La conception énergétique à l’éco-conception
Dans ce chapitre, on présente d’abord un outil d’Analyse de Cycle de Vie des bâtiments. Chaîné avec le modèle thermo-aéraulique présenté dans les chapitres précédents, il permet d’évaluer les impacts environnementaux d’un projet. Ensuite, à partir des données de la base EcoInvent 2007, on évalue les impacts engendrés par une plus grande étanchéité de la construction. L’objectif est d’évaluer un bilan complet intégrant les impacts évités grâce aux économies d’énergie et les impacts supplémentaires liés aux composants mis en œuvre pour améliorer l’étanchéité de l’enveloppe. L’analyse de cycle de vie est une méthode permettant d’évaluer la consommation en ressources et les impacts environnementaux d’un produit, d’un système ou d’un service de sa mise en œuvre à sa destruction (« du berceau à la tombe »). Cet outil permet d’aborder toutes les dimensions écologiques d’un système. On utilise l’analyse du cycle de vie d’un système pour le comparer à d’autres, pour comparer les alternatives d’un projet, l’importance des différentes phases de son cycle de vie et pour comparer les résultats obtenus avec une référence. Une ACV est un processus itératif (cf. Figure 48). La phase d’interprétation est omniprésente et elle peut entraîner à tout moment des changements dans le champ de l’étude et dans la façon de collecter les données de l’inventaire. La définition des objectifs, [ISO, 1998], est une étape cruciale pour le bon déroulement de l’analyse. L’objectif de l’étude doit être clairement défini et compatible avec l’application prévue. La démarche n’aura pas le même degré de précision si on cherche à sensibiliser un public à l’environnement ou si on cherche le meilleur compromis technico-environnemental pour l’élaboration d’un bâtiment. L’unité fonctionnelle représente la référence à laquelle sont rapportées les quantités mentionnées dans l’inventaire. C’est un élément de mesure de la fonction remplie par le système. Elle comporte généralement trois unités : l’unité de produit, l’unité de service et l’unité de temps.
Les frontières du système définissent les processus qui seront inclus dans le système à étudier. Certains flux élémentaires peuvent être exclus de l’étude car ils n’influencent pas de manière significative les conclusions de l’analyse (on ne prendra ainsi pas en compte les flux élémentaires nécessaires à la fabrication d’une pelleteuse dans la phase de construction d’un bâtiment). Les données qualitatives et quantitatives doivent être connues pour tous les procédés inclus dans un système. Ainsi, l’impact lié à la consommation d’électricité doit prendre en compte les différentes origines de la production électrique (nucléaire, gaz, charbon, renouvelables…). Dans chaque cas on doit prendre en compte les procédés d’extraction de matière, de transport, de la conversion en énergie et du réseau de transport de l’électricité. Dans le but d’être adaptées à l’unité fonctionnelle les entrées et sorties de chaque procédé sont transformées à l’échelle de cette unité fonctionnelle. Si un bâtiment contient 1000 kg de tuiles que les informations dont on dispose nous donnent les flux élémentaires nécessaires à la fabrication d’1 kg de tuile, il faudra multiplier tous les flux par 1000.
L’interprétation est la phase finale de l’ACV [ISO, 2000B], elle permet de résumer et d’analyser les résultats de l’étude pour établir des conclusions et aider à la prise de décision en réponse aux objectifs fixés lors de la première étape. Il est primordial de noter que l’interprétation des résultats ne peut se faire qu’en tenant compte des hypothèses et du champ de l’étude. Si il n’est pas possible de répondre aux objectifs fixés, ces derniers doivent être redéfinis dans le cadre de la première étape de l’ACV. Ensuite, la qualité de l’ACV dépend de l’accessibilité et de la qualité des données d’inventaires. Cette méthodologie étant récente, il arrive de trouver des erreurs dans certains inventaires (la base de données utilisée contient des milliers de références contenant elles- mêmes des milliers de flux élémentaires) ou de ne pas en trouver qui correspondent pleinement à tous les critères (localisation géographique, méthode de calcul…). Au niveau des indicateurs, la plupart des modèles de caractérisation sont basés sur des effets potentiels, ils ne correspondent donc pas à un impact réel mesurable. Par exemple, il n’est pas possible aujourd’hui d’évaluer les conséquences des émissions de gaz à effet de serre en terme de tempêtes, inondations, etc. Un indicateur de potentiel de réchauffement global est alors évalué permettant d’appliquer le principe de précaution.