérieurs.

INNERVATION

L’innervation est assurée par :
– le sympathique qui est l’ensemble des filets issus du ganglion cervical supérieur
– le parasympathique qui est l’ensemble des filets des nerfs laryngés supérieurs et inférieurs.

HISTOLOGIE- EMBRYOLOGIE

HISTOLOGIE

La thyroïde est entourée d’une capsule faite d’un tissu conjonctif banal qui envoie des prolongements à l’intérieur de la glande qui se trouve ainsi fragmentée en pseudolobules. La structure élémentaire de la thyroïde est simple. La glande est formée de vésicules de 200µ de diamètre environ, remplies de colloïdes, entre lesquelles se trouve un tissu conjonctif lâche avec des cellules interstitielles. Toutefois, l’aspect des vésicules est variable selon le degré d’activité de la glande et selon la topographie considérée.

Les différents éléments de la vésicule thyroïdienne :
– la paroi vésiculaire est formée d’un épithélium unistratifié constitué de cellules dites folliculaires ou principales reposant sur une membrane basale. Entre ces cellules, se trouvent, plus récemment décrites, des cellules dites para folliculaires .
– la colloïde vésiculaire : par ses affinités tinctoriales, elle apparaît tantôt acidophile tantôt basophile. Selon les vésicules et selon les fixateurs, elle peut être dense et homogène, grumeleuse, craquelée. Des petites vésicules peuvent se voir au bordure de l’épithélium : les vacuoles de résorption d’Aron,
– les cellules interstitielles sont pourvues d’un protoplasme clair, elles sont isolées ou groupées en amas (îlots de Wolflers). Elles sont considérées comme des reliquats embryonnaires ou comme un stade évolutif de la cellule principale.

EMBRYOLOGIE

L’ébauche thyroïdienne apparaît au 17ème jour du développement embryonnaire, sous forme d’une prolifération épithéliale dans le plancher de l’intestin pharyngien, entre le tuberculum impar et le copula. En s’efforçant peu après dans le mésoblaste sous jacent, cette ébauche thyroïdienne creuse un diverticule bilobé, sa migration descendante se poursuit, un pédicule creux la reliant au plancher de l’intestin pharyngien est ainsi crée : le canal thyréoglosse. Au cours de sa migration, l’ébauche glandulaire passe en avant de l’os hyoïde et des cartilages du larynx, pour atteindre à la 7 ème semaine sa situation définitive, en avant de la trachée. La participation à la constitution de la thyroïde d’ébauche latérale dérivant des 4 et 5 ème fentes entoblastiques reste discutée.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS ET CONSIDERATIONS GENERALES
1- La glande thyroïde
1.1- Situation et forme
1.2- Rapports- Vascularisation- Innervation
1.2.1- Rapports
1.2.2- Vascularisation
1.2.3- Innervation
1.3- Histologie- Embryologie
1.3.1- Histologie
1.3.2- Embryologie
2- Iode
2.1- Cycle de l’iode dans l’organisme
2.2- Source de l’iode
2.3- Cycle de l’iode dans la nature
3- Hormones thyroïdiennes
3.1- Biosynthèse
3.2- Régulation de la sécrétion
3.3- Actions physiologiques
4- Troubles dus à la carence en iode
4.1- Définition
4.2- Manifestations des troubles dus à la carence en iode
4.2.1- Goitre
4.2.2- Crétinisme
4.2.3- Autres problèmes liés à la carence en iode
4.3- Les facteurs des troubles dus à la carence en iode
4.3.1- Facteurs géographiques
4.3.2- Facteurs géologiques
4.3.3- Climat
4.3.4- Facteurs nutritionnels
4.3.4.1- Substances goitrigènes
4.3.4.2- Malnutrition protéino-énergétique
4.3.4.3- Autres
4.3.5- Autres facteurs
5- Stratégies et méthodes de lutte
5.1- Situation
5.2- Objectif
5.3- Stratégies
5.3.1- Stratégies à court terme
5.3.1.1- Huile iodée
5.3.1.2- Iode de Lugol
5.3.2- Stratégies à long terme
5.3.2.1- Eau iodée
5.3.2.2- Iodation du sel
5.4- Autres méthodes de lutte
5.5- Surveillance
6- Lutte contre les troubles dus à la carence en iode à Madagascar
DEUXIEME PARTIE : CARENCE EN IODE- EVOLUTION DE LAPRISE DE CONSCIENCE DES MERES A AMBOHIDRATRIMO : 2003- 2005
1- Cadre d’étude
1.1- District d’Ambohidratrimo
1.1.1- Situation géographique
1.1.2- Situation physique
1.1.3- Situation démographique
1.1.4- Situation économique
1.1.5- Situation sociale
1.2- Commune rurale d’Ambohidratrimo
1.2.1- Situation géographique
1.2.2- Situation physique
1.2.3- Situation démographique
1.2.4- Situation économique
2- Méthodologie
2.1- Nature de l’étude- Source des données- Période de l’étude
2.2- Taille de l’échantillon
2.3- Population cible
2.3.1- Critères d’inclusion
2.3.2- Critères d’exclusion
2.4- Mode de collecte des données
2.5- Mode d’analyse des données
3- Résultats
3.1- Résultats des dossiers
3.1.1- Evolution du nombre d’avortements spontanés
3.1.2- Evolution de mortalité périnatale et poids inférieur à 2500g à la naissance
3.1.3- Evolution des indicateurs des TDCI au niveau du poste sentinelle d’Ambohidratrimo
3.1.4- Evolution du taux de réussite aux examens nationaux des écoles publiques au niveau de la CISCO d’Ambohidratrimo
3.2- Résultats des interviews dans la commune rurale d’Ambohidratrimo
3.2.1- Description de l’échantillon
3.2.2- Connaissance/Attitude des mères sur les troubles dus à la carence en iode
3.2.2.1- Sur les conséquences
3.2.2.2- Sur les causes
3.2.2.3- Sur les préventions
3.2.3- Attitude/Pratique des femmes interviewées
3.2.3.1- Prise d’aliments goitrigènes
3.2.3.2- Prise d’aliments apportant l’iode
TROISIEME PARTIE : COMMENTAIRES- DISCUSSIONS- SUGGESTIONS
1- Concernant les dossiers
1.1- Evolution du nombre d’avortements
1.2- Evolution du taux de mortalité périnatale, du nombre de nouveau-nés ayant un poids faible à la naissance
1.3- Evolution du taux de goitre total- évolution de la consommation du sel iodé
1.4- Evolution du taux de réussite aux examens nationaux
2- Résultats des enquêtes auprès des mères à Ambohidratrimo
2.1- Connaissance/Attitude sur les troubles dus à la carence en iode
2.2- Connaissance/Attitude sur les causes des troubles dus à l carence en iode
2.3- Connaissance/Attitude sur les préventions des TDCI
2.4- Attitude/Pratique sur la consommation d’aliments goitrigènes
2.5- Attitude/Pratique sur la consommation du sel iodé et prise d’aliments apportant l’iode
2.5.1- Prise d’aliments apportant l’iode
2.5.2- Conservation du sel iodé
3- Suggestions
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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