Définir le terme de « déficience intellectuelle » peut s’avérer ambitieux vu l’ampleur du sujet. Dans un premier temps, je partirai des définitions de la CIM 104 et du DSM-55, qui déclinent les troubles mentaux sous toutes ses formes. Ces deux définitions convergent sur plusieurs critères, comme par exemple l’âge d’apparition des troubles, le fonctionnement intellectuel ou les habiletés adaptatives. Cependant, elles distinguent d’autres points tels que la délimitation supérieure du fonctionnement intellectuel et les degrés de sévérité du retard mental.
Les définitions de la CIM 10 et du DSM-5 parlent de retard mental. Dans un souci de compréhension, j’utiliserai deux termes équivalents, soit « retard mental » et « déficience intellectuelle ».
La Classification Internationale des Maladies et des Problèmes de Santé Connexes (CIM 10), de l’Organisation Mondiale de la Santé, définit le retard mental comme « un arrêt du développement mental, ou un développement mental incomplet, caractérisé essentiellement par une insuffisance des facultés qui déterminent le niveau global d’intelligence, c’est-à-dire les fonctions cognitives, le langage, la motricité et les performances sociales. Le retard mental peut accompagner un autre trouble mental ou physique, ou survenir isolément. »
Quant au Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5), il définit le retard mental comme « un déficit général des capacités mentales (critère A) et un trouble du fonctionnement adaptatif quotidien, par rapport à des sujets comparables en âge, genre et niveau socioculturel (critère B). Le début du trouble a lieu pendant la période du développement (critère C).
Le diagnostic de handicap intellectuel repose à la fois sur l’évaluation clinique et sur les tests standardisés des fonctions intellectuelles et adaptatives. »
Ces deux classifications établissent la sévérité du retard mental selon plusieurs critères diagnostics qui définissent la déficience soit comme étant légère, moyenne, grave ou profonde. Elles reposent sur des tests qui définissent le Quotient Intellectuel (Q.I.) afin d’établit le degré de retard mental. Le tableau ci-dessous énonce la déclinaison de cette pathologie.
Normal ou pathologique ?
En approfondissant la définition de « déficience mentale » et en réfléchissant au fondement même de ce terme, une question émerge inévitablement. Qu’est ce qui est normal et qu’est ce qui est pathologique ? À partir de quand définit-on un comportement anormal ? BOILY & AL. considèrent comme anormal ou inhabituel « un comportement non conforme aux attentes et qui, très souvent, dérange parce qu’il ne répond pas aux standards de la société. L’anormalité reste toutefois une notion relative. Elle varie selon les époques et l’échelle des valeurs de la société, le bagage de connaissances et les ressources dont les personnes disposent. Ces éléments influent sur la réaction des communautés envers les personnes dont le comportement diverge par rapport à la majorité. »
Les limites de la normalité sont floues et la frontière mal définie. De ce fait, la définition de la déficience mentale la plus exhaustive est probablement celle de HABIMANA & AL. En se référant aux critères de l’APA10 de 1994, ils estiment « qu’il y a présence d’un trouble mental lorsque le comportement ou l’affect de la personne :
1. Est associé à une détresse ou à une altération du fonctionnement dans au moins deux secteurs de fonctionnement psychosocial,
2. N’est pas attribuable à des comportements attendus vu l’âge, la culture ou des dimensions ethniques,
3. Entrave les habiletés personnelles et sociales,
4. N’est pas une réponse ou une réaction normalement attendue,
5. Persiste malgré des interventions éducatives,
6. Est accompagné d’autres dysfonctionnements,
7. N’est pas une déviance sociale, politique, religieuse ou sexuelle, à moins que cette déviance soit un des symptômes du dysfonctionnement. »
Cette définition se distingue de celles données par la CIM 10 ou du DSM-5 par l’absence de catégorisation du degré de la pathologie selon le Q.I. Un individu n’est pas diagnostiqué d’après un test mais selon plusieurs critères prenant en compte l’intégrité de sa situation.
La notion de besoin au cœur de la problématique
La notion de besoin est indissociable à la question de la déficience intellectuelle. La vie quotidienne de la personne en situation de handicap mental est influencée par sa pathologie et l’expression de ses besoins n’échappe pas à la règle. Comme expliqué dans le tableau des distinctions du retard mental, la personne atteinte d’une déficience intellectuelle présente notamment des difficultés de communication et de compréhension qui l’empêchent d’exprimer au quotidien ce dont elle a besoin. Le but est donc de donner à la personne des outils qui favorisent l’expression et par conséquent la satisfaction de ses besoins.
Le Larousse définit le terme de besoin comme « un désir, une envie, naturels ou pas; un état d’insatisfaction dû à un sentiment de manque ». Il précise que le besoin est quelque chose de « nécessaire ou d’indispensable ». De cette définition, nous constatons que les besoins sont liés inévitablement à la nature de tout être humain. Dès lors, toutes sortes de besoins existent, des plus fondamentaux ou plus superficiels. Plusieurs auteurs ont tenté de classer les différents besoins nécessaires à la survie de l’être humain. La classification la plus connue est celle d’Abraham Maslow et sa pyramide des besoins qui découle de sa Theory of Human Motivation datant de 1943. Maslow classe les besoins humains selon une hiérarchie où figurent à la base les besoins les plus élémentaires, à savoir les besoins physiologiques et au sommet les besoins psychologiques d’ordre supérieur. La classification est construite à l’image de la pyramide. Pour évoluer, l’être humain cherche d’abord à satisfaire chaque besoin d’un niveau avant de penser à satisfaire un besoin du niveau supérieur.
1. Introduction |