La consommation d’énergie dans les transports et développement durable
Synthèse rétrospective sur la dualité développement durable-énergie
L’énergie est au cœur des stratégies de développement durable et l’une de composantes principales de l’initiative WEHAB5 fortement liée aux trois dimensions du développement durable (Kaygusuz, 2012; Oyedepo, 2012) vu son lien étroit avec toutes les activités concourantes au développement économique et social, son impact sur l’équilibre écologique actuel et futur et son effet indiscutable sur les autres composants de WEHAB. Les objectifs retenus dans les domaines de l’eau, de la santé, de l’agriculture et de la diversité ne seront réalisés qu’avec des services énergétiques appropriés. La réflexion sur le contenu énergétique de la croissance reste au centre de débats nationaux et internationaux de la durabilité de développement. L’énergie, telle qu’elle est produite, distribuée et consommée, peut difficilement réaliser les objectifs de développement durable (Ni et Johansson, 2004). Dans ce sens, il est légitime de se demander à quelles conditions notre système énergétique soit « durable »? Et dans quelle mesure la question énergétique a modifié le triptyque classique du développement durable ?
Cadrage conceptuel du développement durable
La problématique du développement durable trouve ses origines théoriques dans le milieu du XIXe siècle. Elle a suscité une vaste littérature dont l’objectif était d’aboutir à une définition standard de cette notion. Plusieurs chercheurs ont essayé de raffiner le cadre conceptuel de développement durable et loin de tous conflits, ils sont tous d’accord sur une même éthique, c’est que cette notion est en pleine mutation présentant des interprétations nombreuses et variées sous diverses conceptions et avec des principes difficiles à décliner en actions, constituant ainsi un défi scientifique à l’échelle mondial et un enjeu démocratique qui consiste à aboutir à une durabilité plus consensuelle qui converge les enjeux économiques, environnementaux et sociétales vers une seule finalité ultime, celle de l’orientation de l’action publique dans la définition des politiques intégrant le développement économique, social et environnemental.
Des interprétations nombreuses et des conceptions variées
Une lecture rétrospective montre que la notion de développement durable était une question ouverte et récurrente dans les débats au niveau planétaire sur les questions liées au développement. Dans ce sens, l’institutionnalisation de développement durable a débuté avec les premiers débats au niveau planétaire sur les questions liées au développement et à l’environnement lors du sommet des Nations Unis à Stockholm la même année que le Club de Rome (1972). La question fondamentale discutée était la recherche de pistes de réflexion et d’action pour établir un autre mode de développement à l’échelle planétaire garantissant une prise de conscience de défis mondiaux de la dégradation des ressources naturelles. Cependant, et à cause de crises pétrolières des années 70, la maturité de concept de développement durable a daté les années 1987 avec les travaux de la Commission Mondiale pour l’Environnement et le Développement (CMED) dans leur rapport « Our Common Future », dit rapport de Brundtland. Suite à la reconnaissance mondiale de fondements réels de cette notion et la mobilisation d’une réflexion globale sur un mode de développement dit durable, les fondements théoriques de base de ce concept ont été de plus en plus identifiés surtout avec la déclaration de Rio (1992) et le Traité de Maastricht (1993). Dès lors, une multitude de définitions sont produites afin de spécifier de plus en plus l’association des termes « développement » et « durable ».De façon générale, la conceptualisation de développement durable rappelle combien ce concept est ouvert, riche et flou. Il peut s’appréhender de diverses façons et traiter de plusieurs manières. Le développement durable se base sur trois principes de base, le principe d’interdépendance, le principe d’équité et la gouvernance. Il s’agit d’une approche double dans l’espace et dans le temps en tenant compte des changements d’échelles spatiales et temporelles à travers une réflexion conjointe entre localité et globalité, entre passé, présent et futur dans une logique de transversalité pilotée par un système de gouvernance. Néanmoins, loin des imprécisions du concept dues principalement à la généralité du concept, les tendances actuelles ont exigées, pour avoir plus de précision, la contextualisation de ce concept en se basant sur une démarche cohérente dont l’action concilie les trois sphères classiques à savoir l’économique, le social et l’environnemental. Actuellement, la déclinaison territoriale, intersectorielle, sectorielle de la durabilité ont gagné le terrain opérationnel de développement durable en s’intéressant plus aux questions de gestion des ressources naturelles et des acteurs pour le développement durable.
Des principes difficiles à décliner en actions
L’idée fondatrice de développement durable était au début simple et orientée principalement vers la question d’équité intergénérationnelle et intra générationnelle. La composante spatio-temporelle se présente avec excellence pour orienter la réflexion de la durabilité vers la mise en place d’un mode de développement permettant de préserver les besoins des générations dans le présent et le futur sur différentes échelles territoriales (régional, au national et mondial). Le développement durable « s’est constitué comme une problématique s’interrogeant principalement sur la dimension temporelle. Plus précisément, elle a mis l’accent sur la notion d’équité inter-temporelle ou encore d’équité intergénérationnelle. » (Laganier et al., 2002). Pour preuve, l’équité intergénérationnelle rappelée explicitement dans la définition « mère » suppose un « développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs » (Brundtland, 1987). La satisfaction de nos besoins ne doit pas nuire aux générations futures qui doivent avoir au minimum la capacité de répondre aux leurs. La prise en compte d’un changement d’échelles dans le temps nécessite l’articulation du court, du moyen et du long terme mais aussi du passé, du présent et du futur. Plus précisément, cette temporalité, appelée aussi principe de solidarité intergénérationnelle résume la durabilité dans la survie des générations futures et la préservation des capacités des générations successives à 25 faire leurs propres choix. L’interdépendance temporelle rappelle que les actions d’aujourd’hui auront des conséquences sur les générations futures. Delors, « l’approche en termes d’équité intergénérationnelle se complète nécessairement d’une approche en termes d’équité intra générationnelle » (Zuindeau, 2000). Cette dernière établit qu’il est nécessaire d’agir pour que l’ensemble des hommes puissent satisfaire leur besoin. L’interdépendance spatiale rappelle que la terre est un tout appelant ainsi à concilier le local et le global. « Les conditions de durabilité doivent être vérifiées sur l’espace de référence » (Zuindeau, 1997). Ceci passe par le biais de prise en compte des préoccupations intra-générationnelles et interterritoriales à traves une articulation d’échelles territoriales, qualifiée principe de spatialité. Il est aussi question de « satisfaire équitablement les besoins relatifs au développement et à l’environnement des générations présentes (…) » à différents niveaux territoriaux allant du périmètre urbain vers une échelle plutôt mondiale en passant par le niveau national et régional. L’attention est portée aux autres territoires, à la solidarité entre États mais aussi aux pays les moins favorisés. Il est évident que « la notion d’équité intra-générationnelle n’autorise pas la possibilité de compensation interterritoriale qui permettrait l’atteinte d’un objectif de développement durable global, au prix de disparités spatiales accentuées. L’acquisition de durabilité pour un territoire donné ne peut être obtenue au détriment de la durabilité d’autres territoires plus ou moins lointains» (Zuindeau, 2000).