La crédibilité, facteur d’efficacité de la politique monétaire

La crédibilité, facteur d’efficacité de la politique monétaire

Selon la théorie économique, une politique monétaire hautement crédible réduit le degré d’incertitude entourant les objectifs de la politique monétaire. « Quand la politique mise en oeuvre par la Banque centrale jouit d’une grande crédibilité, les fluctuations qu’enregistrent l’inflation, les taux d’intérêt, la production et l’emploi en réaction à des chocs donnés devraient-être moins prononcés que dans le cas inverse ». La crédibilité des autorités dépend de l’importance et de la constance des incitations qu’a la Banque centrale à se conformer à la politique qu’elle a annoncée. Conformément à la littérature économique, la crédibilité a été jugée en mesure de favoriser un climat de confiance et de stabilité monétaire. Le concept n’est pas clairement défini, il est souvent associé aux termes suivants : incertitude, responsabilité et transparence

L’évolution de la théorie sur la crédibilité

La littérature concernant la crédibilité et ses problèmes s’est développée à partir des années 1980. Cette littérature1 aborde essentiellement deux questions : Pourquoi existe-t-il un problème de crédibilité? C’est-à-dire, comment se fait- il que la politique optimale ex post diffère de la politique optimale ex ante ? Les pertes de bien-être dues aux problèmes de crédibilité peuvent-elles être évitées ? Il existe de nombreux travaux dont le but est de théoriser la crédibilité des politiques économiques. Nous allons commencer par exposer les travaux qui constituent la base dans ce domaine à partir d’un modèle économique « canonique ». Notre point de départ est l’article de Kyland&Prescott (1977) qui sont les premiers à mettre en évidence le problème de l’incohérence temporelle et donc, l’apparition du problème de la crédibilité et continuer par le travail de Barro&Gordon (1983) qui ont développé et illustré ce problème en proposant trois politiques différentes dans le but de voir quelle politique est la meilleure pour éviter le problème de la crédibilité. Ensuite, nous allons examiner trois solutions originales proposées pour lutter contre le problème de l’incohérence temporelle. Ce sont « la délégation » proposée par Rogoff en 1985, « l’approche principal-agent » exposée par Walsh en 1995 et « le ciblage de l’inflation » proposé par Svensson en 1995. Nous allons d’abord commencer par analyser comment apparaît le problème de la crédibilité .La crédibilité, facteur d’efficacité de la politique monétaire. Le terme crédibilité signifie le degré de confiance que manifeste le Public envers la  en insistant sur la notion d’incohérence temporelle et nous allons ensuite décrire un modèle simple dans le but de mieux comprendre le problème de la crédibilité dans une économie. – La notion de « l’incohérence temporelle » Le concept d’incohérence temporelle, qui est la première situation décrite où le problème de crédibilité apparaît, a été formulé pour la première fois en 1977 par Kyland et Prescott2 pour décrire les tentations des décideurs de politiques de dévier d’une politique déjà annoncée. Dans leur article, la thèse de Kyland et Prescott était de montrer que la théorie du contrôle optimal, qui était considérée comme un outil fort et utile pour analyser des systèmes dynamiques, n’était pas l’outil approprié pour la planification dynamique de l’économie même dans le cas où il existe une fonction d’objectif social fixée et bien définie. Ils montrent que la plupart des décisions de politique se heurtent à un problème de cohérence temporelle. Ensuite, Barro et Gordon 3 ont popularisé le problème de l’incohérence temporelle dans le cas de la politique monétaire à travers deux articles22. Ils se placent dans le cadre des théories du taux de chômage naturel et essayent de développer une théorie positive de la politique monétaire et de l’inflation dans le modèle de Lucas avec anticipations rationnelles et augmenté d’une courbe de Phillips. L’un des objectifs de ces théories, c’est de « tenter de réconcilier la rationalité des pouvoirs publics avec la réalité des interventions.»4 On peut dire que cette littérature est développée selon deux prémisses: 1. Les décisions courantes des agents économiques dépendent non seulement des mesures de politiques économiques courantes et passées, mais aussi de l’anticipation des politiques à venir. Une règle de politique optimale au début d’une période peut ne plus l’être à la période suivante à cause des changements des anticipations des politiques futures des agents privés: le plan optimal resterait et serait optimal si et seulement si ces anticipations étaient invariantes par rapport à la politique future. Par exemple, les changements dans la fonction de l’objectif social reflétés dans un changement administratif ont un effet immédiat sur les anticipations des agents et affectent leurs décisions courantes. Dans un tel cas, on peut parler d’incohérence temporelle ou dynamique. Par contre, pour Kyland&Prescott(1977), une politique est dite cohérente si pour chaque période t, la politique πt maximise la fonction d’objectif étant donné les décisions prises précédemment et que les décisions des politiques futures sont prises de la même façon. 2. La politique macroéconomique est considérée comme un output des interactions stratégiques entre le gouvernement et le secteur privé de l’économie : la règle de la décision optimale des faiseurs de politique dépend non seulement de ses propres décisions mais aussi de celles des autres agents de l’économie. Une fois que le processus monétaire est en oeuvre, les agents économiques privés peuvent en déduire les caractéristiques et donc formuler leurs anticipations. La décision de politique est alors soumise à la contrainte que les anticipations de la politique future des agents vont être égales à la politique réalisée. Parce qu’une fois que les agents économiques privés réalisent que la politique économique du gouvernement ne coïncide pas avec la politique annoncée, le décideur de politique va se heurter à une contrainte de crédibilité. De-là, on peut dire que les décisions de politique sont les solutions d’un jeu joué par des agents rationnels où chaque joueur doit anticiper aujourd’hui la réaction des joueurs dans le futur et cette hypothèse fait de la théorie du jeu un outil méthodologique adopté pour cette approche moderne de la politique macroéconomique. Ce cadre permet de faire une analyse à deux agents. Barro et Gordon identifient deux joueurs: Le décideur public (l’autorité monétaire ou le décideur de politique), qui définit la politique monétaire et les agents économiques privés, qui forment des anticipations sur l’inflation.

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