La couverture vaccinale anti-HPV
La couverture vaccinale (CV) est la proportion de personnes vaccinées dans une population-cible à un moment donné, rapportée au nombre de doses reçues. Sa connaissance et son suivi permettent de mesurer si un programme de vaccination est correctement appliqué, ainsi que son impact effectif au sein de cette population. A. Programme et Statistiques français En France, la vaccination anti-HPV est recommandée chez les jeunes filles de 11 à 14 ans selon un schéma en deux doses (un schéma à 3 doses est possible pour Gardasil et Gardasil 9), et une mesure de rattrapage s’applique jusqu’à l’âge de 19 ans révolus avec trois doses de vaccin. Cette vaccination n’est plus sous-tendue par la notion de l’âge de début de l’activité sexuelle, même si le vaccin est d’autant plus efficace que les jeunes filles n’auront pas encore été infectées par les HPV ciblés par la vaccination. Pour les patients transplantés ou en attente de transplantation, un schéma en 3 doses est recommandé dès l’âge de 9ans. Pour les patients séropositifs au VIH, un schéma en 3 doses est également recommandé. L’avis du 19 février 2016 du haut conseil de la santé publique publié le 2 mai 2016, recommande la vaccination des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes jusqu’à l’âge de 26 ans. [20] En termes de prise en charge du coût du vaccin, sur le site de l’assurance-maladie « Ameli.fr », on peut lire que « Le vaccin est pris en charge sur prescription médicale par l’Assurance Maladie et remboursé à 65 % sur la base de : • 123,44 € par injection pour le Gardasil® • 111,52 € par injection pour le Cervarix® La prise en charge de l’injection se fait selon les modalités habituelles : elle est remboursée à 70 % si elle est effectuée par un médecin lors d’une consultation, ou à 60 % si elle est effectuée par une infirmière, sur prescription médicale. » Le coût restant est remboursé, le cas échéant, par l’organisme d’assurance complémentaire. Pour les personnes qui bénéficient de la CMU-c, la prise en charge est à 100%, sans avance de frais. [21] A noter qu’aucune information n’est à ce jour disponible sur ce site pour le GARDASIL9®. La couverture vaccinale anti-HPV Stratégies et efficience des programmes vaccinaux anti-HPV à l’International 13 Quatre ans après l’introduction du vaccin anti-HPV, une première étude a été menée auprès de la Sécurité Sociale française pour évaluer le taux de jeunes filles vaccinées, en se basant sur les remboursements effectués pour les 2 vaccins disponibles de 2007 à 2010. Elle a montré que la population-cible des jeunes filles de 14 ans était loin d’être la plus couverte, et que le pourcentage de ces jeunes filles ayant reçu un schéma complet baissait d’année en année. La couverture pour au moins une dose chez ces patientes passe de 50,8% en 2007, à 41,7% en 2008 et 20,5% sur l’année 2009. En prenant en compte les jeunes filles ayant reçu un schéma vaccinal complet, elle passe de 33,3% en 2007 à 23,7% en 2008. [22] Pour l’année 2011, l’Institut de veille sanitaire nous donne les chiffres suivants : 45,3% des filles de 15 à 17 ans avaient initié le schéma fin 2011, et 30% l’avaient complété. [23] Ces données sont confirmées par une seconde enquête : « Notre estimation est inférieure, mais reste comparable à celle de l’enquête Vaccinoscopie®, dans laquelle 34% des jeunes filles de 15 ans en 2011 étaient complètement vaccinées contre le HPV. Ces couvertures vaccinales basses montrent un suivi des recommandations vaccinales insuffisant et posent la question de la faible adhésion à cette vaccination », notent les auteurs. [24] Le 27 août 2015, l’Institut de veille sanitaire a actualisé les différentes couvertures vaccinales, et à cette date, c’est seulement 21% des jeunes filles de 15 ans qui avaient initié leur vaccination et 14% avaient reçu un schéma complet. [25] Avec un taux d’abandon entre la première dose et la troisième dose de 28 %, c’est le niveau le plus bas estimé depuis l’introduction de la vaccination pour cette dernière cohorte née en 1999 et vaccinée avec trois doses. Ces données sont résumées dans la figure 3. Figure 3. : Evolution de la CV entre 2009 et 2014 chez les 15-16 ans Stratégies et efficience des programmes vaccinaux anti-HPV à l’International 14 Les dernières données de remboursement du Système National des Données de Santé (DCIR) montrent qu’en 2017, environ 26% des jeunes filles âgées de 15 ans avaient initié une vaccination contre les papillomavirus et 21% avaient reçu le schéma complet des deux doses recommandées. [26] Figure 4. : Evolution de la CV en % par année de naissance Il est à noter que le mécanisme d’obtention des statistiques vaccinales en France n’est pas standardisé et se base sur l’utilisation des données de doses distribuées, puisque remboursées. Les sources de données sont multiples et variées. B. Programmes et Données internationales
En Australie
L’Australie a été le premier pays à implanter et financer un programme national scolaire et gratuit de vaccination anti-HPV dès 2007 À ce jour, le vaccin est distribué aux jeunes filles de première année d’école « supérieure » âgées de 12 à 13 ans selon un schéma en 2 doses. En Australie, les vaccinations infantiles sont toutes recommandées et non obligatoires et le vaccin antiHPV ne déroge pas à la règle. En fin d’année scolaire précédente où avant la rentrée des jeunes filles éligibles, des courriers informatifs sur le HPV ainsi qu’un formulaire d’autorisation parentale sont envoyés aux domiciles des parents d’élèves. [27] Les médecins généralistes et les centres de soins communautaires sont mis à contribution pour la distribution gratuite en rattrapage pour les jeunes femmes sorties du système scolaire et ce jusqu’à 26 ans, avec un schéma en 3 doses. Les garçons âgés de 12 à 13 ans ont été inclus dans le programme à partir de 2013. Le programme vaccinal est couplé à un Registre national de vaccination anti-HPV ainsi qu’à une campagne de promotion du vaccin. Stratégies et efficience des programmes vaccinaux anti-HPV à l’International 15 Dès 2009, la couverture vaccinale du vaccin quadrivalent avec 3 doses (recommandations initiales simplifiées par la suite) des jeunes filles vaccinées à 12-13 ans en milieu scolaire est supérieure à 70 % et dépasse les 30 % pour les jeunes femmes de 18-26 ans ciblées par le rattrapage communautaire. [28] Sur le registre national de vaccination australien, on peut voir que la couverture vaccinale des jeunes filles entrant dans leur quinzième année est constante de 2012 à 2016 aux alentours de 70-80%, quelle que soit la région étudiée (Figure 4). [29-30] Figure 4. : CV schéma complet des 14-15 ans de 2012 à 2016 Au milieu de l’année 2018, 89% de la tranche d’âge 14-15 ans a initié son schéma et 80% a complété sa vaccination (Figure 5). [31] Figure 5.: CV par cohorte de naissance en 2018 Stratégies et efficience des programmes vaccinaux anti-HPV à l’International 16 2. Au Canada De 2007 à 2010, toutes les provinces et territoires du Canada ont successivement implanté un programme de vaccination scolaire financé par l’état. Comme pour l’Australie, la vaccination n’est que recommandée et s’effectue après accord écrit des parents. L’âge de mise en place du programme varie en fonction du territoire, les plus précoces débutant la vaccination en 4ème année scolaire, ce qui correspond au CM1 Français, donc 9 ans, et les plus tardifs en 8ème année ou 3ème année de collège français donc 13 ans. (cf : Figure 6) Le rattrapage s’effectue jusqu’à 26 ans, et ce gratuitement. À noter cependant que les autorités de santé canadiennes conseillent vivement aux femmes de plus de 26 ans de réaliser le vaccin : « Les vaccins VPH2, VPH4 sont recommandés pour la vaccination systématique des filles et des femmes âgées de 9 à 26 ans et peuvent être administrés chez les femmes de plus de 26 ans qui n’ont pas été vaccinées auparavant. » [32] En date d’octobre 2016, les 13 juridictions canadiennes vaccinent les filles, et 6 juridictions ont élargi leur programme scolaire contre le HPV pour y inclure les garçons et les hommes.