L’anxiété et les troubles anxieux
Cette section concerne l’ anxiété, les troubles anxieux, leur prévalence, les traitements actuels ainsi que les limites à leur efficacité.
Définition et prévalence
L’ anxiété est décrite comme un sentiment d’appréhension, d’ anticipation, de tension ou de malaise concernant un événement menaçant, mais indéterminé. Il s’agit d’une émotion diffuse, déplaisante et persistante qui implique un état de vigilance élevée face aux différents stimuli internes et externes (Larivey, 2002). L’ émotion de peur y est souvent associée, celle-ci se présentant sous forme de montées émotives rapides déclenchées par des stimuli clairement identifiés. Malgré qu’ il s’agisse d’émotions normales, en faire l’ expérience de façon intense et prolongée peut être fortement invalidant, tel qu’ en témoigne le dysfonctionnement associé aux troubles anxieux (Rachman, 2004; Rouillon, 2008). Sur le plan diagnostique, les troubles anxieux représentent une catégorie diagnostique du Manuel diagnostique el statistique des troubles mentaux (DSM-5; American Psychiatric Association [APA], 2013). Ils incluent le trouble d’ anxiété de séparation, le mutisme sélectif, la phobie spécifique, le trouble d’anxiété sociale (TAS), le trouble panique (TP), l’ agoraphobie, le trouble d’ anxiété généralisée (TAO) et le trouble anxieux non spécifié (APA, 2013). Les individus souffrant d’ un trouble anxieux sont généralement excessivement peureux, anxieux ou évitants face à des menaces perçues dans l’ environnement (ex. : situations sociales ou lieux non familiers) ou à des menaces internes (ex. : sensations physiques inhabituelles). Leurs réactions à ces menaces perçues sont disproportionnées par rapport au danger réel. Ils sont donc envahis quotidiennement par une peur ou de l’ anxiété marquée, persistante et associée à un important dysfonctionnement social, occupationnel ou autre (Craske & Stein, 2016).
Les troubles anxieux constituent la catégorie de troubles de santé mentale la plus prévalente (Stein, Scott, de longe, & Kessler, 2017). Selon une revue systématique de la littérature internationale ( 44 pays) publiée sur l’anxiété entre 1980 et 2009, la prévalence actuelle des troubles anxieux est estimée à 7,3 % (4,8 – 10,9 %). Cette prévalence varie de 5,3 % (3 ,5 – 8,1 %) dans les cultures africaines à 10,4 % (7,0 – 15,5 %) dans les cultures européennes et américaines (Baxter, Scott, Vos, & Whiteford, 2013). Plusieurs études font également état des répercussions négatives des troubles anxieux sur la qualité de vie (Cramer, Torgersen, & Kringlen, 2005; Mendlowicz & Stein, 2000; Olatunji, Cisler, & Tolin, 2007). Notons notamment la perturbation sommeil, le rétrécissement, parfois marqué, des activités envisageables (sortir de chez soi, engager des conversations, etc.) et la chronicisation entraînant des conduites addictives ou des troubles de l’humeur (Rouillon, 2008) .
Trois troubles anxieux répertoriés chez l’adulte méritent une attention particulière compte tenu de leur importante prévalence, soit le TAS, le TP et le T AG, avec des prévalences respectives de 7 %, 2 à 3 % et 2,9 % selon le DSM-5 (APA, 2013). Le TAS est caractérisé par une peur d’ être jugé négativement par autrui lors de situations sociales ou de performance. Comme ces situations sont la source d’une très grande anxiété, les personnes atteintes ont tendance à les éviter ou à y faire face avec une grande détresse. Par ailleurs, le trouble panique (TP) se distingue des autres troubles anxieux par la brève durée des crises et par leur intensité. Il se définit par la survenue inattendue d’ états de panique accompagnés de symptômes physiques et cognitifs. Le trouble d’ anxiété généralisée (T AG), quant à lui, se caractérise par des inquiétudes chroniques présentes la majorité du temps pendant au minimum six mois par rapport à plusieurs évènements ou sphères de vie (APA, 1994, 2013).
Devant l’ampleur de la problématique, des traitements psychothérapeutiques ont été développés pour les individus présentant des troubles anxieux. Certains traitements jouissent maintenant d’ un fort appui empirique sur le plan de leur efficacité dans la réduction des symptômes anxieux. Une partie de la littérature concernant les traitements thérapeutiques classiques pour les troubles anxieux est présentée ci-dessous. Leurs limites sont également abordées dans la prochaine section.
Traitements actuels
Les études d’efficacité ont accordé à la thérapie cognitive et comportementale (TCC) le statut de traitement de choix pour les troubles anxieux. En effet, la Division 12 de l’Association Américaine de Psychiatrie, faisant état des traitements basés sur les données probantes, souligne l’appui empirique robuste (well-established) disponible pour la TCC dans le traitement de l’anxiété, notamment du TAS, du TP et du T AG (AP A Presidential Task Force on Evidence-Based Practice, 2006). Certaines méta-analyses exposant son efficacité sont abordées à la suite de la présentation et de la conceptualisation de la TCC.
L’approche cognitive et comportementale est communément présentée selon trois grandes vagues théoriques. La première vague, prenant racine dans les années 1950, correspond aux techniques strictement comportementales basées sur les principes d’apprentissage et de conditionnement. La deuxième vague, la TCC dite « traditionnelle » ou « classique », fait référence à J’ introduction des modèles cognitifs aux techniques comportementales (Chaloult & Ngo, 2008). Il est à noter que J’utilisation de J’ acronyme TCC dans cet essai fait référence aux deux premières vagues de l’approche. La troisième vague sera présentée dans Jes sections subséquentes.
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