JEU DES ACTEURS AUTOUR DES PROJETS D’AMENAGEMENT
L’analyse de ce tableau montre une certaine interaction entre les différents acteurs. L’Etat occupe une place centrale avec une forte influence sur les prises de décisions même si la collectivité locale en tant que démembrement à son mot à dire sur certaines décisions. En pratique, les collectivités locales n’ont que très peu de pouvoir décisionnel, quasiment aucune autonomie financière et elles n’ont pas la main sur leur budget. Si leur compétences sont limitées, il en va de même de leur autonomie financière. Plus de la moitié de leurs ressources proviennent des subventions dispensées par l’Etat. Ce dernier est l’administrateur principal du patrimoine foncier national dont le mode de gestion repose sur l’affectation et la désaffectation. Toutefois, l’Etat reconnait que la gestion des terres et des ressources naturelles ne peut pas se faire efficacement sans la participation des populations à travers leur collectivité locale.
La stratégie des acteurs et leurs influences les uns par rapport aux autres
Concernant les chefs coutumiers, l’existence de villages traditionnels justifie et légitime d’une certaine manière leur modèle d’organisation sociale et politique ainsi que leur système de contrôle et de gestion des terres coutumières. Les acteurs usagers que sont les habitants ont un rôle à jouer pour la mise en adéquation des décisions politiques concernant la ville et les pratiques et besoins des usagers. La ville est par définition un espace dans lequel se concentrent les activités économiques, sociales et culturelles. C’est aussi un lieu de vie dynamique et un centre de gravité de pouvoirs et synergies multiples entre acteurs. L’interaction qui va s’établir entre l’Etat, les collectivités locales, les acteurs coutumiers et les promoteurs immobiliers, aura un impact sur le devenir de la ville. Ainsi en intégrant les représentations et les pratiques citadines de l’espace dans l’élaboration des projets d’aménagement urbain, les pouvoirs publics éviteraient de replonger dans l’échec des projets d’aménagement des villes des dernières décennies et le déphasage de ces projets avec l’imaginaire populaire. Aujourd’hui, il n’est plus question de transposer un modèle urbain donné, mais d’adapter les règles modernes d’urbanisme à la réalité locale.
Les pouvoirs publics sont conscients à l’heure actuelle qu’ils ne peuvent maitriser tout seul la problématique du développement social en milieu urbain et qu’ils doivent trouver les voies et les moyens nécessaires pour la participation des citadins à la gestion de la cité et des projets d’aménagement. Pour un aménagement durable participatif, il faut une réelle volonté politique de l’Etat avec des moyens pour la prise en charge de l’aménagement des zones à construire et la mise en place de structures spécialisées dans les aménagements composées de tous les acteurs. La gestion participative des projets d’aménagement a comme but final, la recherche d’un mode de bonne gestion ou ce que l’on peut appeler une gouvernance appropriée et intelligente.
La question du foncier
Les dynamiques de peuplement, dans un contexte de transition démographique, accroissent la pression sur l’espace et les ressources et complexifient davantage la problématique foncière que les pouvoirs publics n’ont su dénouer malgré les différentes reformes mises en œuvre. Or, l’intensification de la pression foncière rend plus difficiles les ajustements spatiaux, aiguise la concurrence entre les différents types de mise en valeur de la terre et, partant, crée de nouvelles situations sociales potentiellement conflictuelles45. L’arsenal en matière foncière au Sénégal était constitué par des règles d’origine coloniale jusqu’à l’intervention de la loi 64-46 du 17 juin 1964. En effet, le législateur français, par diverses lois, a voulu imposer, délibérément ou par ignorance, des conceptions propres aux capitalistes à un pays dont la très Le Sénégal a connu une organisation foncière et spatiale bien avant la colonisation. A la conception traditionnelle, s’est greffé un système moderne basé sur un certains nombre de règlements et de principes. Le foncier occupe une place importante dans la production de l’habitat. Il est à l’origine également de la plupart des blocages et des difficultés qui affectent la gestion des villes d’Afrique subsaharienne. Il s’agit d’une situation paradoxale, puisque dans la majorité des pays, la puissance publique dispose précisément du monopole de Le foncier est un enjeu crucial à Dakar notamment à la périphérie. Sa gestion doit être située dans une perspective globale, car de son utilisation rationnelle dépendent les perspectives de développement des territoires. Dans un contexte de pénurie de terres, il est important de s’assurer que l’utilisation de ces terres ne dépende du bon vouloir des pouvoirs locaux conjoncturels. La pression foncière ira en s’accentuant s’il n’existe pas une réelle volonté politique de juguler ce problème. Malheureusement, les actes posés, tant par les populations que les autorités étatiques ou les pouvoirs locaux, laissent penser que le rapport que nous entretenons avec le foncier se décline plus en termes de confrontation qu’en termes de négociation ou de concertation. Chaque groupe social essaie de s’accaparer les ressources en fonction de son positionnement sur l’échiquier politique et social, de sa capacité de négociation. Cette situation n’est pas de nature à stabiliser et à permettre un développement économique et social optimal de la ville.