La confusion entre les domaines spirituel et temporel

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Les raisons d’utilisation de la religion à des fins politiques

Etant une projection des normes et des valeurs collectives, la religion est un phénomène universel car aucune société n’existe sans religion. Toutefois, c’est un phénomène sans unité puisque, les religions ne se ressemblent pas dans le temps et dans l’espace. Si certains ont cru en l’existence de plusieurs Dieux, d’autres ont par contre foi qu’en un seul Dieu. Par ailleurs, ces dieux ou Dieu n’ont pas dans l’espace et dans le temps ni les mêmes priorités, ni les mêmes règles de vie. L’intérêt de la religion réside dans le fait qu’elle permet de répondre facilement aux interrogations que nous formulons face aux événements qui nous entourent.
Pour mieux expliquer l’importance de la religion dans la conquête et la consolidation du pouvoir, nous allons voir son origine et ses fonctions dans la société.

Les origines et fonctions de la religion

Tout d’abord, la religion serait née de l’angoisse humaine face aux mystères de l’univers. Autrement dit, elle serait l’expression de notre peur de l’inconnu (Univers) et de notre sentiment de finitude face à nature imprévisible et non maîtrisable. Face à ces puissances terrifiantes, il faut alors les amadouer par des offrandes, sacrifices, prières, …. Outre cette peur, la pauvreté, la misère intellectuelle entraînant l’absence d’imagination au profit de la conservation de l’acquis et surtout le refus de la mort (la mort physique ne peut être niée qu’en déclarant la vie physique illusoire) expliquent l’engouement vers la religion.
La religion serait aussi liée à l’évolution de l’humanité comme a pu le croire Auguste Comte à travers sa « Loi des trois états ». Selon cet auteur, il y a trois étapes de l’humanité et tout peuple, tout individu doit passer par chaque étape afin de parvenir au progrès. Durant la première étape appelée étape théologique, l’homme recherche l’origine première ou la fin dernière des phénomènes et croit les trouver soit dans des intentions qui animent les objets ou les êtres (fétichisme), soit dans l’actio n d’êtres surnaturels (polythéisme) ou celles d’un Dieu Créateur (monothéisme).
L’esprit théologique est anthropomorphique c’est-à-dire: qui a tendance à peupler la nature de forces ou de dieux dont il conçoit l’action sur le mode de l’action humaine. Dans la seconde étape de l’évolution de l’humanité appelée étape métaphysique, l’esprit humain a progressé puisqu’il s’est dégagé de l’anthropomorphisme et que ses explications sont devenus plus rationnelles. Cependant, la démarche reste la même car il s’agit de rechercher une causalité première et absurde du monde. C’est à la troisième étape où l’esprit humain est devenu scientifique et positif que l’homme renonce aux explications absolues, théologiques ou métaphysiques. Son mode de pensée est celui des sciences expérimentales.
Ce qui signifie qu’il observe les faits, puis repère les relations constantes qu’ils ont entre eux c’est-à-dire les lois et ne recherche plus à connaître les causes premières. Dans la loi de la ravitationg par exemple, Isaac Newton ne dit rien sur l’origine première des phénomènes gravitationnelles, il se contente de dire quelles relations constantes existent entre les corps, leur masse et leur distance. En conséquence de cette théorie énoncée par Auguste Comte, une société ou individuse trouvant au stade théologique serait plus croyant et facilement manipulée qu’une société ayant déjà accédé au stade scientifique.
Les fonctions de la religion dans la société permettent aussi de voir son rôle politique. Elle a essentiellement trois fonctions. La première est la fonction symbolique par laquelle la religion légitime un ordre politique. Cela se manifeste par la présence des représentants des diférents cultes à l’investiture du président de la République et aussi par leur consultation dans l’élaboration des projets de loi concernant les questions éthiques. Sa seconde fonction est rituelle car la religion donne un caractère solennel et sacré aux actes importants qui jalonnent l’existence humaine et sa troisième fonction est la fonction culturelle. Par cette dernière fonction, la religion apparaît comme des modèles culturels qui renforcent respectivement les valeurs (Islam, Catholicisme, Protestantisme,…) religieuses et ethn iques. Elle est alors utilisée dans une perspective identitaire. Cela explique les affrontements violents entre les Catholiques et Protestants qui ont ensanglantés l’Irlande du Nord et le soi-disant conflit actuel entre l’Occident et le monde Islamique.
Les origines et fonctions de la religion dans la société montrent que c’est la sacralisation de la politique et la transfiguration religieuse de la souveraineté qui expliquent le rôle politique qu’a la religion.

Les conséquences de cet usage de la religion 

Comme nous l’avons énoncé dans la première partie relative aux origines de la religion, la misère intellectuelle constitue un des origines de la religion. Et cela dans la mesure où cette dernière donne déjà des explications et des réponses satisfaisantes. Or, savamment entretenues, cette ignorance est la plus sûre des « prisons » car l’obscurantisme et le fanatisme qu’elle entretient permet à un chef quelconque d’asseoir son autorité morale et politique et de satisfaire en même temps sa volonté de puissance sur les autres. Cela s’est manifesté tout au long de l’évolution historique de l’humanité par de nombreuses guerres menées au nom de Dieu et par les affrontements passées et présents entre groupes religieux, ainsi qu’aux marginalisations et persécutions dont sont victimes aujourd’hui encore des millions de personne du fait des châtiments abomina bles et grotesques(mutilation, lapidation) infligés dans certaines parties du monde d’Afrique et du Moyen-Orient. En mélangeant ce qui est terre à terre au surnaturel, les chefs politiques disposent d’une autorité religieuse manipulant la conscience populaire, en offrant aux croyants une palette d’expériences émotionnelles forte et enivrantes. Ces obscurantisme et fanatisme expliquent le mystère des kamikazes. Incompréhensible vue d’Occident, la planification de la mort volontaire date, en fait de la guerre du Pacifique. En 1944, en créant des unités spéciales d’attaque par choc corporel, le Japon croit avoir trouvé l’arme fatale. Les unités sont surnommées « Vents de Dieu » (Kamikazes). Les kamikazes musulmans motivés aussi par des causes patriotiques. La plupart partagent la même convicti on qu’en combattant au nom de l’Islam ils accèdent directement au saint des saints. Mourir pour le djihad, signifie alors accomplir la vengeance de Dieu. Théorisée, la vocation de martyr séduit des recrues endoctrinées.
Cela confirme bien l’idée selon laquelle la religion est l’opium du peuple. Le problème de toute religion c’est que chaque croyant croit que sa religion est la seule et la vraie et qu’il croit avoir raison d’agir ainsi. Cette situation entraîne une atteinte aux convictions desautres par la discrimination qu’elle crée.
Cette atteinte aux libertés concernait en premier lieu la libre-pensée de l’individu avant d’atteindre son intégrité physique. La liberté de pensée est apparue au moment de la revendication de l’autonomie de la connaissance humaine contre les règles religieuses qui prétend en la limiter. En effet, lorsque certains penseurs (Socrate, François Villon, Rabelais, Voltaire,…) ont récusés les mythes religieux explicatifs des origines du monde et de l’ordre des choses, en tentant de leur substituer l’observation et l’analyse rationnelle, le dogmatisme religieux s’est dressé pour en être l e principal adversaire. Cette intolérance a conduit l’Eglise à imposer des méthodes de conversion et de préservation de la foi comme celles des excommunications, de l’Inquisition, des Croisées, ….qui ont imposé aux « Rebelles » le repentir, la punition et le cas échéant la mort s’ils venaient à récidiver.

Les manifestations de cette confusion

Dans l’histoire politique de toute société humaine, la religion a été toujours confondue avec la gestion des affaires de l’Etat. L’importance des rapports de l’Etat et des Eglises ont constamment constitués les données permanentes de la vie politique de tous les pays.

L’interpénétration entre ce qui est religieux etaffaire de l’Etat 

L’étude des sociétés humaines montre que le pouvoirpolitique s’est édifié par le rassemblement entre les mains d’un souverain la force militaire et la force religieuse. Cela explique la séparation difficile entre les deux institutions que sont l’Eglise et l’Etat. Durant le Moyen Âge en France, l’Eglise Catholique exerçait son pouvoir à la fois sur les consciences, les mœurs et les pouvoirs en place. En Angleterre, la Reine (le Roi) doit êtr e de religion Protestant. Aux Etats-Unis, la Constitution n’impose aucune religion déterminée au Président de la République mais une règle non écrite et jusqu’à présent intransgréssée veut qu’il soit de religion Protestante. Pour mieux expliquer cette « obligation » pour le président des Etats-Unis d’être de religion protestante, il faut remonter dans l’histoire du pays. La religion est ancrée dans l’histoire des Etats-Unis, l’Amérique ayant été colonisé par des Européens qui fuyaient les persécutions religieuses. Bien que la société américaine soit fondée sur la liberté religieuse, ce sont les protestants qui ont longtemps dominés. La constitution des Etats-Unis stipule clairement la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Mais chaque session du congrès s’ouvre par une prière et il y a même un Chapelain appointé au Capitole. Constatant cet engouement religieux, Alexis de Tocqueville écrivait que: « La religion en Amérique n’a pas un rôle direct dans le gouvernement de la société  » mais ele doit être considérée comme la première des institutions politiques ». L’engagement actif des groupes religieux dans la vie publique est typiquement américain. Cela se manifeste même par l’application à la religion des techniques marketings pour mieux vendre les « produits évangéliques ». La forte prépondérance de la religion dans la vie de l’Etat s’explique par le fait que malgré la transformation de la société, la régression des croyances concernant un Dieu justicier (tel que le présente la Bible et qui implique la notion de pêcher) n’élimine pas, notamment chez les jeunes la dimension affective de l’expérience religieuse (Dieu est aussi amour). Par ailleurs, la perte du monopole moral de la religion comme autorité suprême ne supprime pas non plus son rôle de repère et de guide face aux nouveaux problèmes éthiques importants. La religion continuerait donc d’être considérée comme une réponse à des demandes d’intercessions. Elle constitue ainsi une assurance spirituelle et un élément affectif et éthique important dans l’organisation et le fonctionnement de l’Etat. A Madagascar, tenant compte de l’ascendant morale de la pesante FFKM (Fiombonan’ny Fiangonana Kristianina eto Madagasikara) l’onction par le FFKM du Président Malagasy Ravalomanana Marc en 2002 a contribué à la reconnaissance de son pouvoir. La présence officielle assidue du Président de la République aux activités religieuses des Eglises Chrétiennes (ordination des prêtres, consécration des mpiandry) marque cette interpénétration.
Lors d’une cérémonie religieuse officielle, le Président malagasy précisait même que les hommes d’Eglises sont les « o utils de Dieu sur terre ». L’activisme religieux de certains leaders ecclésiastiques montre bien leur velléité de pouvoir. Sous prétexte de moraliser la société malagasy « dépravée « . L’ancien Cardinal Gaëtan Razafindratandra n’hési tait pas à déclarer publiquement que « si les chrétiens forment un parti politique, leur candidat serait nécessairement vainqueur ».

L’existence des partis politiques religieux :

Par définition, les partis politiques sont des groupements de personnes défendant la même opinion dans le but de d’accéder au pouvoir. Les partis politiques sont religieux lorsqu’une religion exerce officiellement ou officieusement une influence sur eux. Cela n’est pas étonnant dans la mesure où jusqu’à nos jours, les institutions religieuses n’ont à transformer le monde en un royaume de croyants (Chrétien, Musulman, …).
En Afrique, la prépondérance des polarités religieuses entraîne l’importance politique des Eglises. Cette importance est en grande partie imposée par les dictateurs qui la précèdent. Cela n’explique pas le fait que dans le champ de ruine que laissent ces régimes politiques, les organisations religieuses sont les seules à fonctionner, le cas du Zaïre en est une expression extrême. Et cela grâce au soutien des pa rtis européens apparentés et au nombre de ces adhérents qui font sa force. Cette force paraissant d’autant plus grande que le pays est plongé dans le chaos et l’anarchie. Par exemple, la partie catholique ougandais de 1956. Durant la colonisation en Afrique, les religions ont joué un rôle fondamental dans l’implantation des organisations politiques. Les missionnaires de nationalités et de religions différentes se sont mêlées avec plus ou moins de succès à la politique en utilisant la stratégie consistant à s’approprier le système éducatif, tout en mettant en avant l’argument de la liberté religieuse. C’était le cas à Madagascar pendant la colonisation. Après que les pays anciennement colonisé aient accédé à l’indépendance, un déclin de la mobilisation politique sur des bases religieuses s’est fait sentir. Toutefois, cet accès à l’indépendance n’a pas supprimé l’utilisation des valeurs spirituelles dans la conquête du pouvoir politique. Le gouvernement s’en sert par exemple pour affaiblir l’opposition.

Table des matières

Introduction
I- La confusion entre les domaines spirituel et temporel
A- Les raisons d’utilisation de la religion à des fins politiques
1- Les origines et fonctions de la religion
2- Les conséquences de cet usage de la religion
B- Les manifestations de cette confusion
1- L’interpénétration entre ce qui est religieux et affaires de l’Etat
2- L’existence des partis politiques religieux
II- Le remède aux ambiguïtés des rapports entre Etat et Eglise : la laïcité
A- L’explication de la notion
1- L’historique de la Laïcité
2- Les aspects de la Laïcité
B- L’application de la laïcité
1- Les problèmes constatés
2- Solutions proposées
Conclusion
Bibliographie

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