La connaissance de soi 

La connaissance de soi 

Le monde de l’enseignement subit, depuis quelques décennies, des changements idéologiques assez profonds. Ceci est particulièrement vrai dans le domaine de l’éducation préscolaire. Les orientations y sont nettement psychopédagogiques. Les causes de ces nouvelles orientations sont variées et il est nécessaire, dans cette recherche, de s’y attarder. Il y a un siècle ou deux, personne n’aurait eu l’idée d’effectuer un travail sur la période enfantine. L’enfance revêtait un caractère anodin et en attente: celui de parvenir à l’âge adulte. « … On ne considérait pas l’enfance comme une période importante de la vie»1 • Tous les aspects du développement de l’enfant font, de nos jours, l’objet de recherches très poussées. Fait nouveau, la connaissance de soi est devenue prépondérante dans les recherches sociales, thérapeutiques et éducatives. Plus encore, le ministère de l’Éducation du Québec dans son programme préscolaire, officiel et prescriptif (M.E.Q., 1981), en fait le pivot de l’enseignement. Nous nous référerons à l’appendice afin de retracer et de saisir l’importance accordée à la connaissance de soi. Nous invoquerons, de plus, les différents impacts de la connaissance de soi en tant que données d’apprentissages scolaires. La connaissance de soi, selon Pelletier (1971 ), débouche sur l’autonomie de la personne. Les gens, aujourd’hui, doivent développer une plus grande autonomie face au pluralisme grandissant des sociétés. L’individu est pressé de s’autodéterminer et à l’adolescence l’urgence est évidente.Un bref historique de la pensée préscolaire démontre cette évolution dans une perspective de croissance personnelle. Parallèlement, les résultats de la recherche relative à la psychologie de l’enfance, plus particulièrement la psychologie du moi, démontre aussi ces interrelations entre la pédagogie et la psychologie. 

Plusieurs chercheurs, pédagogues, marquent les différentes approches éducatives: Montessori, Decroly, Dewey. D’autres chercheurs, psychologues, orientent l’enseignement dans une approche déve/oppementaliste comme Gesell, Erickson, Piaget. Rogers, quant à lui, accentue l’importance des relations interpersonnelles2 • Le courant québécois pédagogique pédagogie ouverte est axé sur la croissance personnelle. Le ministère de l’Éducation endosse cette idéologie dans ses principes majeurs : «L’éducation préscolaire vise une éducation globale de la personnalité de l’enfant. L’inspiration du programme, c’est l’enfant»3 . Lépine (1977) fait ressortir le type de pédagogie humaniste institutionnelle de l’école québécoise : «[ … ] elle considère l’épanouissement de la globalité de la personne … elle respecte l’enfant en tant qu’individu»4 • Les pédagogues intègrent, en présence d’une approche psychopédagogique évidente, les résultats des recherches effectuées en psychologie de l’enfance. Une nouvelle catégorie de chercheurs s’intéresse particulièrement au moi. Des psychologues du moi analysent la genèse et les étapes pour arriver à une connaissance de soi. Ces analyses du moi débouchent sur des découvertes importantes concernant l’image de soi comme un des moteurs de la croissance personnelle. Le choix de notre objet de recherche découle de l’impact de la connaissance de soi. L’objet de notre recherche «l’image de soi à la maternelle», pédagogiquement parlant, pose de nombreuses interrogations car c’est une composante importante du développement de la personne. Le programme officiel préscolaire s’y réfère pour indiquer l’ampleur d’une image de soi positive. «[ … ] La capacité «d’oser» est à la fois une conséquence de l’image positive de soi et un enrichissement de l’image positive de soi. [ … ]L’enfant trouve son approbation à l’intérieur de lui-même, à la lumière de son image positive de lui-même»5 • Nous constatons avec le ministère de l’Éducation l’importance d’une image positive de soi. Le Ministère souligne les conséquences d’une image positive et note les conséquences d’une image négative chez l’enfant de la maternelle : «L’action et la réussite de son action lui confirmeront ses ressources, le rendront fier de lui et lui donneront une image positive de lui même. D’autre part, les échecs le sensibiliseront à ses limites; la répétition de ses échecs entraînera une fragilité du moi qui pourra se traduire en dépendance parfois hostile»6 . L’image de soi est génératrice d’actes. Nous posons beaucoup d’actes en conformité avec notre image de soi. Quelle est réellement l’importance de ces images de soi dans un contexte éducationnel préscolaire? Le programme officiel parle de l’image positive de soi pour l’épanouissement de l’enfant d’âge préscolaire. Mais qu’en est-il des conséquences lorsque d’autres images de soi nous habitent? 

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