LA CONFIGURATON SPATIALE DE LA VILLE

 LA CONFIGURATON SPATIALE DE LA VILLE

Kolda dans sa structuration actuelle présente des caractéristiques qui méritent d’être appréhendées. En effet l’homme, dans ses activités de tous les jours, pose des actes qui, d’une manière ou d’une autre, ont une incidence sur le milieu naturel dans lequel il vit. Dés lors, l’habitat et la façon dont il occupe l’espace constituent une illustration parfaite de cette cristallisation de l’activité humaine. Au-delà de cette simple caractéristique, ces transformations exercées sur le milieu naturel sont le produit de groupes sociaux qui selon leur appartenance culturelle, présentent des spécificités dans leur conception de l’habitat et de l’occupation de l’espace. Mieux, ces constructions peuvent refléter dans certains cas les disparités qui existent dans l’organisation sociale de ces groupes sociaux ou de la société de façon globale. La ville de Kolda du fait de son caractère multi–ethnique pourra-t-elle échapper à cette assimilation de l’habitat à l’appartenance sociale ou culturelle ?

LE DECOUPAGE EN QUARTIERS

Depuis 1989, date à laquelle a été élaboré le dernier Plan Directeur de l’Urbanisme (PDU), officiellement la ville de Kolda ne compte que six quartiers qui sont : Bantagnel, Bouna Kane, Doumassou, Gadapara, Saré Moussa, Sikilo. Ces quartiers se situent de part et d’autre du fleuve Casamance. Sur la rive droite, nous avons :  Doumassou coincé entre le centre de la ville et le camp militaire. Il est le quartier le moins vaste avec seulement 6,5%de la superficie urbaine.  Gadapara qui englobe l’escale et Saré Kémo situé à la sortie Sud-Ouest de la ville.  Sikilo qui constitue le quartier le plus vaste de la ville avec 43,2% de l’aire urbaine. Il comporte plusieurs sous-quartiers (Sikilo Est, Sikilo Ouest, Ndiobéne, Hilèle et Château d’eau). Sur la rive gauche, il y a le quartier de :  Bantagnel qui date de 1952,  Bouna Kane qui est un quartier relativement récent. Il s’est agrandi entre 1980 et 1990,  Saré Moussa, ancien quartier fondé depuis 1915. Il est situé sur l’axe routier KoldaTambacounda. Malgré tout, nombreux sont les habitants qui ont des difficultés à s’identifier au découpage réalisé par les autorités administratives. En réalité, ce découpage spatial de la ville ne se limite plus aux six quartiers reconnus officiellement. Cette situation se matérialise par l’apparition de nouvelles entités qui ont leur nom. Ainsi, très souvent vous entendrez des personnes vous dire qu’elles habitent Médina Chérif, Ndiobène ou Hilèle à la place de Sikilo. Même si ces sous-ensembles ne font pas l’objet d’une reconnaissance officielle, ils ne sont pas pour autant considérés comme des quartiers irréguliers, du fait qu’ils sont parfois lotis. Le quartier Ndiobène et en partie celui d’Hilèle en sont une parfaite illustration. Aussi, est-il aujourd’hui important pour Kolda de procéder, en plus aux lotissements qui accompagnent son extension, à un nouveau découpage des quartiers pour être en phase avec les populations dans le tracé virtuel qu’elles semblent proposer. Ce qui faciliterait par la même occasion la tâche des chefs de quartiers qui sont appelés à gérer des espaces sans cesse grandissants. La ville de Kolda a opéré une accélération dans le processus de son développement tant sur le plan du peuplement que sur celui de l’occupation de l’espace, au point qu’on peut oublier, qu’elle était à l’origine un petit village. Cette dimension historique mérite d’être prise en compte dans l’édification des quartiers de la ville. Telle est la conception de Emile Le Bris pour qui : « le quartier urbain représente une unité de découpage de la ville regroupant une communauté sociale qui s’est généralement constituée avec le temps »38. Ainsi pour retracer le processus de la création des différents quartiers de la ville, nous allons remonter jusqu’à la période coloniale. Kolda, à l’image de plusieurs localités sénégalaises qui ont connu la présence française, sera marquée par l’influence occidentale dans l’occupation de l’espace. En effet, la période coloniale était caractérisée par une discrimination entre les populations autochtones et les colonisateurs.

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L’HABITAT DES KOLDOIS

Le type d’habitat occupé par les ménages reste tributaire en grande partie des modes de vie d’un peuple, du milieu et de plus en plus de leur pouvoir économique. Il ressort de ce tableau que sur les 360 chefs de ménages enquêtés, 46,9% vivent dans des maisons en banco tandis que 53,1% habitent dans des maisons en dur. Ces chiffres révèlent que Kolda, malgré son statut de chef lieu de région, n’est pas encore une ville que nous pourrions qualifier de moderne. Sous ce registre, force est de constater que la ville présente jusqu’à présent des caractéristiques dans son mode d’habitation qui renvoient inexorablement à l’habitat de type traditionnel. Ceci confirme notre appréhension de départ fondée sur la perception que nous avions de Kolda comme étant une ville à cheval entre tradition et modernité, du moins en ce qui concerne son type d’habitat. Mieux, sur un autre aspect, ce tableau laisse apparaître, en excluant la variable « autres », que les ethnies Wolof, Diola et Sérère détiennent les pourcentages les plus élevés de personnes qui logent dans des bâtiments en dur soit respectivement 60,6%, 61,4%, 70%. Pour comprendre cet état de fait, nous allons nous référer au processus d’immigration vers Kolda. Ce faisant, il apparaît nettement que les vagues migratoires venues de Dakar, Ziguinchor et des autres régions étaient composées pour l’essentiel d’agents de la fonction publique et d’artisans spécialisés, bref de personnes qui possédaient de prime abord un revenu substantiel leur permettant de s’offrir un logement décent. Aussi, étant donné que ces localités sont par essence le lieu d’ origine des ethnies citées plus haut, il va sans dire que l’appartenance ethnique, même si c’est de façon indirecte, aura une influence sur la situation de résidence. Le principal enseignement à tirer de cette analyse combinée à l’observation de beaux édifices et de nombreuses constructions en chantier à travers la ville, que Kolda se caractérise par son habitat rural. La case construite en argile avec un toit en chaume, la maison en banco surmontée d’un toit en zinc constituent le type d’habitat qu’occupent 46,9% des ménages enquêtés. Et, peut-être pour longtemps encore si l’on sait que 53% des ménages vivent en dessous du seuil de pauvreté. C’est dans les quartiers périphériques que l’on rencontre le plus, ce type d’habitat qui lui donne l’apparence d’une entité villageoise. Fait surprenant pour une ville, il peut atteindre dans certains quartiers périphériques 80% des constructions.

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