La détermination du taux de change à long terme
Le taux de change qui se détermine à long terme doit satisfaire les conditions d’équilibre macroéconomique de l’économie nationale par référence aux conditions internationales. En réalité, lorsqu’il y a une variation des données économiques fondamentales (taux d’intérêt, taux d’inflation, etc.) au niveau mondial, les données économiques nationales doivent être variées dans le même sens pour maintenir l’équilibre, autrement dit, le taux de change doit être varié pour rétablir l’équilibre. Le taux de change est donc déterminé par les facteurs économiques fondamentaux, à savoir, le niveau général des prix, le niveau général des taux d’intérêt et la situation des paiements extérieurs (BDP). Plusieurs théories peuvent être utilisées pour le calcul et la détermination des taux de change. La présente section, abordera les modes et les approches de détermination du taux de change à long terme. 1. Théorie de la parité de pouvoir d’achat (PPA) : Selon la théorie de la (PPA), le taux de change entre les monnaies de deux pays est égal au rapport des niveaux des prix entre les deux pays, cette théorie a été développée par l’économiste suédois GUSTAV CASSEL (1918)1 , l’idée de la PPA fut proposée dans les écrits des économistes britanniques du dix-neuvième siècle, et entrevue par D.RICARDO (1817). Cette théorie a mis en lumière des facteurs importants à la base des mouvements dans le taux de change. Pour CASSEL, la valeur d’une monnaie est déterminée par le pouvoir d’achat en biens et services qu’elle procure. Le taux de change est celui qui égalise les pouvoirs d’achat internes des deux monnaies. Et comme la valeur d’une monnaie est définie par l’inverse du niveau général des prix, le taux de change d’équilibre sera égal au rapport des niveaux de prix (P/P* ). C’est donc la différence des taux d’inflation entre deux pays qui explique l’évolution du taux de change. Alors, CASSEL a prédit qu’une monnaie se dévalue de la même ampleur que la hausse du niveau du prix du pays, en comparaison de celle des autres pays. . La théorie de la PPA apparaît comme : 1. Une relation d’arbitrage spatial. 2. Une relation causale dans le cadre de l’approche monétaire de la balance des paiements. 3. Une relation de forme réduite dans le cadre de l’approche d’équilibre de portefeuille. La première interprétation correspond à l’application de la « loi du prix unique », autrement dit la loi d’égalisation des prix entre pays. La seconde interprétation repose sur une relation causale entre choc monétaire, niveau de prix et taux de change. Ainsi, grâce à la théorie quantitative de la monnaie, le choc monétaire (expansion monétaire) détermine le niveau de prix qui, à son tour, il détermine le taux de change. Cette interprétation considère la PPA comme une relation indispensable de l’approche monétaire de la BDP. La troisième interprétation, situe la PPA dans le cadre de l’approche de l’équilibre de portefeuille. Le taux de change est déterminé sur le marché des actifs. Ce qui revient à dire que le taux de change d’équilibre est influencé par les stocks de monnaie, la richesse et les actifs nationaux et étrangers. Il existe deux approches (versions) possible de la PPA, la PPA absolue et relative (McKinnon, 1979 ; R.Baillie et P.McMahon, 1989 ; Anne Krueger, 1983 ; Lindert, 1989).
La forme absolue de la PPA
Dans une économie, nous avons la structure de la demande finale représentée par un niveau général des prix d’un panier de biens et services. La parité absolue des pouvoirs d’achat fait l’interprétation de la loi du prix unique* , qui repose sur les hypothèses suivantes 2 : – Information parfaite (des économies ouvertes à la concurrence internationale).
– L’absence de coûts de transaction ou de transport, d’entraves aux échanges et de discrimination de prix. – Un même bien (i) produit, fournis ou offert par les producteurs nationaux et étrangers (homogénéité des produits) doit être vendu au même prix dans un pays et dans des pays différents, lorsqu’il est exprimé dans la même unité de compte. Si ces conditions sont remplies, le prix national d’une marchandise sera le même que son prix à l’étranger1 , ou un bien doit être vendu au même prix dans les différents pays si le prix est exprimé en termes d’une seule monnaie. On a : i : Un bien qui fait partie du panier de référence ; i p : L’indice des prix d’un bien i en monnaie domestique, c’est-à-dire, le prix local du produit i; * pi : L’indice du même bien i en monnaie étrangère dans le pays, c’est-à-dire, le prix étranger du produit i; i , * i : Le poids dans la demande finale de la catégorie des biens domestiques et étrangers respectivement. Nous calculons maintenant le niveau général des prix, pour chacun des deux pays comme suit : (01) i i N i P p ( ) 1 , avec 1 1 N i i (02) i i N i P p ( ) 1 , avec 1 1 N i i On suppose que les mêmes N biens existent dans les deux pays. αi et αi * sont des pondérations telles que : N i i 1 1 1 N i i . 1 Simon Manassa. (2000). Finance Internationale, principes analyses, illustrations. Didact. économie, Rennes, France, p.137. Chapitre II : Les taux de change, concepts et déterminants 76 Ces indices sont habituellement justifiés à l’aide de la théorie du consommateur, en supposant que ce dernier consacre une fraction constante (αi) de son budget au bien i. Donc, le niveau de la richesse des consommateurs dépend uniquement de leur pouvoir d’achat, selon Patrick McMahon1 . La PPA suppose, qu’il existe un taux de change d’équilibre entre deux monnaies qui assure l’égalité des pouvoirs d’achat entre les pays concernés, cela est vérifié, si le niveau général des prix est le même dans les deux pays, lorsqu’il est mesuré dans la même unité de compte. E : le taux de change à l’incertain, la PPA stipule l’égalité suivante : (03) * * t t t t p p P Ep E L’équation (03), désigne que la PPA détermine le taux de change nominal, donc la PPA absolue est vérifiée, si et seulement si ; (04) t t t t P P Q E * , Avec : (Qt = 1) Pour différentes raisons, la loi du prix unique semble être irréalisable. Alors que, le taux de change réel n’évolue pas selon la PPA absolue et, que la PPA n’est pas justifiée pour plusieurs raisons : – L’existence de coûts de transport et d’assurance sur les marchandises échangeables dans les marchés internationaux ; – Les biens produits dans les pays ne sont pas parfaitement substituables ; – Le niveau des prix est plus élevé dans les pays riches que dans les pays pauvres, c’est l’effet Balassa Samuelson. – La distinction entre biens échangeables et biens non échangeables peut affaiblir le fondement de la loi du prix unique.