Sites d’étude et données
Le site principal est situé sur la partie médiane de la Durance. En effet, du fait de la présence de nombreux équipements hydrauliques, du canal « usinier » de dérivation, mais aussi des apports naturels résiduels des affluents tels que la Bléone ou l’Asse, la section de la Durance située entre le barrage de l’Escale et celui de Cadarache représente un terrain expérimental idéal au niveau hydrobiologie. De plus, on dispose de données de terrain de validation de grande qualité pour quatre stations situées sur cette partie de la Durance. C’est l’une de ces stations qui constitue le site d’application opérationnelle de la méthode. Une expérimentation a été réalisée sur le Gardon d’Anduze, à Saint-Jean-du-Gard(30) en octobre 2006. L’objectif de cette expérimentation est de tester de manière qualitative le potentiel de la stéréo restitution à travers l’eau, en terme de représentation du micro-relief ainsi que de pénétration dans l’eau pour des eaux relativement profondes. Un autre intérêt dans cette acquisition est la constitution d’un jeu de données pour lequel on maitrise l’ensemble des éléments de prise de vue. Ainsi, on aura contrôlé les deux aspects suivants : (i) la géométrie d’acquisition – la constance de l’échelle et la verticalité des clichés sont garanties en effectuant les prises de vues en conditions maitrisées ; (ii) la géométrie de l’interface – le site test présente une rugosité relative de surface négligeable (voir figure 9.1). De plus, le rapport d’échelle entre les conditions de prise de vue et les grandeurs mesurées est très favorable. La taille du pixel au sol sera en effet très inférieure à la taille des objets ainsi qu’à l’épaisseur moyenne de la lame d’eau.
La figure 9.1 présente une vue générale du site. Celui-ci est constitué par un bras du Gardon passant sous l’une des arches du pont vieux à Saint-Jean du Gard. Du fait du régime d’écoulement à cet endroit et au moment de la prise de vue, la surface de l’eau est assimilable à un plan. Les profondeurs varient de zéro à près de un mètre quatre-vingt. Le substrat est varié, constitué de sable, de galets et de quelques blocs grossiers. L’eau au moment de la prise de vue était claire, permettant de discerner les objets situés au fond aux plus grandes profondeurs (voir figure 9.3). Un ensemble de 257 points topographiques a été relevé sur une surface de plus de 1200 mètres carrés. Ces points ont été positionnés à l’aide d’un tachéomètre dans un repère local. Parmi ces points, 122 correspondent à des mires placées sur les berges de manière à obtenir une référence spatiale pour les images ; ces mires ont été créées sur le terrain en utilisant de la peinture en bombe blanche et noire. Quelques autres points correspondent à la position de repères sur le pont utilisés pour la prise de vue. Les 110 autres points sont des points immergés, utilisés pour la validation des me- sures de topographie obtenues par stéréo. Le porte prisme utilisé a de plus été muni de graduations centimétriques. Le porte-prisme est manipulé par un opérateur à pied dans la rivière. La profondeur maximum mesurée est ainsi limitée, dans notre cas à un mètre soixante. La précision de la mesure de la profondeur, estimée pour contrôle sur un transect, est de quelques centimètres. Au vu de l’échelle de prise de vue des photo- graphies, on sait donc que la mesure de profondeur sera d’une précision moins bonne que la précision théorique des mesures image. Les images ont été prises à partir du pont, en utilisant une perche afin que les piles du pont ne soient pas dans le champ de l’appareil (voir figure 9.2). La perche a été munie d’une marque ainsi que d’un double système d’équerre et de niveau à bulle. Ce montage a permis d’effectuer les prises de vues dans des conditions d’angle (nadir) et de distance par rapport au pont les plus homogènes possibles.