La fonction et le rôle de L’EDE dans les transmissions
La fonction est la tâche exercée par un individu, en raison de son statut informel ou formel. La fonction est définie par les responsabilités qui sont confiées à l’individu. Elle peut être formelle (définie par l’organigramme) ou informelle (définie par la personnalité de l’individu, qui s’investit lui-même, ou est investi par le groupe, de la responsabilité d’une tâche qui n’est pas prévue par son statut). La fonction recouvre les actions, les tâches, les responsabilités caractéristiques d’une personne dans l’exercice d’une charge, d’un emploi, d’un poste. (Lebrun, Garelli, & Lefort, 2014, p. 237) .
Le rôle est l’ensemble des comportements d’un individu en fonction de son statut et de sa fonction. Si le statut et la fonction sont des notions objectives, le rôle est beaucoup plus subjectif et laisse à chacun une marge de manœuvre importante : le rôle correspond à la façon particulière dont chacun va occuper la fonction et exercer la mission qui lui est confiée. Le comportement personnel, le positionnement professionnel se déclinent en termes de rôle (il y a de nombreuses façons d’assumer son statut ou sa fonction d’EDE, d’épouse, de stagiaire). Un même individu peut bien évidemment remplir plusieurs rôles. (Lebrun, Garelli, & Lefort, 2014, p. 237) .
Après avoir défini la fonction et le rôle d’un / une EDE, je vais particulièrement m’intéresser à son rôle lors des transmissions. Bosse-Platière, Dethier, Fleury et Pasquier (2011) le décrivent ainsi :
L’accueil du jeune enfant et de ses parents requiert en priorité une sensibilité relationnelle. En rupture avec l’image d’un professionnalisme froid, le métier d’accueillir demande chaleur et empathie. Pour autant, cette affectivité doit être mesurée et s’inscrire dans des modes de relation adaptés aux uns et aux autres. Cela demande d’abord d’identifier et de différencier clairement les places, les rôles de chacun. Les relations qu’entretiennent les accueillantes avec les parents ne peuvent se réaliser dans une harmonie et une confiance suffisante que si l’accueillante est attentive à respecter les particularités des rôles respectifs. (p. 143 – 145) .
Le plan études cadre (PEC) (Dumas, Kohli-Aeberli, Héritier, Munch, Tritten, & Jaun, 2008) définit ainsi le rôle de l’EDE :
• La prise en charge est spécifique et complémentaire à l’apport du contexte familial et à celui du contexte scolaire (processus 1 et 2).
• Il-elle collabore en partenariat avec les parents des enfants et les autres personnes de référence et tient compte de leurs attentes et de leurs demandes (processus 2, 7 et 8).
• Il-elle doit développer une pratique réflexive permettant un ajustement constant aux diverses circonstances et particularités des situations dans lesquelles il-elle est impliqué-e (processus 5).
Offrir une prise en charge spécifique et complémentaire au contexte familial nécessite de bien connaître l’enfant et sa famille. Les transmissions, espace à l’intérieur duquel toutes sortes d’informations circulent, sont pour l’EDE un outil et une opportunité pour développer et entretenir la collaboration avec les parents.
La collaboration entre professionnels et parents
La collaboration telle qu’elle est définie dans le Larousse : « Action de collaborer, de participer à une œuvre avec d’autres. » Blanc et Bonnabesse (2008), expliquent la notion de collaboration. La collaboration, entendue comme « travail en commun ; aide, concours, participation » est aujourd’hui évoquée. Dans le cadre des crèches, ce terme est utilisé et désigne globalement la nature des relations engagées entre professionnels et parents au sein du lieu d’accueil. L’enjeu de cette collaboration est en premier lieu l’enfant, lui-même en situation de « double appartenance », entre sa culture familiale et la culture de l’institution. Cette collaboration prend source autour de l’enfant, elle se fait plus précisément autour de l’éducation de chaque enfant. Par exemple, le bien-être de l’enfant est la finalité de la majorité des pratiques éducatives, qu’elles soient familiales ou institutionnelles. Mais ce bien-être ne recouvre pas les mêmes choses pour les uns et les autres. Il convient donc de définir le bien-être, autrement dit de partager les valeurs qui le sous-tendent ; c’est une des finalités de la collaboration parents-professionnels. (p. 114) .
Les auteures (ibid) relèvent aussi que : Les relations, la collaboration avec les parents, la vigilance que chacun ait sa place représentent un travail important qui demande donc à la fois du temps et des outils. De plus le rôle des professionnels est différent selon la place occupée par les parents. (p. 128)
Dans un article, Blanc et Bonnabesse (2014) mentionnent que : Travailler avec les parents nécessite de clarifier les places de chacun pour éviter confusion et dispersion. Les parents eux-mêmes occupent plusieurs places en fonction de leur participation, les professionnels doivent tenir compte de ces différentes « casquettes» et adapter leur positionnement en fonction de la place du parent. Cinq places possibles :
• Le parent utilisateur ou usager : tout parent est concerné dès lors qu’il confie son enfant aux professionnels ;
• Le parent invité : l’équipe propose au parent de participer à un temps particulier au sein de l’établissement (anniversaire d’un enfant, accompagnement d’une sortie) ;
• Le parent collaborateur ou coopérateur : il participe à la prise en charge des enfants aux côtés des professionnels ;
• Le parent partenaire : il devient partenaire dès lors qu’il prend part au projet global ou aux projets d’action ;
• Le parent gestionnaire : cette place concerne surtout les parents membres d’une association qui gèrent un établissement, mais peut aussi s’expérimenter dans le cadre des conseils de crèche si les parents sont réellement associés aux réflexions autour d’un projet et des orientations. (p. 35-36) .
« Tous ces éléments obligent les professionnels à intégrer dans leur pratique des objectifs d’accueil et à construire des cadres d’organisation. » (Blanc & Bonnabesse, 2008, p. 124) .
1. Introduction |