La géomorphologie de la région d’Antananarivo
A la surface Crétacée se rattache le plateau central d’Antananarivo, entre 1250 m et 1350 m, qui s’élève de façon brutale au-dessus de la surface Mésotertiaire de 1000 m à 1100 m La plaine d’Antananarivo marque l’emplacement d’un point faible dans la tectonique ancienne du massif malgache, à la rencontre de deux rides anticlinales, celle SSE – NNW d’Antananarivo et celle SW – NE d’Imerintsiatosika avec les chaînons EW d’Ambohitrabiby – Ambohimanga – Ambohidratrimo. D’après Wildebert en 1955, les dislocations Tertiaires y ont provoqué des cassures délimitant des fosses subméridiennes que. De claires-voies rocheuses respectées par les effondrements ont été individualisées :
– à l’Est, le massif d’Antananarivo dont le flanc occidental abrupt porte les traces de la rupture ; – à l’Ouest, la longue cloison d’Ambohijoky (1508 m) à Ivatobe (1408 m) entre la vallée de l’Andromba et la plaine de la Sisaony ; – au centre, la ligne de buttes d’Ambohimpamonjy (1361 m), d’Itaosy – Ambohidrapeto (1353 m) et d’Ambohitrimanjaka, entre la plaine de la Sisaony et celle de l’Ikopa.
Le compartiment le plus déprimé se trouve au Nord, à la convergence des plis, le long du cours actuel de la Mamba inférieur. Certains tremblements de terre enregistrés à Antananarivo résultent de tassements qui se produisent encore dans ces régions. A la fin du Néogène, l’aire affaissée dessine un bassin qui attire les eaux des zones périphériques montagneuses. Celles-ci forment des lacs anastomosés au milieu desquels émergent les îlots rocheux. C’est en fonction du niveau de base locale constitué par la zone effondrée que s’organise le drainage dans les massifs du pourtour ; les rivières, douées d’une force érosive accrue, s’enfoncent sur place et présentent de rapides qui témoignent encore de ce rajeunissement récent du relief. Mais, soit par déversement, soit plutôt par capture en faveur d’une rivière extérieure recalant ces sources, le grand lac logé dans le profond fossé de la Mamba inférieur finit par se vider vers le NW en empruntant à Farahantsana un défilé entaillé dans les formations dures granito-gneissiques, les eaux délivrées franchissent des seuils rocheux en un saut de 35 m.
La vidange réalisée, apparaît alors sur l’emplacement des lacs, des plaines mal égouttées semées de marécages. Aux sorties de leurs montagnes, les eaux alourdies de débris s’y étalent en nappes dessinant des traînées mal individualisées. Peu à peu, cependant, elles édifient sur leurs bords des bourrelets d’alluvions qui finissent par les contenir. Ainsi, naissent la Mamba, la Sisaony, l’Andromba et, en dernier lieu, retardé par ses avatars dans les montagnes, l’Ikopa. Il n’est guère possible de les suivre à travers les différentes péripéties qui les ont conduites aux tracés actuels : leurs déplacements accidentels sous la poussée des crues se sont compliqués de rectifications imposées par l’Homme ; c’est ainsi que selon le Père Muthuon, la Sisaony rejoignait l’Ikopa à Anosizato : c’est le travail de l’Homme qui l’a forcée à suivre le tracé Anosizato-Ampitatafika- Andriatany. Les crues les plus fortes rompent les digues naturelles et envahissent les parties basses, recouvrant de leurs limons la végétation spontanée composée de plantes aquatiques : au cours des siècles, le colmatage s’effectue par accumulations répétées d’alluvions argileuses séparées de lits de tourbes. Le remblaiement des fossés tectoniques résulte donc des plaines de montagnes constituant, à 1 250m d’altitude moyenne, des surfaces horizontales gorgées d’eau couvertes de fourrées, périodiquement inondées par le débordement des rivières.
Géologie de la région d’Antananarivo– Manjakandriana Les résultats des levés cartographiques effectués par le Service Géologique de Madagascar, en particulier ceux de Delubac réalisés en 1962 au 1/100 000 figurent dans la feuille d’Antananarivo-Manjakandriana. Petrographiquement, cette région est constituée par une série gneissique (gneiss à biotite, à graphite et à pyroxène, khondalites, quartzites) de l’ancien Système du Graphite qui a été granitisé en grande partie. Les migmatites granitoïdes et les granites migmatitiques calco-alcalines dominent et sont associés à des faciès charnockitiques. L’ensemble du dispositif structural est fortement plissé avec de nombreux plis de direction NS dans la partie Est et ondulé d’une manière assez variée à l’Ouest. Le socle cristallin et cristallophyllien est ici recoupé par des filons granitiques rectilignes dit d’Ambatomiranty dont la direction générale est N40 avec quelques intrusions basaltiques. L’activité Plio-Pleistocène affecte la limite Ouest avec des filons, des coulées basaltiques et des coulées d’Ankaratrites à néphiline issues du volcan de Vontovorona. Le relèvement tectonique du seuil rocheux à Farahantsana, barrant le cours de l’Ikopa a déterminé la formation d’un vaste lac ultérieurement remblayé par les alluvions qui constituent la plaine d’Antananarivo. Selon la configuration actuelle de Madagascar (Collins, 2002), la région d’Antananarivo – Manjakandriana fait partie du bloc d’Antananarivo qui regroupe presque tout le socle cristallin. Au Nord, ce bloc est limité par la suture Betsimisaraka ; à l’Ouest, par le contact socle cristallin-sédimentaire ; à l’Est par la mer ; au Sud, par la suture Betsileo.
L’importance de la végétation
Un sol nu reçoit de plein fouet le choc des gouttes d’eau, ses particules se désagrègent, les argiles entrent en suspension, l’eau boueuse colmate les pores du terrain. La perméabilité des sols diminue ensuite et provoque un ruissellement de plus en plus accusé. A plusieurs reprises, l’accent doit être mis sur l’intérêt majeur que présente la végétation dans la lutte contre la dégradation des sols. La couverture végétale agit de trois façons différentes, en fonction des forces destructives de l’eau :
– contre l’effet vertical, elle amortit la violence des pluies, elle conduit doucement l’eau vers le sol . Elle atténue le tassement superficiel, la destruction des agrégats et l’entraînement des éléments fins ; ainsi la porosité du sol est conservée. En outre, une partie de l’eau reste fixée sur le feuillage ;
– contre l’effet horizontal, la végétation oppose un obstacle au ruissellement. Les tiges et les feuilles ralentissent le courant et obligent les filets d’eau à se diviser et réduisent ainsi leur force de destruction ;
– l’action souterraine des racines vient renforcer la cohésion du sol . Mais, tandis que les parties aériennes de la plante préviennent les dégâts, les racines n’interviennent qu’après un début d’érosion. Leur efficacité dépend d’abord de leur présence au voisinage de la surface et plutôt de leur nombre que de leur volume. De cet exposé, il résulte que plus la végétation est serrée plus la résistance aux forces d’érosion est élevée.
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