Généralités sur les pucerons
Les pucerons, comptent parmi les ravageurs les plus importants à l’échelle mondiale (Van Emden et Harrington, 2007). Ils nuisent aux plantes cultivées selon deux mécanismes. Tout d’abord, les pucerons consomment la sève élaborée circulant dans le phloème des plantes et privent ainsi ces dernières de substances nutritives essentielles à leur développement (Fievet et al. 2007 ; Giordanengo et al., 2007). Les pucerons, sont également vecteurs de viroses, induisant des perturbations physiologiques plus ou moins nocives au sein des plantes (Nault, 1997 ; Dedryver, 2007). Ils possèdent de grandes aptitudes à coloniser et à exploiter les paysages agricoles, avec un vol actif et passif pour les formes ailées et un mode marcheur pour les aptères, qui leur permettent de se disperser au sein du paysage (Feng et al., 2007). Au Sénégal 18 espèces de pucerons ont été inventorié par CŒUR D’ACIER en (2012). D’après Schmidt et al. (2004), les pucerons sont attaqués par une large gamme d’auxiliaires. Les parasitoïdes représentent un groupe important pour le contrôle des pucerons. Environ 400 espèces de parasitoïdes ont été décris dans le monde (Minks et al., 1987). A ce titre, plusieurs familles d’insectes prédateurs et parasitoïdes peuvent contrôler les populations de pucerons, principalement les Coccinelles (Coleoptera: Coccinellidae), les Syrphes (Diptera: Syrphidae), les Chrysopes (Neuroptera: Chrysopidae), les micro-hyménoptères appartenant à la famille des Braconidae et des Aphelinidae et les Eulophidae.
Caractéristiques morphologiques des pucerons
Les pucerons sont des insectes au tégument mou. Leur taille varie de 2 à 4 mm avec un corps oval un peu aplati (Quarles et al., 2002). Selon COLLINGWOOD et al., (1981) les pucerons ont des longueurs qui peuvent varier de 1,5 à 2,5 mm, sont souvent de forme globuleuse et peuvent coloniser les cultures en quelques jours. Les pucerons sont subdivisés en trois parties bien distinctes : la tête, le thorax et l’abdomen.
La tête : Chez les pucerons, la tête est généralement bien séparée du thorax chez les formes ailées, alors que chez les aptères elle est plus dans la continuité du corps. La tête porte des critères importants pour l’identification : les antennes, le front et le rostre (Evelyne et al., 2015). La tête comporte également deux antennes de 3 à 6 articles et de longueur très variable, insérés directement sur le front ou les tubercules frontaux plus ou moins proéminentes. Certains articles antennaires possèdent des organes sensoriels appelés les sensoria, leur partie distale amincie est nommée fouet ou processus terminalis à l’arrière de l’œil composé (Fraval, 2006).
Le thorax : Le thorax comprend trois segments : le prothorax, le mésothorax et le métathorax. Chez les aptères, ces segments sont de taille progressivement croissante. Chez les ailés, le thorax est plus développé et plus sclérifié, surtout le mésothorax qui contient les muscles des ailes. Suivant la position des ailes au repos le mésothorax a une forme différente. Les ailes relativement grandes et disposées au repos au-dessus de l’abdomen soit : verticalement (cas le plus fréquent), ou horizontalement (Evelyne et al., 2015). Chez la plupart des espèces de pucerons coexistent des formes adultes ailés et des formes adultes aptères.
D’après Bregitzer et al., (2005), chez certaines espèces de pucerons la nervation des ailes peut être caractéristique ; les ailes antérieures présentent plusieurs nervures. A l’exception de la nervure médiane qui se manifeste chez la plupart des espèces, ce sont toutes des nervures simples. Selon Godin et Boivin (2000), la nervation peut être non ramifiée, ramifiée une seule fois ou deux fois. L’abdomen : L’abdomen des pucerons peut être brillant, mat ou recouvert d’une sécrétion cireuse plus ou moins abondante. Il peut être allongé, rond, fuselé ou aplati. Chez les ailés, l’abdomen est bien différencié du thorax. Il comprend 10 segments plus ou moins bien marqués. Le dernier forme la cauda. A la jonction des segments V et VI se trouve des cornicules. A l’extrémité de la face ventrale, se situe la plaque génitale et la plaque anale. La forme de l’abdomen est différente suivant les espèces (Evelyne et al., 2015). D’après Bregitzer et al., (2005), les cornicules sont souvent absents chez certains genres et parfois même selon les stades au sein d’une même espèce. Selon Fredon (2008) le dernier segment abdominal (le 10e) forme la queue ou cauda qui est plus ou moins développée et de formes variables selon les espèces.
Les dégâts causés par les pucerons
Les dommages imputables aux pucerons sont de différents ordres et de différentes natures. Ils sont produits à tous les stades de la culture des plantes, quelles que soient les superficies qu’elles couvrent (Evelyne et al., 2015). Ils sont à l’origine de pertes considérables sur les spéculations cultivées. Qubbaj et al. (2005) classent les dégâts causés par les pucerons en deux types : les dégâts directs et les dégats indirects.
Les dégâts directs
Les dégâts directs sont dus soit aux prélèvements de sève opérés par les pucerons soit à la toxicité de leur salive.
Les dégâts directs dus au prélèvement de la sève. Ils correspondent à la simple prise de nourriture. Les pucerons, se nourrissent en prélevant et en absorbant la sève de leur hôte. La plante attaquée s’affaiblit, végète, flétrit et peut finir par sécher complètement. Les dégâts se manifestent, selon le stade de la plante, par une moindre croissance (« court-noué » chez les arbres fruitiers), une mauvaise fructification (avortement des fruits) ou une diminution du nombre des grains (perte de rendement). Le dégât sera fonction de la durée de présence et de la quantité de pucerons sur la plante pour chaque stade de développement de celle-ci, et du degré de sensibilité de ce dernier aux pucerons (Evelyne et al., 2015). Les dégâts directs dus aux sécrétions salivaires. La salive des pucerons a une action irritative et toxique : le végétal réagit aux piqûres d’alimentation et à la présence de salive, souvent de façon spécifique. Il peut s’agir de déformations de feuilles, celles-ci se plient, se plissent, s’enroulent, se recroquevillent, se gaufrent, se crispent, s’épaississent, se cloquent, se boursouflent, ondulent, changent ou non de couleur. Parfois les pousses se rabougrissent, se tordent, les entre-nœuds sont courts, les fleurs avortent et se dessèchent, les feuilles tombent, les fruits bosselés grossissent mal et manquent de saveur. Enfin des chancres apparaissent sur les rameaux ou sur les racines, des galles se forment sur les feuilles ou sur les tiges (Evelyne et al., 2015).
Les dégâts indirects
Les dégâts indirects causés par les pucerons sont de deux types : Les dégâts indirects dus aux miellat et à la fumagine La sève élaborée des plantes-hôtes est riche en sucre mais pauvre en acides aminés, éléments essentiels pour la croissance. Les pucerons doivent ingérer de très grandes quantités de sève pour subvenir à leur besoin en protéines. Le produit de la digestion, très riche en sucre divers (mono, di et tri saccharides), s’accumule dans la partie dilatée du rectum avant d’être rejeté à l’extérieur, gouttelettes après gouttelettes (miellat). Sur ce milieu de culture très favorable, se developpent des champignons saprophytes (fumagines), qui diminuent les capacités photosynthètiques de la plante ou souillent les parties consommables (fruits par exemple) et les rendent impropres à la commercialisation (Evelyne et al., 2015).
Les dégâts indirects dus à la transmission de virus : Les pucerons occupent un rôle de premier plan dans la dissémination des maladies virales, tant par le nombre de virus qu’ils sont susceptibles de transmettre que par le nombre d’espèces impliquées. Près de 200 espèces d’aphides ont été reconnues vectrices (Evelyne et al., 2015). Du fait de leur capacité à se déplacer d’une plante à une autre, les pucerons créent des contacts entre les plantes (Brault et al., 2010). Ceci a été exploité efficacement par les virus pour se mouvoir d’une plante à une autre. Selon Evelyne et al., (2015) Myzus persicae Sulzer, est capable, à elle seule, de transmettre plus de 120 maladies virales. Il n’est pas exagéré d’affirmer que les pucerons sont plus dangereux lorsqu’ils transmettent des virus que lorsqu’ils prélèvent la sève de leur hôte.
Rôle des ennemis naturels sur la régulation des populations de pucerons
D’après Schmidt et al. (2004), les pucerons sont attaqués par un large éventail d’auxiliaires. Les ennemis naturels courants des nuisibles sont les prédateurs, les parasitoides et les entomopathogènes.
Les prédateurs : Les prédateurs sont des ennemis naturels qui tuent et empêchent la propagation des nuisibles en les attaquant et en se nourissant de leur substance. Ils appartiennent à divers groupes taxonomiques et possèdent pour la plupart une très large spécificité (Deguine et Leclant 1997). Parmi les prédateurs nous avons : Les Coccinelles (larves prédatrices et adultes prédateurs); Les Syrphes (larves seulement prédatrices); Les Chrysopes (larves seulement prédatrices).
Les parasitoïdes : La femelle pond un œuf dans le corps du puceron. Le développement de la larve se passe en quatre étapes, qui se déroulent dans le corps du puceron. Le puceron parasité est appelé momie : il se fige, gonfle et prend une couleur jaune dorée. Le parasitode quitte la momie par un trou de sortie appelé Opercule. Les pucerons parasités ne meurent pas tout de suite. Ils ne mangent plus et ne secrètent plus de miellat, mais peuvent transmettre des maladies virales jusqu’à l’éclosion de l’œuf de l’hyménoptère (Reboulet et al., 1999).
Les pathogènes : D’après Deguine et Leclant (1997), ce sont essentiellement des champignons phycomycètes appartenant au groupe des antomophtorales, qui sont susceptibles de déclencher des épizooties spectaculaires.
Lutte contre les pucerons
Lutte préventive : Elle se base sur les différentes pratiques culturales et l’entretien de la culture car l’enfouissement pendant l’hiver de plantes ayant reçu des œufs d’hiver ainsi que la destruction par des hersages ou sarclages des plantes sauvages susceptibles d’héberger des espèces nuisibles aux plantes cultivées au début du printemps (Lambert 2005 ; Wang et al., 1999).
Lutte curative : Elle est essentiellement constituée de trois luttes qui sont : La lutte chimique : D’après Ferrero (2009), l’utilisation des pesticides reste le moyen le plus largement utilisé et le plus efficace aujourd’hui pour réduire les dégâts d’insectes.
La lutte biotechnique : Ce moyen de lutte est basé sur le comportement de certains insectes qui sont attirés par différents attractifs visuels (couleurs) ou olfactifs (aliments, phéromones). Ces couleurs et ces substances peuvent être utilisés pour le piégeage de masse, le piégeage d’avertissement ou des traitements par tâches (Ryckewaert et Fabre, 2002).
La lutte biologique : D’après l’organisation internationale de la lutte biologique contre les animaux et les plantes nuisibles l’O.I.L.B (1971) ; (Hautier, 2003 ; Lambert, 2005 ; Maisonhaute, 2009), la lutte biologique est l’utilisation des organismes vivants (insectes, bactéries, nématodes,…) ou de leurs dérivés pour contrôler les populations de nuisibles et empêcher ou réduire les pertes ou dommages causés aux cultures. Dans cette lutte biologique des produits naturels sont aussi utilisés tels que : l’huile de Neem, le Kaolin et le Bt (Bacillus thuringiensis).
Table des matières
Introduction
CHAPITRE I : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
I.1. Généralités sur les pucerons
I.1.1. Systématique
I.1.2. Caractéristiques morphologiques des pucerons
I.1.2.1. La tête
I.1.2.2. Le thorax
I.1.2.3. L’abdomen
I.1.3. Biologie
I.1.4. Reproduction
I.1.5. Cycle biologique
I.2. Les dégâts causés par les pucerons
I.2.1. Les dégâts directs
I.2.1.1. Les dégâts directs dus au prélèvement de la sève
I.2.1.2. Les dégâts directs dus aux sécrétions salivaires
I.2.2. Les dégâts indirects
I.2.2.1. Les dégâts indirects dus aux miellat et à la fumagine
I.2.2.2. Les dégâts indirects dus à la transmission de virus
I.3. Alimentation des pucerons
I.4. Mode de dispersion
I.5. Rôle des ennemis naturels sur la régulation des populations de pucerons
I.5.1. Les prédateurs
I.5.2. Les parasitoïdes
I.5.3. Les pathogènes
I.6. Lutte contre les pucerons
I.6.1. Lutte préventive
I.6.2. Lutte curative
I.7. Généralités sur quelques espèces de pucerons et de leurs auxiliaires
I.7.1. Lipaphis pseudobrassicae
I.7.2. Myzus persicae (Sulzer, 1776)
I.8. Généralités sur le chou (Brassica oleracea)
I.8.1. Description et origine
I.8.2. Importance du chou
I.8.3. Exigences pédoclimatiques
I.9. Généralités sur le navet (Brassica rapa)
I.9.1. Description et origine
I.9.2. Importance du navet
I.9.3. Exigences pédoclimatiques
I.10. Généralités sur le radis (Raphanus sativus)
I.10.1. Description et origine
I.10.2. Importance du radis
I.10.3. Exigences pédoclimatiques
CHAPITRE II : MATERIELS ET METHODES
II.1. Présentation de la zone d’étude
II.2. Matériel
II.2.1. Matériel biologique
II.2.2. Matériel d’échantillonnage
II.3. Méthodes
II.3.1. Préparation de la parcelle d’expérimentation
II.3.1.1. Préparation des pépinières
II.3.1.2. Repiquage des pépinières et semis direct sur les parcelles
II.3.1.3. Entretien de la culture
II.3.2 Dispositif expérimental
II.3.3 Méthode d’échantillonnage
II.3.4 Suivi Au laboratoire
II.4. Analyses statistiques
CHAPITRE III: RESULTATS ET DISCUSSION
III.1. Résultats
1.1. Inventaire des pucerons et leurs auxiliaires sur le chou pommé, le navet et le radis à
sangalkam, gorom et mbawane
1.2. Relation entre la dynamique des populations de Lipaphis pseudobrassicae, leurs predateurs
et la température à Gorom
1.3. Relation entre les prédateurs et les différents stades de développement de L.pseudobrassicae
III.2. Discussion
Conclusion et perspectives
Références bibliographiques
Annexes