La faune entomologique d’un agroécosystème chou
SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
GENERALITE SUR LE CHOU
Le chou, Brassica oleracea L., est une plante herbacée appartenant à la famille des crucifères (ou Brassicaceae), c’est un légume feuille indigène aux régions tempérées du monde. Sa variété principale s’appelle chou pommé parce que ses jeunes feuilles se regroupent vers le haut en une boule encore appelée « pomme » ou « tête », qui est la partie normalement vendue et consommée (James et al., 2010). Au Sénégal en 1954, le recensement de la flore indique la présence de trois espèces du genre Brassica. Actuellement de nombreuses espèces sont cultivées dans la zone des Niayes ; il s’agit du chou pommé et des autres spéculations de Brassicaceae, du radis (Raphanus sativus L.) et du navet (Brassica rapa L.).
Origine et description
Issu de l’espèce sauvage Brassica oleracea, le chou pommé est originaire de la région méditerranéenne, dans sa partie qui déborde sur le domaine atlantique (côte de l’Europe du nord-ouest). Le chou est une plante bisannuelle composée d’une tige ligneuse, assez courte par rapport à celle de certains cultigroupes voisins qui sont sans tubérisation (chou fourrager, chou de Bruxelles ou chou frisé). Les feuilles sont très serrées, imbriquées les unes aux autres sur la partie supérieure de la tige pour former la « pomme » qui la partie comestible et l’organe qui subit en quelque sorte une tubérisation. La pommaison confère à la plante, d’une part une bonne résistance au froid et aux gelées de moyenne intensité, et d’autre part une assez bonne capacité de conservation après la récolte (Verolet, 2001). Au Sénégal bien que le chou soit une culture de saison sèche, il existe des variétés d’hivernage tel que le « Tropica cross », mais le rendement est souvent plus faible que la variété de la saison sèche.
Exigences pédoclimatiques
Le chou pommé présente une grande capacité d’adaptation au climat, mais son aire de prédilection reste les régions côtières à humidité atmosphérique élevée. Sa bonne résistance au froid au stade de jeune plante comme au stade de la « pomme » (en particulier chez le chou de Milan) autorise sa culture en zone continentale pour une récolte de fin d’automne ou de début d’hiver ainsi que l’implantation de sa culture en contre-saison pour une recherche de précocité. Au regard de son puissant système racinaire à la fois pivotant et ramifié, le chou pommé apprécie les sols profonds, limono-argileux et les fumures organiques importantes (Verolet, 2001). Effet de produits alternatifs utilisés en CEP sur la faune entomologique d’un agroécosystème chou dans la zone des Niayes.
Importance alimentaire et économique
Les plantes de la famille des Brassicaceae sont utilisées aussi bien dans l’alimentation (rôle digestive et nutritive par l’apport de sels minéraux tels que Na, P, K, Ca ; de vitamines : acide folique et de cellulose) (CDH, 1986), dans la médecine (effets stimulants, vertus rubéfiantes, antiscorbutiques et cicatrisantes (Mésségué, 1972) et utilisation contre diverses maladies), l’industrie (propriétés tinctoriales) et dans l’ornementation. Au Sénégal il est consommé presque quotidiennement, il est au troisième rang de la consommation locale après l’aubergine (Solanum melongena L.) et l’oseille de guinée (Hibiscus sabdarifa L.) (CDH, 1986).
Ravageurs du chou
Généralités sur Plutella xylostella (L., 1758) principal ravageur du chou
Systématique Le genre Plutella comprend une trentaine d’espèces dont les chenilles vivent sur les crucifères sauvages ou cultivées. L’espèce Plutella xylostella appelée communément teigne des crucifères est la seule espèce du genre inféodée aux choux cultivés au Sénégal (Talekar et Shelton, 1993). La position systématique adoptée actuellement est la suivante : Figure 1 : Adulte de P. xylostella (Photo : www.inra.fr) Embranchement : Arthropoda Classe : Insecta Super ordre : Panorpida (Mécoptéroides) Ordre : Lepidoptera Sous-ordre : Ditrysia Superfamille : Yponomeutidae Famille : Plutellidae Sous-famille : Plutellinae (C., 1889) Genre : Plutella (S., 1806) Espèce : P. xylostella (L., 1758) Effet de produits alternatifs utilisés en CEP sur la faune entomologique d’un agroécosystème chou dans la zone des Niayes. Mémoire de Master II en Biologie Animale 10
. Origine et répartition géographique
Le lépidoptère est originaire d’Europe Occidentale (Balachowsky, 1966) et est aujourd’hui répandu dans le monde entier (Afrique australe et orientale, Afrique occidentale, Asie du sudest Amérique du nord, Amérique du sud et du centre, Océanie) (Talekar et Shelton, 1993). Son extension s’est faite, en partie, avec l’importation de plants de crucifères infestées dans les différentes régions du globe (Balachowsky, 1966; Kirk et Bordat, 2004). En Afrique, selon Risbec (1950), Plutella xylostella a été signalée pour la première fois en Gambie. Des données de la FAO (1996) indiquent sa présence au Cap-Vert, au Mali, au Sénégal, au Burkina Faso, au Tchad ainsi qu’en Chine.
Biologie et dégâts
Les adultes de Plutella xylostella sont de petits papillons de 11mm d’envergure environ (Bordat et Arvanitakis, 2004). Ils ont des taches blanches losangiques sur les ailes et sont en forme de diamant sur le dos lorsque les ailes sont plaquées « en toit » sur le corps, d’où l’appellation anglo-saxonne « diamondback moth » (Balachowsky, 1966). Ils varient du brun clair à un brun noir. La couleur du mâle est plus contrastée que celle de la femelle. Ils sont nectarivores et présentent une activité de vol plus intense au coucher du soleil (Harcourt, 1986). Les femelles attirent les mâles à l’aide d’une phéromone sexuelle (Chow, 1986). L’accouplement se fait dos à dos surtout au coucher du soleil. La femelle pond immédiatement après l’accouplement, avec en moyenne 160 œufs déposés soit isolément soit en groupe ne dépassant pas une dizaine d’unités sur les limbes foliaires (Harcourt, 1963 ; Bourdouxhe, 1983 ; Chow, 1986 ; Tabashnik, 1990) le plus souvent le long des nervures principales ou secondaires à la face inférieure des feuilles, parfois même sur les tiges (Talekar et Shelton, 1993). L’œuf est de forme elliptique et mesure 0,5mm x 0,25mm (moins de 1mm) ; sa coloration est claire (gris-brun, jaunâtre, blanc-jaunâtre) légèrement citrine. Le chorion est pourvu de zones à relief ondulé. Sa forme générale est aplatie et la face inférieure plane est intimement accolée à la plante hôte (Balachowsky, 1966 ; Talekar et Shelton, 1993). Les chenilles de Plutella xylostella se développent en passant par quatre stades larvaires L1, L2, L3 et L4. Les chenilles du premier stade larvaire ou L1, sont très petites (inferieures 1mm) (Sall-Sy, 2005) et peu mobiles (souvent mineuses). Elles sont de couleur grisâtre et leur taille maximale est de 1,7mm. Elles s’enfoncent dans le parenchyme épidermique foliaire (stade endophylle) aussitôt après l’éclosion, y faisant apparaitre des « virgules » ou galeries Effet de produits alternatifs utilisés en CEP sur la faune entomologique d’un agroécosystème chou dans la zone des Niayes. Mémoire de Master II en Biologie Animale 11 allongées (Bourdouxhe, 1983) de 3 à 4mm qui atteste de leur faible mobilité. Les L2 mesurent 2 à 2,5mm de long (Sall-Sy, 2005) et sont minuscules, grisâtres, à tête couverte d’une calotte noirâtre munie de soies (capsule céphalique). Les L3 sont souvent jaunes brunes, plus grosses avec une pilosité plus dense et une capsule céphalique beige. Leur taille maximale est d’environ 7mm en fin de croissance où elles provoquent d’importants dégâts. Les L4 peuvent atteindre 11mm et sont nettement plus grandes. La chenille L4 en fin de développement confectionne un cocon fusiforme et soyeux à mailles très lâches dentelées, qui la protège pendant la nymphose (Talekar et Shelton ,1993). D’une longueur d’environ 5 à 7mm, la nymphe est fixée à la face dorsale des feuilles parallèlement à la nervure médiane (Balachowsky, 1966). Elle est généralement blanche à verte claire au début de la nymphose, brunit rapidement avant l’éclosion (Balachowsky, 1966).