Le harcèlement :
Le harcèlement peut être une forme de maltraitance physique ou morale. Marie-France Hirigoyen, psychanalyste, définit le harcèlement moral comme une «conduite abusive qui se manifeste notamment par des comportements, des paroles, des gestes, des actes, des écrits pouvant porter atteinte à la personnalité, à la dignité ou à l’intégrité physique ou psychique d’une personne ».
« On parle de harcèlement quand une ou plusieurs personnes éprouvent du plaisir à utiliser leur pouvoir pour maltraiter de façon répétitive et constante une ou plusieurs autres personnes ». Le but principal du harcèlement est de nuire à la personne visée en la blessant physiquement et psychologiquement et de lui faire éprouver humiliation, frayeur et désarroi.
Dans le harcèlement il y a une dynamique de pouvoir regroupant harceleur, victime et témoins.
Selon Peter K. Smith, cité par Bellon et Gardette, « le harcèlement est usuellement défini comme une forme de comportement agressif, caractérisé par la répétition et par l’abus de pouvoir ».
Comme le décrit Dan Olweus, lui aussi cité par Bellon et Gardette, « un élève est victime de harcèlement dès qu’il est exposé, de façon répétée et à long terme, à des actions négatives de la part d’un ou plusieurs autres élèves ». Les actions négatives peuvent être des mots comme des menaces, des taquineries, etc. Une action peut être négative à partir du moment où quelqu’un frappe, pousse ou pince, c’est-à-dire lorsqu’il y a contact physique. Les actions négatives peuvent être également des grimaces, des gestes obscènes ou le refus d’accéder aux souhaits d’autrui. La répétition de petites choses anodines et provoquées de façon isolée passe souvent inaperçue aux yeux des enseignants. Certains harceleurs agissent de manière furtive, lançant leur attaque en faisant rire les autres sans se faire remarquer.
Afin de répondre à notre question de recherche, il est essentiel d’aborder les effets du harcèlement sur le jeune et de mettre l’accent sur les pensées et les gestes suicidaires. Nous allons alors définir les différentes sortes de harcèlement telles que le harcèlement moral, physique, relationnel ou social ainsi que le cyber harcèlement.
Le harcèlement moral :
« C’est un type de violence – verbale, psychologique et symbolique. Il existe 3 types de harcèlement moral :
• Le harcèlement verbal : insultes répétées
• Le harcèlement émotionnel : humiliation, chantage
• Le harcèlement sexuel : provocations sexuelles verbales, gestes déplacés
Cela peut être l’utilisation de surnoms dévalorisants, des moqueries, insultes, menaces, des humiliations, du chantage, la propagation de fausses rumeurs, des pratiques de discrimination, d’exclusion et la mise à l’écart ».
Le harcèlement physique :
« Cette forme de violence se manifeste par des coups, pincements, tirage de cheveux, des bousculades, jets d’objets, des bagarres organisées par un ou plusieurs harceleurs, des vols, des dégradations de matériel scolaire ou vêtements, des enfermements dans une pièce, des violences à connotation sexuelle, des jeux dangereux effectués sous la contrainte ».
La dynamique du harcèlement
Les acteurs
Le harceleur, la victime et les témoins forment à eux trois cette dynamique. Lorsqu’ils sont réunis, le harcèlement va fonctionner et former un piège redoutable pour la victime. Si rien ne vient arrêter ces actes, le harceleur poursuit la surenchère. Ainsi, la situation a tendance à s’amplifier et cela peut déboucher sur des comportements violents.
La victime peut avoir différentes réactions comme le silence, le repli sur soi ou la honte. Elle a tendance à s’isoler et à ne parler à personne de sa souffrance au lieu d’aller chercher de l’aide. Les témoins jouent également un rôle dans cette dynamique.
Il y a trois sortes de témoins : les supporteurs, les outsiders et les défenseurs. Les supporters représentent un soutien important au harceleur par des rires, des gestes encourageants ou de simples attroupements comme voyeurs. Ils renforcent le harcèlement. Les outsiders restent en arrière sans se positionner. Leur silence peut devenir synonyme d’approbation. Ils ne savent pas quel parti prendre. Cette catégorie regroupe la plus grande partie des témoins. Finalement, les défenseurs réconfortent la victime, la défendent ou essaient d’arrêter l’agression. Le harcèlement évoluera de façon différente selon la réaction des témoins.
Les enfants témoins sont très nombreux à être exposés à ces situations. Le problème du harcèlement concerne donc l’ensemble des jeunes et les différents types de témoins contribuent et participent d’une certaine manière à la dynamique du harcèlement. Il est par ailleurs reconnu que les témoins sont affectés par cette exposition à ces situations et qu’ils en subissent des impacts négatifs.
Des recherches sur le harcèlement à l’école ont permis d’observer certains traits caractéristiques que l’on retrouve chez les principaux protagonistes du harcèlement scolaire. En ce qui concerne les harceleurs, ils sont, en règle générale, assez peu portés à l’empathie. Ils parviennent à s’imposer au sein d’un groupe et savent repérer les travers de leurs camarades afin de les manipuler. Pour leur part, les victimes – même s’il est difficile d’en dresser un profil type – sont souvent isolées au sein de leur classe ou de leur établissement. Il est tout de même important de préciser que la dynamique du harcèlement diffère de celle du cyber harcèlement.
Depuis le milieu des années 1990, l’avocate américaine Parry Aftab s’est spécialisée dans les questions juridiques liées à l’usage d’Internet. Elle est également à l’origine de plusieurs sites Internet consacrés à la prévention du « cyberbullying ». Selon elle, il existe plusieurs profils de cyber harceleurs. Nous ne décrirons pas ces différents types de façon détaillée, car cela n’entre pas dans le cadre de notre travail, mais nous trouvons intéressant d’en souligner certaines caractéristiques générales. Souvent, les cyber harceleurs sont des élèves qui sont déjà impliqué dans du harcèlement ordinaire et se servent, pour prolonger leurs agressions, des nouvelles technologies de communication. Ils ne dissimulent pas leur identité. Leurs attaques sont directes et brutales et ils n’agissent pas seuls. Leurs caractéristiques sont un manque d’empathie, un goût prononcé pour la moquerie, une volonté de dominer et d’avoir une emprise sur le groupe. Il arrive également que certains jeunes au comportement par ailleurs tout à fait adéquat se métamorphosent le soir face à leur ordinateur et se livrent sur Internet à des pratiques qu’ils s’interdiraient dans la vie réelle. L’anonymat les désinhibe et les conduit à un changement radical de comportement. Comme le formule Platon dans La République : « Si le meilleur des hommes disposait tout à coup du pouvoir de se rendre invisible, pendant combien de temps resterait-il vertueux ? » .
1. Introduction |