Imagine Canada (2007) par le biais de statistique Canada fait apparaître une vision du phénomène associatif Québécois qui est beaucoup plus important que leur rôle discret ne le laisse croire. En effet, le Québec compte deux fois plus d’organismes par habitant que l’Ontario et accueille le plus grand nombre d’organismes à but non lucratif (OBNL) du Canada. Ceux-ci œuvrent principalement au niveau local plutôt que régional ou national et offrent leurs services directement au grand public plutôt qu’à certaines catégories professionnelles. Le revenu moyen des organismes québécois est moitié moindre que celui de leur homologue ontarien compte tenu du fait que la plupart des organismes n’ont pas de visée autre que québécoise.
Les organismes à but non lucratif fonctionnent depuis longtemps au Québec et sont désormais monnaie courante. Selon la revue gestion du HEC Montréal, on compte quelque 46 000 OBNL actifs juste au Québec. Ces organismes font rayonner internationalement certaines de nos plus grandes villes en plus de participer à l’activité économique (revue gestion, 2012).
La collecte des fonds est une exigence vitale pour la plupart des organismes à but non lucratif. Étonnamment, moins d’organismes québécois (46%) que d’organismes canadiens (48%) signalent avoir des problèmes à obtenir des fonds de la part de particuliers. Pourtant, ils en reçoivent beaucoup moins qu’ailleurs au Canada (Imagine Canada, 2007). Dans l’absence de ces fonds, elles ne peuvent mettre en œuvre leurs programmes et atteindre les objectifs sociaux qu’elles se sont fixés. La plupart d’entre elles dépendent de la générosité du privé, des citoyens ordinaires et des subsides gouvernementaux qui représentent tous des épreuves organisationnelles au niveau de leur obtention. Aujourd’hui, les conditions économiques du privé comme des citoyens, et incidemment, des pouvoirs publics ne sont pas des plus reluisantes. Leur tâche s’avère d’autant plus ardue en raison de cela. En France, le premier frein lié au don cité par 49 % des non-donateurs est sans surprise le manque de reven (fondation de France, 2002). Ces organisations doivent absolument redoubler d’efforts et travailler avec un professionnalisme et une intelligence à toute épreuve pour espérer tirer leur épingle du jeu. La survie des causes d’utilité sociale et de celle des bénéficiaires de leurs actions est à ce prix. Il s’agit pour elles et les membres de leurs conseils d’administration ou de leurs comités de gestion de savoir comment faire pour maintenir à flot leurs financements; comment faire pour toucher, solliciter et motiver leurs environnements social et corporatif à donner pour les causes qu’elles défendent. Si ces organisations ne trouvent pas les réponses les plus optimales aux questions les plus élémentaires de leurs survies, à savoir comment persuader les publics québécois relativement peu enclins à donner à donner et à donner toujours davantage, elles ne pourront survivre. La société, à l’heure où les risques sociaux sont de plus en plus grands (violence, criminalité, drogues, écologies et autres), ne peut courir ce risque. Nous sommes beaucoup à dépendre des causes qu’elles défendent et en particulier à l’heure où l’État se désengage de plus en plus de ces responsabilités dites sociales. Le rôle de mécénat de l’état est constamment remis en question, et ce même si 60 % (14969815850$) des revenus totaux des organismes québécois proviennent de celui-ci (Imagine Canada, 2007). Ce chiffre peut par contre induire en erreur s’il est pris hors de son contexte, en effet 0.5% des organismes québécois se partage 32 % de ces 15 millions. Nous parlons ici des hôpitaux, des universités et des collèges qui nécessitent beaucoup de financement.
Nous percevons ici que le poids du gouvernement se fait beaucoup sentir dans le cas des organismes gérant des portefeuilles gigantesques, mais que la majeure partie de l’argent qui est dans les mains de la majorité des organismes provient de l’autofinancement, des dons ainsi que des commandites. Ce mémoire touchera surtout à cet aspect puisque c’est sur cet aspect que la communication peut avoir un impact significatif sur le financement.
La pertinence sociale et scientifique du projet:
On peut avancer qu’une société qui donne beaucoup est d’abord une société qui dispose d’un système de collecte convaincant (Dufourcq, 1996). Dans le cas où la communication serait mal préparée, l’un des 46000 autres OBNL actifs au Québec (Imagine Canada, 2007) obtiendra le don qui aurait pu être destiné à leur organisme. La compétition est féroce dans le secteur associatif. La collecte de fonds depuis maintenant plusieurs années est une activité en plein développement dans la mesure où les fonds gouvernementaux se font de plus en plus capricieux et contraignants. La collecte de fonds est une activité qui implique de nombreuses spécialités, dont la gestion, la comptabilité, le marketing et naturellement la communication. Cette complexité semble croître avec le besoin de solidarité citoyenne et la défense des causes sociales chaque fois plus nombreuses: les grandes associations ont professionnalisé leur démarche de collecte, certaines Organisation non gouvernementale (ONG) employant plusieurs dizaines de personnes pour lever des fonds. Ce mouvement essaime, les associations échangent leurs bonnes pratiques, les salariés se professionnalisent et font évoluer les structures qui les emploient. (Dubas & Edin, 2015 Libaert & Pierlot, 2014) .
Cette adaptation à la complexité et aux besoins explique l’étendue et le volume toujours croissant des dons fait aux organismes. La collecte de fonds est une activité qui rapporte des montants considérables aux organismes qui en sont les bénéficiaires. Rien qu’aux É.-U., le montant des dons s’était élevé à quelque 351 milliards de dollars en 2014 . Pour le Journal de Montréal qui reprend une dépêche de l’Agence QMI du 17 décembre 2015 la situation au Québec est pour le moins notable sur ce registre: « Bien que 20,2 % des contribuables québécois aient déclaré des dons de bienfaisance en 2013, une proportion supérieure à celle des provinces de l’Atlantique, du Nunavut et des territoires, leur don moyen est de 735 $, le plus bas au pays, indique une étude de l’Institut Fraser ». En comparaison, en France, on parle de 22 % des citoyens qui déclarent donner aux associations au moins une fois l’an (Gallopel-Morvan et al., 2008). Pour le journal Les Affaires du 16 décembre 20133: « Malgré les nombreuses campagnes de sensibilisation et la présence d’organismes de charité bien connus dans la province, les Québécois demeurent parmi les moins généreux en Amérique du Nord. La tendance de fond des dons de charité n’a rien d’encourageant ». Il devient clair, en tous les cas pour ce qui est du Québec, qu’il y a un travail important à faire auprès des citoyens, donateurs potentiels.
Bien entendu, avant d’affirmer que les Québécois sont des gens qui ne sont pas de nature généreuse, il serait judicieux d’entreprendre de rigoureuses études sur le sujet. Question de déconstruire rapidement l’argumentaire, regardons le taux d’imposition sur le revenu de la province qui place le Québec au 2e rang mondial derrière le Danemark comme étant l’endroit le plus imposé au monde (sur cet aspect). En effet, selon Luc Godbout, titulaire de la Chaire en fiscalité et en finances publiques de l’Université Sherbrooke et TVA Nouvelles en date du 13 janvier 2017, la province a un résultat élevé de 37,6 % d’imposition lorsqu’on prend en compte les taxes de consommations, scolaires, foncières et autres. En moyenne, les Québécois sont très imposés, mais outre les taxes foncières, il y a pire ailleurs dans le monde. Le taux d’imposition explique plusieurs excuses ou raisons énumérées pour expliquer l’absence de don. Pensons notamment à : « je n’ai pas assez d’argent» ou encore « c’est au gouvernement de les aider. » Ces arguments qu’on entend souvent sont bien entendu légitimes, mais seulement à un certain point .
1. Introduction |