La gestualité de l’enseignant pour accompagner l’autorité en classe à l’école primaire
La gestion de la classe
La gestion de classe est une compétence reconnue de l’enseignant qui est omniprésente dans ses pratiques quotidiennes. S’il y a plusieurs années, elle concernait l’ordre et la discipline dans la classe, elle regroupe aujourd’hui toutes les actions de l’enseignant qui ont pour but d’établir et de maintenir un bon climat de travail, favorable à l’apprentissage (Nault & Fijalkow, 1999). Pour cela, l’enseignant va devoir faire une multitude de choix concernant les situations de travail qu’il va proposer pour les adapter aux exigences didactiques, à la capacité d’attention des élèves et à la particularité de chaque élève. Cette conduite de classe commence bien avant le déroulement d’une séance puisque sa réussite dépend de l’organisation matérielle et spatiale de la classe, et de la structuration du temps (Rey, 1998). 2. Les gestes de l’enseignant a) Le geste professionnel La notion de geste professionnel a été définie selon deux orientations différentes. D’une part, le geste professionnel est interprété comme l’action de l’enseignant (Sensevy, 2005, cité par Cizeron, 2010), sa stratégie didactique pour que le savoir soit transmis. D’autre part, il est assimilé au geste de métier (Jorro, 2002). Jorro (2006) distingue le geste du métier au geste professionnel. En effet, si le geste du métier transmet des codes propres au métier, le geste professionnel les ajuste, les régule. Le geste du métier est reconnu par les enseignants, les élèves et les familles. C’est un geste professionnel partagé de manière explicite (il est nommé) ou implicite (il est fait à l’identique d’un enseignant à un autre, d’une classe à une autre) : pendant une évaluation, par exemple, on sait que l’enseignant n’intervient pas (Bucheton, 2009a). Jorro (2006) développe alors quatre dimensions qui caractérisent selon elle le passage du geste du métier au geste professionnel. Tout d’abord, la liberté d’agir qui permet à l’enseignant de réaliser ses gestes du métier (par exemple, faire l’appel) tout en les adaptant en fonction de sa classe, du moment (par exemple, en maternelle les élèves vont mettre leurs étiquettes à un endroit précis pour signaler qu’ils sont présents alors qu’en élémentaire l’enseignant va appeler les élèves, qui signaleront leur présence en répondant). Ensuite, le sens de l’improvisation, de l’intuition, qui lui donne la liberté de se servir d’un imprévu pour rebondir, pour présenter une situation d’apprentissage à ses élèves. Le sens de l’altérité également, motive l’enseignant à adapter ses situations d’apprentissage pour certains de ses élèves qui présentent des difficultés liées, par exemple, à une dyslexie. Enfin, l’adresse du geste induit l’enseignant à se soucier de ses élèves, à être attentif aux comportements de ses élèves pour déceler, par exemple, un mal être (harcèlement, problèmes familiaux, etc.). La notion de geste professionnel est une notion difficile à définir car elle renvoie à la nature complexe de ce geste. En effet, cette notion regroupe toutes les actions menées par l’enseignant au cours de sa séance de formation, que ce soit des actes de langage, d’actions gestuelles ou encore des expressions du visage (Brudermann & Pelissier, 2008). Avoir de l’autorité, intéresser les élèves et les mettre au travail, mettre en place des démarches d’apprentissage, organiser la classe, être attentif aux individus, voici autant d’aspects du métier qui paraissent très différents mais qui sont interdépendants (Rey, 1998). Bucheton (2009b) et son équipe ont construit un modèle des gestes professionnels composé de cinq macro-préoccupations : le pilotage, le tissage, l’étayage, l’atmosphère et le savoir. Chacune d’elle regroupe des actions professionnelles que l’enseignant peut réaliser lors d’une situation d’apprentissage. La macro-préoccupation du savoir est celle au centre de l’action enseignante car c’est elle qui est visée par les quatre autres macro-préoccupations
Le geste pédagogique
Tellier définit de geste pédagogique tout « geste des bras et des mains (mais il peut aussi être composé de mimiques faciales) utilisé par l’enseignant de langue dans un but pédagogique » (Tellier, 2008, p41). Elle précise que ce qui fait du geste un geste pédagogique n’est pas le contexte didactique ni le fait qu’il soit réalisé par un enseignant, mais l’intention recherchée. Tellier catégorise le geste pédagogique en trois fonctions : le geste d’information, le geste d’animation et le geste d’évaluation. (Tellier, 2006). Geste d’information Susciter, attirer l’attention Geste d’information lexicale Geste d’information grammaticale Geste d’animation Geste de gestion de classe Geste de gestion des interactions et de la participation Geste d’évaluation Encourager Féliciter, approuver Signaler une erreur, corriger Catégorisation fonctionnelle du geste pédagogique en classe de langue (Tellier, 2006) Les gestualistes, comme David McNeill (1992), estiment que le geste et la parole forment un seul et unique système et se penchent donc essentiellement sur les gestes coverbaux, c’est-à-dire les gestes qui accompagnent le discours. David McNeill (cité par Azaoui, 2014) distingue quatre types de gestes coverbaux : les iconiques, les métaphoriques, les déictiques et les battements. En plus des gestes coverbaux, il existe deux autres types de gestes : les emblèmes et les mimes.
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