La biodiversité végétale au service des ingrédients naturels

L’industrie cosmétique est un secteur dynamique porté par le marketing et l’innovation pour proposer des produits toujours plus novateurs, performants et ciblés. Elle est en progression constante avec une croissance du marché cosmétique mondial de l’ordre de 4,0 % en 2016, et une augmentation de l’ordre de 20 % des ventes en ligne. Les consommateurs, quant à eux, s’intéressent de plus en plus à la composition des produits qu’ils achètent.

Les études scientifiques et enquêtes d’associations de consommateurs remettant en cause l’innocuité de certains composants se multiplient depuis le début des années 2000. Les conservateurs synthétiques tels que les parabènes, le triclosan ou encore le phénoxyéthanol, utilisés pour leur efficacité et leur faible coût, font partie des ingrédients cosmétiques pointés du doigt. Cela pose une véritable problématique aux fabricants de produits cosmétiques, qui se voient obligés d’adapter leurs formulations pour proposer des alternatives considérées comme sûres aux consommateurs.

Dans un autre registre, une des thématiques d’urgence au niveau mondial d’un point de vue environnemental et dans une optique de développement durable, est la protection de la biodiversité. Le concept de hotspot s’applique aux zones possédant une richesse spécifique exceptionnelle et une forte perte de biodiversité. Ces points chauds de biodiversité sont au nombre de 35 répartis sur tout le globe et représentent des zones sensibles dont la diversité écologique est en danger, qu’il est nécessaire de préserver. Un de ces hotspots se trouve en partie sur le territoire français : le bassin méditerranéen. Représentant seulement 2 % de la surface terrestre, il concentre pas moins de 20 % de la flore totale mondiale.

La conservation des produits cosmétiques

Introduction à la réglementation cosmétique européenne

Selon l’article L5131-1 du Code de la Santé Publique, « on entend par produit cosmétique toute substance ou mélange destiné à être mis en contact avec les diverses parties superficielles du corps humain, notamment l’épiderme, les systèmes pileux et capillaires, les ongles, les lèvres et les organes génitaux externes, ou avec les dents et les muqueuses buccales, en vue, exclusivement ou principalement, de les nettoyer, de les parfumer, d’en modifier l’aspect, de les protéger, de les maintenir en bon état ou de corriger les odeurs corporelles ».

Avec une croissance de 3,9 % en 2015, le marché mondial de la cosmétique est estimé à plus de 200 milliards d’euros6. Le marché européen est estimé à lui seul à 77 milliards d’euros par Cosmetics Europe, ce qui en fait le premier marché mondial. L’industrie cosmétique européenne est également la plus active au niveau mondial en termes d’exportation, et constitue ainsi un secteur clé pour l’économie européenne. Avec une offre toujours plus innovante en réponse aux besoins des consommateurs et un marketing de plus en plus stratégique, il est aujourd’hui devenu presque impossible de se passer de produits cosmétiques.

En effet, qu’il s’agisse de produits pour la peau (crèmes, lotions, solaires, maquillage), de produits d’hygiène (savons de toilette, déodorants), de produits capillaires (shampooings, colorants, laques) ou encore de parfums, chacun d’entre nous, à tout âge, en est consommateur à dose plus ou moins importante. La sécurité du consommateur est donc un enjeu crucial pour les fabricants cosmétiques, et les produits cosmétiques font aujourd’hui partie des produits de consommation les plus contrôlés et réglementés.

Ainsi, le Code de la Santé Publique encadre leur mise sur le marché au moyen de dispositions s’inscrivant dans le règlement cosmétique (CE) n°1223/2009 du Parlement européen et du Conseil du 30 novembre 2009, entré en vigueur en 2013 et applicable aux 28 pays de l’Union européenne et à quatre pays de l’Association Européenne de Libre Echange (la Suisse, la Norvège, l’Islande et le Liechtenstein). Les produits cosmétiques ne sont pas soumis à une autorisation préalable de mise sur le marché, contrairement aux médicaments.

En revanche, le fabricant ou le responsable de la mise sur le marché doit tout de même s’assurer de la sécurité de ses produits et tenir à disposition des autorités de contrôle nationales un dossier technique appelé DIP (Dossier d’Information sur le Produit cosmétique) répondant aux exigences législatives réglementaires. Selon le règlement cosmétique, ce dossier doit également être conservé dix ans après la mise sur le marché du dernier lot d’un produit cosmétique. Des listes « négatives » de substances interdites, ou règlementées , et des listes « positives » de substances autorisées comme colorants , conservateurs  et filtres ultraviolets sont également prévues par la réglementation et mises à jour régulièrement par les instances européennes.

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La liste complète des ingrédients, selon leur dénomination INCI (International Nomenclature of Cosmetic Ingredients, Nomenclature internationale des ingrédients cosmétiques) doit figurer sur l’étiquette de chaque produit cosmétique dans l’ordre décroissant de leur concentration lorsque celle-ci est supérieure à 1 % du produit fini. Pour les ingrédients présents en concentration inférieure à 1 % du produit fini, l’ordre d’apparition peut être aléatoire. La nomenclature INCI a été initiée aux Etats-Unis dans les années 1970 et est obligatoire dans l’Union Européenne depuis 1999. Elle est standardisée dans tous les pays utilisant la dénomination INCI à travers le monde afin d’assurer une certaine transparence de produits souvent commercialisés à l’échelle internationale, d’autant plus qu’elle répertorie actuellement plus de 16 000 ingrédients.

Concernant la fabrication des produits cosmétique, chaque étape doit être effectuée selon les BPF (Bonnes Pratiques de Fabrication) définies par la norme NF EN ISO 22716 créée en 2008, afin d’assurer un niveau de qualité constant et homogène9. En somme, une réglementation stricte et un engagement sans faille des fabricants sont deux facteurs complémentaires permettant de garantir une parfaite innocuité des produits cosmétiques ainsi que la sécurité du consommateur.

Enfin, peu importe la formulation réalisée (crème, lotion, émulsion, etc.), la composition d’un produit cosmétique est toujours la même10 : tout d’abord, les excipients constituent la base du produit (jusqu’à 90 % de la formule) et lui confèrent sa texture et son aspect physique. Ils servent également à véhiculer le ou les principe(s) actif(s), dont la concentration totale dans la formule peut aller de 1 % pour des actifs synthétiques à 70 % pour des actifs naturels. Le choix des excipients est déterminant pour la qualité et l’efficacité des produits, d’autant plus qu’un excipient peut également jouer le rôle de principe actif, lorsqu’il s’agit par exemple d’une huile végétale riche en acides gras et vitamines .

Table des matières

INTRODUCTION GÉNÉRALE
CHAPITRE I ÉTUDE BIBLIOGRAPHIQUE : DE L’INDUSTRIE COSMÉTIQUE À LA BIODIVERSITÉ VÉGÉTALE –INTRODUCTION AU PROJET « NATUBAVAL»
1. La conservation des produits cosmétiques
1.1. Introduction à la réglementation cosmétique européenne
1.2. Les conservateurs antimicrobiens
1.2.1. La contamination des produits cosmétiques par les micro-organismes
1.2.2. Rôle et mode d’action des conservateurs antimicrobiens
1.2.3. Les conservateurs autorisés
1.3. Les conservateurs antioxydants
1.3.1. L’oxydation en cosmétique : introduction et définitions
1.3.2. Rôle, mode d’action et exemples d’antioxydants
1.3.3. Les controverses liées aux antioxydants de synthèse
1.4. Les alternatives naturelles aux conservateurs synthétiques
1.4.1. Les huiles essentielles
1.4.2. Les extraits naturels obtenus à l’aide de solvants
1.4.3. Les huiles végétales
1.4.4. Intérêt des alternatives issues du monde végétal
1.5. Méthodes d’évaluation de l’activité antimicrobienne et antioxydante de produits naturels et de la conservation des produits cosmétiques
1.5.1. Évaluation de l’activité antimicrobienne
1.5.2. Évaluation de l’activité antioxydante de produits naturels
1.6. Évaluation de l’efficacité d’un système de conservation cosmétique
1.7. Quelles autres solutions pour la conservation des cosmétiques ?
1.8. La cosmétique « bio »
2. La biodiversité végétale : quels enjeux pour la préserver et quel intérêt dans l’industrie cosmétique ?
2.1. Introduction à la biodiversité
2.2. Les « hotspots » de biodiversité : origine et évolution
2.3. Le Bassin méditerranéen : un « hotspot » aux ressources exceptionnelles
3. Le projet « NATUBAVAL »
3.1. La genèse du projet
3.2. Les objectifs, acteurs et partenaires du projet
3.3. Les objectifs des travaux réalisés dans le cadre de cette thèse
CHAPITRE II RECHERCHE DE NOUVEAUX EXTRAITS NATURELS AUX PROPRIÉTÉS CONSERVATRICES
1. Présélection des espèces végétales d’intérêt
2. Extraction des matières premières végétales
3. Empreinte chromatographique des extraits bruts
3.1. Analyse des extraits bruts par HPLC-ELSD-DAD
3.2. Analyses des extraits bruts par HPTLC
3.2.1. Analyse des composés phénoliques
3.2.2. Analyse des terpénoïdes
4. Évaluation biologique des extraits bruts
4.1. Activité antimicrobienne
4.1.1. Évaluation de l’activité antimicrobienne par spectrophotométrie
4.1.2. Évaluation de l’activité antimicrobienne d’une sélection d’extraits bruts contre A. brasiliensis par HPTLC-EDA
4.2. Activité antioxydante
4.2.1. Détermination de la teneur en phénols totaux : indice de Folin-Ciocalteu
4.2.2. Détermination de la capacité antioxydante : test DPPH
4.2.3. Évaluation de l’activité antioxydante d’une sélection d’extraits bruts par HPTLC-EDA
5. Sélection des extraits d’intérêt
CONCLUSION GÉNÉRALE

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