La fonction conjonctive de l’adverbe
Ces formes vérifient largement la propriété de mobilité (cf. I, 1.2.3) de la catégorie adverbiale. Rappelons que, pour ce qui est des adverbes simples figés de la classe GPADV, seule l‟intuition de phrase incomplète nous permet de distinguer cette fonction des adverbes (cf. III, 2.1.3). Autrement dit, il y a des adverbes qui exigent nécessairement un contexte gauche, auquel ils renvoient, pour qu‟ils puissent être interprétés. Ainsi, l‟exemple ci-dessous semble incomplet :
La classe GPC
L‟absence de modifieur (Modif) donne lieu à deux classes : la classe GPC et la classe GPDETC. Les deux classes se distinguent l‟une par rapport à l‟autre par l‟absence (ou la présence respectivement) de déterminant (Dét).
Ainsi, la structure qui définit la classe GPC est : Prép C, où C correspond en général à un élément figé, qui est le plus souvent un substantif, comme par exemple :
La fonction conjonctive de l’adverbe
Cette propriété a déjà été étudiée dans la section IV, 3.1.1, il n‟est donc pas nécessaire d‟y revenir ici en détail. Notons simplement que les formes adverbiales Prép C, susceptibles d‟avoir une fonction conjonctive, ne présentent pas d‟analyse différente par rapport aux adverbes simples figés conjonctifs. Nous nous contenterons seulement de citer, en guise d‟exemple, les adverbes conjonctifs suivants : θαηά ζπλέπεηα/par conséquent, θαη’ αληηκσιίαλ/au contraire, θαηόπηλ ενξηήο/après coup, qui sont notés « + » dans la colonne « Adv Conjonction » de la table.
vii) enfin, l‟adjectif morphologiquement associé au nom C, qui est explicitement représenté dans une colonne de texte (ou alphabétique), intitulée « C-a » :
Ainsi, pour l‟adverbe από έλζηηθην/d‟instinct (exemple 13) nous représentons, dans la colonne « C-a » de la table, l‟adjectif intervenant dans les propriétés (ii) et (iii) (cf. Supra), à savoir : l‟adjectif instinctif.
La classe GPDETC
Contrairement aux adverbes de la classe GPC, les adverbes de la classe GPDETC se caractérisent par la présence de déterminant (Dét). Ainsi, la structure qui définit cette classe est : Prép Dét C, où Dét≠: E.
En ce qui concerne la préposition introductrice (Prép) et le déterminant (Dét) des adverbes de la classe GPDETC, nous avons observé que :
– toutes les prépositions (cf. II, 2.1) sont présentes, à savoir : πάλσ ζηελ ώξα/sur le moment (Prép démotique composée), από ην ηίπνηα/mine de rien (Prép démotique simple), ελ παληί ηξόπσ/de gré ou de force (Prép vieillie) ;
– des alternances de prépositions peuvent se produire (cf. II, 2.5.1.1), comme par exemple : (κέζα ζε+ζε) ηε λύρηα/dans la nuit, (αλά+ζε) ηνλ θόζκν/(de par+par) le monde, (ελ ησ+ζην) κεηαμύ/entre temps ;
– les prépositions les plus utilisées étant κέζα ζε/dans et ζε/à, elles apparaissent obligatoirement sous forme contractée lorsqu‟elles se combinent avec l‟article défini (Ddéf) (i.e. (κέζα ζην+ζην) θαηαθαιόθαηξν/en plein été) ;
Les propriétés spécifiques de la classe GPDETC
Les propriétés spécifiques des formes adverbiales Prép Dét C, figurant dans la table GPDETC, sont les suivantes :
i) la réduction de leur préposition introductrice (Prép=E) qui donne lieu à des sousstructures du type.
Dét C
Ainsi, l‟adverbe (Δ+γηα) θάηη κέξεο/pour quelques jours est noté « + » dans la colonne « Prép=E » de la table. A noter que ce cas est assez rare. ii) la réduction du déterminant (Dét=E), qui donne lieu à des sous-structures du type.
Prép C
Les formes Prép C font partie, selon nos critères (cf. IV, 1.2), de la classe GPC (cf. IV, 3.2).
Nous avons cependant préféré les garder comme sous-structures des adverbes de cette classe. Par conséquent, l‟adverbe κεηαμύ (Δ+ησλ) άιισλ/entre autres est noté « + » dans la colonne « Dét=E » de la table GPDETC.
la réduction de la combinaison Prép_Dét, qui donne lieu à des sous-structures de forme C
Ainsi, l‟adverbe (Δ+κε ηηο) ώξεο/pendant des heures est noté positivement « + » dans la colonne « C » de la table. Signalons que cette propriété se vérifie assez rarement. Notons enfin que les adverbes admettant ces trois propriétés ont le sens de la sous-structure à peu près équivalent à celui de la forme définissant la classe, qui figure en entrée (à une nuance près, qui est de type générique ou approximatif).
iv) la paraphrase en : (κ’+κε) <C-a:Ams> ηξόπν/de (manière+façon) C-a, qui signale la mise en relation avec un adverbe simple régulier (cf. III, 1.1.1) :
Les classes des adverbes figés à modifieur adjectival
La présence de modifieur (Modif), notamment de type adjectival, donne lieu à deux classes : la classe GPAC et la classe GPCA. Les deux classes se distinguent l‟une de l‟autre par la position du Modif par rapport à l‟élément figé C. Avant de présenter explicitement les deux classes, insistons un peu sur ce critère qui les différencie.
La position de l’adjectif dans le groupe nominal en grec moderne
Dans les grammaires traditionnelles (M. Triantaphyllidis 2000, A. Tzartzanos 1954), il est souvent répété que, d‟un point de vue sémantique, l‟adjectif (Adj) exprime une qualité momentanée ou durable du nom auquel il s‟attache, et que, d‟un point de vue syntaxique, la fonction de l‟adjectif peut être celle d‟épithète ou d‟attribut. Cependant, ces traits sémantiques et syntaxiques ne s‟avèrent absolument pas opératoires afin de dégager les propriétés particulières de chaque classe adjectivale28 ni pour définir le rôle d‟un adjectif dans un groupe nominal. Nous abandonnerons alors complètement cette terminologie traditionnelle dans notre étude, portant sur les adverbes figés et semi-figés du grec moderne, formés le plus souvent d‟un groupe nominal prépositionnel.
L‟ensemble des adjectifs grecs se caractérise par un certain nombre de propriétés (A.-V. Pantazara 2003 : 44), à savoir : la position dans le groupe nominal, la modification de degré, le redoublement du Ddéf, la nominalisation et la formation d‟adverbe. C‟est sur cette première propriété des adjectifs que la distinction entre les classes GPAC et GPCA est initialement fondée. Plus précisément, en grec moderne la position de l‟adjectif est normalement à gauche du nom-tête du groupe nominal ; la structure « canonique » étant la suivante :
Notons que les formes adverbiales à Modif adjectival postposé constituent plutôt des formes emphatiques et que leur utilisation dépend étroitement de l‟énonciation et de l‟intention communicative du locuteur (effet humoristique, ironique, etc.). Toutefois, leur utilisation, assez fréquente à l‟oral et déjà attestée dans le corpus numérique (cf. II, 1.1), nous oblige à les prendre systématiquement en compte dans notre système de classification et notre description syntaxico-sémantique.
Il résulterait éventuellement de toutes ces observations que l‟établissement de deux classes d‟adverbes à Modif adjectival, bien distinctes par rapport à la position de ce dernier dans le groupe nominal adverbial, ne soit pas vraiment opératoire pour le grec moderne. Bien au contraire, une telle distinction s‟avère indispensable aussi bien pour le grec que pour le français (M. Gross 1990a : 170-175). En réalité, la classe GPAC regroupe les adverbes, dont la position « canonique » du Modif (quasi-uniquement adjectival) est à gauche du C. En revanche, la classe GPCA est définie par la postposition obligatoire (ou, rarement, « canonique ») du modifieur par rapport au C. Ce modifieur peut prendre la forme soit d‟une relative soit d‟un adverbe simple soit, assez rarement, d‟un adjectif. Nous examinons cette classe en détail au IV, 3.5.
La classe GPAC
La classe GPAC est définie par la structure : Prép Dét Adj C. La préposition (Prép) et le déterminant (Dét) peuvent être zéro (respectivement Dét Adj C=: κηα νιόθιεξε δσή/toute sa vie et Prép Adj C=: ζε κόληκε βάζε/en permanence). L‟élément figé C correspond essentiellement à un substantif (Prép Dét Adj N=: ζηελ θαηάιιειε ζηηγκή/au moment opportun). Dans un petit nombre de cas, il s‟agit d‟un adjectif substantivé (Prép Dét Adv N+A=: θαηά ην επηζηεκνληθά ιεγόκελνλ/au dire des spécialistes), d‟un adverbe simple (Adv Adv=: ιίαλ θαιώο/très bien) ou d‟un nom composé (Prép Adj AN=: αλά ηαθηά ρξνληθά δηαζηήκαηα/à intervalles réguliers).
Les modifieurs (Modif) intervenant sont presque toujours des adjectifs (Prép Dét Adj C=: ρσξίο ηελ παξακηθξή ακθηβνιία/sans la moindre doute, κε ηελ πξώηε επθαηξία/à la première occasion). En fonction de leur position et de la possibilité de permutabilité par rapport au C, nous pouvons distinguer plusieurs sous-classes adjectivales, mais une telle opération ne contribuerait guère à l‟amélioration de notre système de classification des adverbes.
Cependant, les propriétés spécifiques de chaque sous-classe adjectivale (par exemple, la modification de degré par un adverbe d‟intensité pour les adjectifs « non-prédicatifs », cf. A.- V. Pantazara 2003 pour le grec, G. Gross 1991 pour le français) ont été prises en compte et elles ont fait l‟objet de colonnes distinctes dans la table GPAC (dans la mesure où ces propriétés se vérifient aussi pour les adverbes figés et semi-figés).
La classe GPCA
Contrairement à la classe GPAC (cf. IV, 3.4.1.), la classe GPCA regroupe les adverbes, dont le modifieur (qui figure dans la position Adj) est obligatoirement (ou rarement « canoniquement ») postposé au C.
Par conséquent, la structure qui définit la classe GPCA est : Prép Dét C Adj. La préposition (Prép) et le déterminant (Dét) peuvent être zéro (respectivement Dét C Adv=: κηα ώξα αξρύηεξα/le plus tôt possible et Prép C Adv=: κε βαζκό άξηζηα/avec mention très bien).
L‟élément figé C correspond quasi-uniquement à un substantif, comme le montrent les exemples ci-dessous.
La distribution du groupe nominal complément de nom libre
La notion de « distribution » est utilisée pour décrire la nature sémantique des éléments lexicaux, susceptibles d‟occuper une certaine position syntaxique dans une structure donnée (cf. BGL 1976). Il s‟agit alors de représenter l‟ensemble des mots « équivalents », c‟est-à-dire des mots qui peuvent se substituer l‟un à l‟autre et qui explicitent les intuitions sémantiques de compatibilité d‟un mot avec un autre.
La représentation de la distribution des mots « équivalents » peut s‟effectuer soit en établissant des listes exhaustives de ses éléments, soit en définissant ces éléments à l‟aide de propriétés qui les caractérisent sans ambiguïté. A. Guillet (1986 : 85) mentionne quatre procédés pour représenter une distribution : (i) le listage, (ii) les classifieurs morphologiques, (iii) les classifieurs sémantiques (cf. III, 4.1.1.2) et (iv) les traits sémantiques, qui est mis en œuvre ici.
Selon un certain consensus bien répandu en linguistique, les noms se divisent principalement en deux catégories57 : les noms „humains‟ (notés Nhum) et les noms „non humains‟ (notés Nhum). Pour leur définition et délimitation dans une certaine position syntaxique d‟une structure donnée, nous avons recours à des tests syntaxiques et sémantiques, proposés par M. Gross (1975 : 47-50). Par exemple, pour ce qui est de Nhum, deux tests permettent leur identification, à savoir : (i) la paraphrase par un nom propre (i.e. ε Ρέα/Réa, ν Αληξέαο/Andréas, etc.) et (ii) la question à l‟aide du pronom interrogatif πνη/-νο+-α+-ν;/qui ?, qui est en corrélation avec le pronom indéfini θάπνη/-νο+α+ν/quelqu‟un.
Conformément à cette distinction syntaxico-sémantique et en nous appuyant sur les tests mis au point par M. Gross (1975), nous avons observé que le complément de nom libre des adverbes de GPCDN peut prendre la forme d‟un groupe nominal prépositionnel (από/de GN) ou casuel au génitif (GN:G).