La déscolarisation des enfants en milieu périurbain

La déscolarisation des enfants en milieu
périurbain

L’éducation 

L’école 

Si le département de Guédiawaye dispose d’infrastructures appréciables en matière d’éducation, par contre elle est totalement absente dans l’arrondissement de Médina Gounass. En effet, il n’existe pas d’écoles élémentaires publiques au niveau de la localité. C’est pourquoi les parents envoient leurs progénitures dans les écoles implantées dans les Communes voisines. Rares sont les écoles privées qui ne sont fréquentées que par les enfants des familles au revenu moyen. C’est pourquoi le Groupe Présence Locale avait entrepris, en accord avec les autorités des démarches en vue d’installer des Classes Communautaires de Base (CCB) ou des abris provisoires pour permettre à des milliers d’enfants de la localité d’accéder à l’éducation de base. En effet, suite à la campagne de recensement et d’inscription au CI piloté par Présence Locale en partenariat avec l’UNICEF en Juin et en Octobre 2001, les résultats des enquêtes avaient révélé un fort taux d’enfants scolarisables non reconnus par les services de l’Etat Civil. Le nombre de places disponibles dans les écoles était largement supérieur au nombre d’enfants recensés. Les responsables ne pouvant plus accueillir le surplus d’enfants étaient La déscolarisation des enfants à Médina Gounass : cas de la Commune d’Arrondissement de Médina Gounass obligés de refuser la demande d’inscription des parents. Des réunions se sont tenues entre l’Inspection départementale et Présence Locale en vue de trouver une solution à ce problème. C’est ainsi que les chefs de quartiers ont été sensibilisés. Ils nous ont signalé des portions de terre dans leurs quartiers respectifs susceptibles d’abriter des classes ou des abris provisoires pour accueillir ces enfants. Des partenaires au développement comme l’UNICEF, Handicap International et le Ministère de l’Education Nationale ont été saisis pour apporter un appui sans succès jusqu’à nos jours. Finalement avec les moyens de bord deux classes préscolaires, une classe de CI et une classe pour renforcement pédagogique ont été ouvert dans les locaux du Groupe Présence Locale pour aider ces pauvres enfants. 

Les daaras 

Le manque d’établissements publics élémentaires oblige les parents à mettre les enfants dans les écoles coraniques. On en compte des centaines dans l’Arrondissement. Ils sont confrontés à de multiples problèmes tels que la santé, l’hygiène et même l’éducation d’autant plus que les marabouts qui en ont la charge rencontrent des difficultés pour subvenir à leurs besoins : le manger, le vêtir, … Cause pour laquelle ces enfants passent leur temps dans la rue à mendier les poussant parfois à commettre des actes proscrits (vol, prostitution, drogue, etc.).

Les indicateurs de développement de la Commune d’arrondissement de Médina Gounass 

-Pourcentage de ménages vivant en dessous du seuil de pauvreté : 75% -Pourcentage de ménages ayant accès à l’eau potable : 35% -Pourcentage de ménages ayant accès à l’électricité : 35% -Pourcentage de ménages branchés au réseau d’égout : réseau inexistant -Pourcentage de ménages disposant d’un assainissement individuel : 0,83% -Taux de couverture sanitaire : 31% -Taux de scolarité : 28% -Taux de chômage : 91% La déscolarisation des enfants à Médina Gounass : cas de la Commune d’Arrondissement de Médina Gounass -Taux de couverture de collecte d’ordures ménagères : 11%50 

La situation sanitaire: l’absence de poste de santé 

Médina Gounass ne dispose actuellement que d’un seul poste de santé qui est inondé une partie de l’année et reste non fonctionnel. Les populations n’ont pas accès aux soins de santé à cause des capacités d’accueil très limités des structures sanitaires installées dans les Communes environnantes particulièrement le centre de santé Roi Baudouin qui se trouve dans l’arrondissement de Sam Notaire. Une bonne partie des maladies diagnostiquées (35%) au niveau de Baudouin proviennent de Gounass: paludisme, parasitoses intestinales, Infections Respiratoires Aigues, diarrhée grippe, dysenterie, maladies de la peau, anémie, gale, fièvre, typhoïde, bilharziose, etc. Les entretiens révèlent que le paludisme occupe la première place avec près de 17000 cas chaque année. Les taux d’hospitalisation sont jusqu’à dix fois supérieurs à la moyenne constatée à Dakar. En outre le manque de ressources de cette Commune a des conséquences multiples et variées sur le droit à la survie à la croissance et au développement de l’enfance. Les parents pauvres, sans instruction ne sont pas outillés pour faire face à l’accroissement constant du taux de mortalité et de morbidité infantile et d’autres maladies évitables par la vaccination (PEV). Le programme de nutrition communautaire, mis en place par l’Etat depuis 1997 pour récupérer les enfants mal nourris, bat de l’aile depuis deux ans. Quatre centres ont été installés à Gounass mais le résultat demeure mitigé. Gounass est l’objet d’un projet de restructuration modelé comme suit. Section IV : Le projet de restructuration de Médina Gounass Le projet de Médina Gounass s’appuie sur l’expérience d’opérations précédentes, notamment Dalifort (contribution GTZ) et Fass Mbao (contribution AFD). Cependant le contexte de Médina Gounass est très différent : 50 -Groupe Présence Locale, Sauvons Médina Gounass, www.siup.sn/medinagounass La déscolarisation des enfants à Médina Gounass : cas de la Commune d’Arrondissement de Médina Gounass d’une part, par sa taille: Gounass représente cinq fois Dalifort en superficie et encore beaucoup plus en population, plus de deux fois Fass-Mbao en superficie et là aussi beaucoup plus en population; d’autre part, par la nature des problèmes: à Gounass, il s’agit avant tout de sauver un quartier de l’inondation, alors que bien d’autres préoccupations ont présidé au démarrage des précédentes opérations (régularisation, équipement, accessibilité, récupération des coûts,…). Ce projet est circonscrit au drainage du site et au déguerpissement préalable aux travaux de drainage.

La mise hors d’eau du quartier 

Ce processus contient deux phases et est guidé par le bilan des expériences et par les spécificités attachées au quartier de Gounass : quartier spontané situé au point le plus bas de la presqu’île du Cap-Vert. Sa restructuration passe nécessairement par une première phase consistant à s’assurer des possibilités de « mise hors d’eau » des habitations. Si cette première phase s’avère concluante, il devrait être possible ultérieurement de prolonger l’assistance apportée à la Commune par des interventions ciblant les niveaux d’équipements des quartiers. Sur le millier de parcelles enquêtées, toutes peuvent être considérées comme actuellement inondables (pour une bonne partie, elles sont abandonnées et pour le reste les ayant droit ne sont pas toujours connus). Les travaux proposés vont mettre hors d’eau une bonne part de ces milles parcelles; mais un certain nombre vont devoir disparaître avec la construction des ouvrages de drainage. Les enquêtes estiment à quelque 230 ce nombre. Les autorités, notamment la Mairie de Guédiawaye et la Préfecture de Pikine se sont engagées à trouver des terrains nécessaires pour les recasements. Après examen avec la Direction de l’Urbanisme, ces terrains ont été identifiés dans les lotissements programmés à Keur Massar (Pikine). Leur viabilisation est proposée dans le cadre du projet; reste la question d’éventuelles indemnisations. La déscolarisation des enfants à Médina Gounass : cas de la Commune d’Arrondissement de Médina Gounass -Renforcement de quelques voies : il est proposé qu’avec le drainage, qui représente l’essentiel, le projet prenne en compte le renforcement de quelques voies à l’intérieur du quartier, dans une variante minimale, deux transversales (distantes de 400m) et deux longitudinales (de part et d’autre de l’axe central « Tally Boubess ») seraient ainsi renforcées dans leur emprise actuelles. 

La priorité au drainage

 Le dimensionnement da l’intervention autour du drainage du site résulte de la concertation engagée dans le cadre de l’étude avec la Ville et la Commune d’Arrondissement. Cette intervention revêt un caractère prioritaire pour les partenaires par rapport à tout autre objectif d’aménagement et d’équipement des quartiers. Cependant, il ne saurait empêcher la mise en œuvre de projets visant à protéger et prémunir les populations installées dans l’eau contre toutes sortes de maladies à caractère épidémiologique en attendant l’exécution du projet. En effet, le niveau d’équipement collectif (santé, éducation) est faible. 

Les coûts du projet 

Le coût de base des travaux pour Gounass, strictu-sensu, est estimé à environ 2,4 milliards de francs cfa: il inclut le réseau de drainage, les bassins d’écrêtement et un peu de renforcement de voie. Cependant, l’étude a montré qu’il était nécessaire de prendre en compte les apports des bassins extérieurs en amont, ce qui porte ce coût à 2,45 milliards de francs cfa. Par ailleurs, il a été recommandé de prendre en compte la viabilisation sommaire du lotissement de recasement : le coût de base en est estimé à 200 millions de francs cfa, il a été demandé de voir la possibilité d’inclure dans le projet le montant d’indemnisation de 500000 francs cfa en moyenne par maison démolie, soit environ 115 millions de francs cfa pour l’ensemble

UNE APPROCHE ANALYTIQUE SUR LES ORGANISATIONS COMMUNAUTAIRES DE BASE (OCB)

 Elles jouent un rôle primordial dans le développement socioéconomique et culturel de Gounass. En effet, du fait de la pauvreté qui ne cesse de se développer dans cette zone, les La déscolarisation des enfants à Médina Gounass : cas de la Commune d’Arrondissement de Médina Gounass populations se sont engagées elles-mêmes à jouer un rôle actif pour sortir de ce cercle vicieux où sont en jeu aussi bien leur santé que celle de leurs progénitures ainsi que leur éducation culturelle et intellectuelle. Ainsi, nous pouvons constater une floraison sans pareille d’OCB dans ce quartier périurbain de Gounass qui oeuvrent dans des domaines aussi différents que variés. Les populations, conscientes du fait qu’il y ait un besoin pressant de sensibiliser la population de base, se sont lancées dans la création d’associations, de G.I.E., de groupements opérationnels, de coopératives, etc. Mais reste à savoir si cette sensibilisation est devenue effective car à ce que l’on constate cette population de base reste ancrée dans son mode de vie et ses conceptions. Par exemple, en sillonnant les rues de Gounass, on peut constater et sentir l’odeur désagréable des eaux usées versées au travers des ruelles et ceci est dû d’une part au fait que les systèmes d’évacuation des déchets et eaux usées sont pratiquement inexistants. Ainsi pour les besoins de cette recherche, nous avons eu à nous approcher de quelques OCB travaillant essentiellement dans le domaine qui nous intéresse à savoir l’éducation. Besoin pour nous est de préciser que ces OCB essaient de recouper par des interventions tous les domaines susceptibles, par une amélioration de leurs conditions de réalisations, d’assurer un suivi dans la survie et le développement des populations et essentiellement des enfants. S

L’Association pour le Développement de Médina Gounass (A.D.M.G.)

Les activités stratégiques de cette Association 

Cette association a été créée le 6 Août 1996. Elle a comme principales activités stratégiques le suivi scolaire des enfants, l’alphabétisation en langues nationales, le reboisement du centre de santé Roi Baudoin, la réalisation de conférences sur des thèmes relatifs à la protection de l’environnement et la collecte d’habits, l’achat de médicament et la préparation de nourriture pour les daaras (talibés mendiants). La réalisation de ces activités concerne un certain nombre de bénéficiaires bien spécifiés. En effet, concernant le suivi scolaire, nous constatons deux catégories de bénéficiaires à savoir les écoliers de l’école formelle fréquentant l’école créée par l’association pour des cours d’appui et les adultes qui n’ont pas eu la chance de faire des études. La déscolarisation des enfants à Médina Gounass : cas de la Commune d’Arrondissement de Médina Gounass Concernant l’alphabétisation en langues nationales, deux classes où s’enseigne le « Pulaar » ont été mises en place. Et là, on peut constater que l’effectif de ces classes est largement dominé par les femmes. Quant au reboisement du centre de santé Roi Baudoin, il est considéré comme un bien communautaire car concernant toutes les couches de la population de Gounass. Les enfants en situation difficile ou de la rue sont aidés grâce à la collecte d’habits, à l’achat de médicaments et la préparation de nourriture pour les daaras. Enfin, on peut dire que les conférences sur les thèmes relatifs à la protection de l’environnement sont destinées à un public varié à savoir adultes, jeunes et enfants (garçons et filles). Ces activités ont abouti à des résultats pour le moins positifs.

Les résultats obtenus par cette Association 

Les résultats obtenus par cette association sont divers, variés et relatifs à chaque type d’activité. En effet, concernant le suivi scolaire, on a noté une amélioration positive des notes des élèves appuyée par une collaboration entre les enseignants du formel de ces élèves et les enseignants de cette école. De plus, l’obtention d’une école très bien fréquentée et sollicitée a pu être effective. Quant à l’alphabétisation en langues nationales, elle s’est réalisée dans la capacité de mettre en œuvre et d’exécuter des projets, des activités génératrices de revenus comme la teinture, le commerce, etc. et l’accès au crédit pour les groupements féminins. Le reboisement du centre de santé Roi Baudoin a permis à ce centre de devenir attrayant et beau à voir. Ainsi, le suivi apporté par le district de santé pour entretenir les fleurs est à signaler. L’aide aux enfants en situation difficile a permis la réduction de la mendicité, la réinsertion sociale de ces enfants et l’augmentation du temps mis sur les études. Enfin, les conférences sur la protection de l’environnement ont permis à ces populations et spécialement aux enfants de s’imprégner de certaines règles hygiéniques de base. La déscolarisation des enfants à Médina Gounass : cas de la Commune d’Arrondissement de Médina Gounass Cependant, cela n’empêche pas une certaine difficulté de réalisation de ces activités grâce aux problèmes rencontrés par cette association. 

Les difficultés rencontrées par cette Association 

Ils sont agencés comme suit : -Bénévolat des enseignants et déficit de matériels didactiques (tables bancs, fournitures, etc.); -Obtention d’enseignant de wolof ou autre comme le sérère pour ce qui est de l’alphabétisation en langues nationales; -Inondation du quartier à chaque hivernage. Ainsi, nous allons passer à la présentation de l’Association Banlieue Action Développement. 

L’Association Banlieue Action Développement (B.A.D.)

L’historique et la présentation 

L’Association Banlieue Action Développement (BAD) est créée suite à un constat d’un manque de synergie entre les acteurs de développement qui interviennent au niveau de la banlieue le 15 Juin 2000 à Gounass. A l’issue d’une enquête menée avec l’appui de certains partenaires, la limite au niveau matériel et intellectuel de certaines associations qui interviennent dans la banlieue a été constatée. C’est dans ce contexte que les fondateurs de cette association ont jugé nécessaire de se regrouper au sein d’un même idéal et de créer des liens d’entraide, de solidarité et d’échanges, spécialement dans le domaine de l’éducation. 

Ses domaines d’intervention 

L’association intervient dans différents domaines d’activités tels que : -L’éducation; -La santé; La déscolarisation des enfants à Médina Gounass : cas de la Commune d’Arrondissement de Médina Gounass -L’environnement. En ce qui concerne l’éducation, un cadre de suivi des enfants est mis sur pied avec la création de quatre (4) classes établies comme suit : -La grande section; -La moyenne section; -La petite section; -La formation des femmes et des jeunes. La présentation de l’Association pour la Scolarisation et la Formation, que nous ferons ci-dessous, nous permettra d’avoir une approche plus synthétique des OCB oeuvrant pour le développement de l’éducation à la base des enfants. 

 L’Association pour la Scolarisation et la Formation (A.S.C.O.F)

Les activités 

Cette association a comme principales activités : -L’éducation de base; -Le suivi scolaire; -L’alphabétisation fonctionnelle; -La formation professionnelle C’est ainsi qu’on peut dire que la population de base intéressée par ces activités stratégiques est constituée des enfants non scolarisés, des enfants en rupture scolaire, des enfants victimes du doubles flux des écoles formelles et des adultes analphabètes (hommes et femmes). Les intervenants au sein de l’ASCOF sont des bénévoles composés d’éducateurs, d’animateurs et de formateurs. 

Les principaux objectifs de cette Association

 Les objectifs globaux de cette association sont les suivantes : -L’amélioration des conditions d’existence et d’éducation des populations en milieu défavorisé;