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LA NATURE HUMAINE
L’expression « nature humaine » est formée à partir du mot « nature » et du mot « homme ». Sa signification exacte ne se rel ève pas dans son sens litté-ral, mais elle demande des précisions sur la variété de sens du mot « nature ». Dans cette expression nature humaine, la signification du mot « nature » appa-raît autrement que la nature dans son sens généralSi. cette dernière n’est rien d’autre que le monde ou le cosmos, la nature humaine de son côté détermine tous les traits caractéristiques de l’humanité, c’est-à-dire, elle définit ce qui fait que l’homme soit vraiment ce qu’il est. Mais qu’est ce que l’homme ?
Il est dans notre intention de répondre à cette question. L’homme appa-raît comme une chose à déterminer. Ce qui est à déterminer en lui, c’est sa propre nature, c’est-à-dire, ce qui fait son humanité. Le présent chapitre a pour but d’examiner la nature humaine, mais avant d’entamer cette étude, nous al-lons avancer quelques mots sur l’idée de la nature humaine.
L’idée de la nature humaine
Le mot « nature » constitue le concept clé dans l’e xpression « nature humaine ». Cette notion a une variété de sens. Dans chaque sens, elle pos-sède une signification différente. Pour connaîtreal nature humaine, il faut né-cessairement connaître la nature en général, parceque connaître l’âme hu-maine c’est connaître la nature toute entière.
La première considération relative à l’idée de la « nature » a été datée depuis la période antique. Ce sont des philosophes grecs appelés les Préso-cratiques, qui avaient marqué le début de cette histoire. Pendant cette période-là, la problématique spécifiquement humaine est encore restée hors de leurs champs de spéculation. Ils n’avaient pas ignoré les problèmes humains, mais ils identifiaient l’homme à la nature dans sa généralité. Pour eux, l’homme n’est qu’une partie de la nature. Si nous voulons apprendre la notion d’homme dans la pensée des premiers philosophes grecs antiques, nous devons apprendre leurs cosmologies ou leurs études sur la nature.
L’étymologie nous enseigne que, le mot « nature » e st formé à partir du terme latin « natura ». Ce qui veut dire, l’ensemble des êtres et des c hoses qui constituent l’univers, le monde physique. Dans ce sens, ce mot désigne l’ensemble de toutes les choses, qui existent dans le temps et dans l’espace. La nature de ce genre n’est rien d’autre que les réalités physiques accessibles par les organes des sens et par des études scientifiques que font les spécia-listes comme les physiciens, les chimistes, les astrologues, les biologistes, les médecins, etc. Dans la perspective chrétienne, cette sorte de nature se traduit globalement par l’ensemble de tous les êtres créés par Dieu Créateur.
Les philosophes milésiens comme Thalès, Anaximandre et Anaximène n’admettaient pas le monde ou la nature comme fruit du hasard. Leur pensée n’acceptait pas le rien ou le néant comme source de toute existence. Le grand principe qui mène leurs études c’est que « rien ne naît de rien. » 8 C’est pour-quoi dans leurs théories, ils se sont concentrés à la recherche du premier prin-cipe de toutes les choses qui existent. Ils avaient posé des questions sur l’origine et la formation du monde. En général, ce n’est pas ces philosophes seuls qui avaient effectué cette étude, mais presque tous les Présocratiques avaient adhéré à cette doctrine. Leur opposition apparaît seulement au niveau des éléments considérés comme principe premier des choses. Si les uns considèrent que l’eau est le premier principe, les autres affirment que c’est l’infini et pour d’autres encore c’est toujours autres choses. L’essence de leurs théories est d’avoir considéré la formation de la nature à partir des éléments appelés principes premiers.
Si la nature est définie comme l’ensemble de toutes les choses qui exis-tent, l’homme, la maison et la voiture sont tous des êtres, mais ces choses sont-elles toutes des « êtres naturels » ? Pour rép ondre à cette question, Aris-tote dit : « Sont naturels les animaux et leurs par ties, les plantes et les corps simples tels la terre, le feu, l’air et l’eau.»
Selon cette affirmation, l’« être naturel » ne peut être une invention ou une création artificielle. La nature n’est pas créée, mais elle est donnée. Dans notre vie, il n’y a pas des entreprises qui pourraient créer des êtres naturels comme la terre ou le feu en remontant des principes existants dans la nature. Bien qu’elle soit très avancée du point de vue technologique, la médecine ne pourrait jamais inventer un homme identique à l’homme naturel sans partir de la nature. Malgré son art, sa technique et sa science, aucune personne ne peut pas inventer des objets naturels, car chaque être n aturel possède son propre principe et que, ce principe explique son existence.
Il n’est pas raisonnable de dire que, la nature est l’ensemble de « tout ce qui est », parce que « tout ce qui est » n’est pas entièrement naturel. Il y a des êtres qui proviennent de l’accident et d’autres son t des produits de la culture. En dehors des mouvements causés par sa propre nature, aucun être naturel ne peut pas changer de forme. En tant qu’être naturel, l’homme peut se dévelop-per après sa naissance, mais son essence d’homme demeure invariable. Dès que l’homme est homme, il ne peut plus devenir autre chose que lui-même pendant toute son existence. Telle est la nature. Le bois, la terre et l’animal, par exemple, ne pourraient jamais changer de nature, en tant qu’être naturel.
Mais l’accident et la culture humaine peuvent transformer la matière pour donner à cette matière un nouveau visage. La corruption de l’être naturel fait perdre son principe. L’arbre qu’on a coupé et utilisé à la construction d’une mai-son, n’est plus l’arbre, lorsqu’il est adapté à cete maison. La maison apparaît comme un nouveau visage de tous les êtres qui entre nt en jeu dans sa construction, mais la maison n’est pas un être natu rel. Il est de même pour les autres choses artificielles. La culture ne peut pas remonter aux choses de la na-ture et les produits culturels ne sont pas au même titre que la nature. La nature permet à l’homme de faire la culture, mais le produit culturel n’est pas naturel.
Tout ce qui est dit jusqu’ici se rapporte à l’idée de la nature en général. D’où les significations de ce mot, la nature ne désigne pas seulement la nature en général, mais elle s’emploie aussi à d’autres choses. Par suite d’élargis-sement, elle exprime les caractéristiques d’un « êt re ». Dans ce sens, la « nature » doit ignorer son sens général pour définir l’« être ». Il s’agit ici de la nature de l’être. De cette sorte, elle relève du principe d’existence ou du prin-cipe vital d’un être. Etant définie comme tel, elle peut se traduire également comme la vertu ou la manière d’agir d’un être. C’est dans cette optique qu’on évoque l’idée de la nature humaine.
Chaque être naturel possède sa propre nature. La pl ante, l’animal, l’homme et l’être inanimé ont des natures différentes. En général, les êtres vi-vants ont quelques points communs en ce qu’ils sont doués de vie, mais en particulier, chacun d’entre eux se distingue l’un de l’autre par la spécificité de sa nature. Ici le mot « nature » a été employé pour désigner les traits distinctifs d’un être déterminé, par rapport aux autres êtres. Pour tout être naturel, la na-ture détermine la puissance ou la possibilité de chaque être de se fonctionner. Elle détermine le mode de fonctionnement de l’être. Cette puissance ou cette possibilité de l’être ne provient pas d’une série d’acquisition, mais elle est un don naturel. Le fait d’avoir des mains pour travailler, par exemple, est une disposition naturelle. La nature n’est pas acquise, mais elle est innée. La nature est une sorte de principe d’identité d’un être ou d’une espèce d’être.
Table des matières
REMERCIEMENTS
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LA NATURE HUMAINE COMME PRINCIPE CAUSAL
LA VIE CONTEMPLATIVE
I.1 LA NATURE HUMAINE
I.1.1 L’idée de la nature humaine
I.1.2 Hylémorphisme aristotélicien
I.1.3 La nature humaine
I.2 LES FACULTES HUMAINES
I.2.1 Les potentialités corporelles
I.2.2 Les facultés morales
I.2.3 Les facultés intellectuelles
DEUXIEME PARTIE : LA FONCTION DE LA VIE CONTEMPLATIVE DANS L’ETHIQUE ARISTOTELICIENNE
II.1 L’OBJET DE L’ETHIQUE A NICOMAQUE
II.1.1 Les fins humaines
II.1.2 La typologie des activités humaines
II.1.3 L’action morale
II.2 LA VIE CONTEMPLATIVE
II.2.1 Qu’est ce que la vie contemplative ?
II.2.2 Objet de la vie contemplative
CONCLUSION
BIBLOGRAPHIE
TABLE DES MATIERES
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