Dans les pays du Sud, la forte croissance démographique et l’urbanisation galopante contribuent à une demande croissante et urgente en protéines animales. Faisant partie des pays les plus pauvres, Madagascar n’échappe pas au problème de mal nutrition. La plupart de la population relève des produits de pêche et d’aquaculture, 20 kg par habitant par an (CAYRE et LEGALL., 1998), pour se procurer des sels minéraux, des vitamines et notamment des protéines.
Subjugué actuellement par son effort de développement, le secteur pêche est l’un des moteurs majeurs pour un essor économique du pays. La grande île dispose des potentialités halieutiques marines de plus de 250 000 tonnes par an, dans la ZEE (Zone Economique Exclusive) de 1 400 000 km² alors que la production actuelle est encore de l’ordre de 75 000 tonnes (CAYRE et LE GALL, 1998). Ce sont les stocks de poissons démersaux, des petits et grands pélagiques qui sont généralement sous-exploités. La pêche de ces gammes de poissons est appelée à se développer afin de créer une richesse susceptible de renverser la donne économique de la grande île.
Les thons et les espèces associées sont les principales ressources halieutiques exploitées en haute mer. La production la plus élevée est enregistrée dans l’Océan Pacifique puis, loin derrière, l’Océan Atlantique et dans l’Océan indien. Le Listao (Katsuwonus pelamis) représente environ 50% de ce total, avec 2 millions de tonnes en 2002. Il devient ainsi la troisième espèce la plus capturée, après l’anchois du Pérou (E. ringens) (9,7 millions de tonnes) et le lieu de l’Alaska (Theragra chalcogramma – 2,6 millions de tonnes) (CSIRKE, 2004). Grosso modo, l’Océan indien occidental enregistre des captures marines des principaux groupes d’espèces de l’ordre de 32 millions de tonnes. Les pélagiques en représentent entre 40 et 50 %. Ils sont suivis par les groupes des diverses espèces côtières et crustacés qui en occupent respectivement, entre 10 et 15 % et entre 5 et 8%. Et, les mollusques ainsi que les groupes d’espèces indéterminés complètent les restes (Auteur , 2009). Les captures nominales annuelles des Listao de la partie occidentale de l’Océan indien accusent une fluctuation très nette depuis les années 80. Elles passent de 25 000 tonnes en 1980 à 650 000 tonnes en 2002 . Si la mer somalienne est jugée la plus productive de l’Océan indien occidentale, le canal de Mozambique enregistre des captures nominales en Listao qui n’ont effectivement dépassé les 35 000 tonnes malgré l’introduction des senneurs depuis les années 90 .
Le mot « thon » date de 1393, dérivé du mot latin « thunnus » qui signifie vitesse (MANJARY RELAINJARA, 1985). Ce sont des grands migrateurs qui se déplacent sur des grandes distances, ignorant les frontières des ZEE et des mers internationales , à la recherche de poissons-proies et de températures qui leur conviennent. De point de vue condition climatique, Madagascar est incontestablement situé dans la zone théoriquement favorable à des concentrations de thonidae (SCET international, 1974) étant donné que les eaux équatoriales et tropicales comprises entre les latitudes 40° Sud et 40° Nord sont leurs zones de prédilection (BOIVERT, 1980).
Pour le cas de Madagascar, la pêche aux thons se déroule pour l’essentiel, dans les eaux du nord et celles du canal de Mozambique, hors de la mer territoriale de 12 milles nautiques, notamment pendant la période allant de décembre à juin (CSPM, 2008) . Les thons dits « majeurs », qualifiés d’océaniques, sont des espèces rencontrées au large et qui sont capturées essentiellement par la pêche industrielle. Tandis que, les thons dits « mineurs » et certaines espèces associées, plutôt néritiques, sont ciblés par la petite pêche côtière et les « poissons porte épée», tels que les espadons, voiliers et marlins, eux, intéressent la pêche sportive. Les captures de thons et espèces assimilées de la pêche traditionnelle sont insignifiantes en terme de prises mises à terre globales par rapport à celles de la pêche industrielle (OCEAN CONSULTANT, 2004).
INVENTAIRE DES MODELES ET DES METHODES DE GESTION DES RESSOURCES HALIEUTIQUES
Rappel de la problématique et de l’hypothèse
Beaucoup de problèmes sont énumérés en amont de la question posée dans la problématique, il est impossible de les résoudre à la fois et d’une façon efficiente sans avoir répondu aux problèmes de gestion de la pêcherie. Alors, cette étude a l’ambition d’aider les gestionnaires à optimiser leurs décisions.
Dans l’optique de vérifier le niveau d’exploitation biologique, la modélisation mathématique, via l’outil informatique, s’avère incontournable. Des modèles et des méthodes associées sont proposés successivement, incluant des études épistémologiques qui en découlent. L’objectif de cette étude est, justement, de représenter la situation actuelle de la pêcherie et de son devenir tout en tenant compte des différents paramètres dans la dynamique de stock exploité. La tâche consiste, alors, à bien opter le modèle approprié ou encore à estimer les paramètres qui vont avec, au point de rapprocher la réalité biologique.
Enoncé des modèles et des méthodes
Beaucoup de modèles sont conçus pour traiter ce genre de problème mais deux d’entre eux sont souvent utilisés en l’occurrence le rendement global équilibré et le rendement par recrue (ALLEN, 1966).
En dynamique de population exploitée marine, il est crucial de définir les termes clés entre autres la prise totale, l’effort de pêche,…. Il n’y a aucune difficulté à définir la prise totale Y comme la quantité en poids prélevée sur un stock d’animaux aquatiques pendant une unité de temps. L’année civile est l’unité de temps généralement employée. Elle satisfait d’une part les biologistes qui, chez la plupart des espèces, observent des cycles annuels en relation avec les saisons et les économistes d’autre part, qui travaillent sur des statistiques et des bilans arrêtés tous les douze mois.
Quant aux notions d’effort et de prise par unité d’effort, ils sont intuitifs et aussi anciens que la pêche elle-même. Les récits évangéliques (Jean, XXI : 3-12) nous apprennent que les disciples avaient pêché toute une nuit sans rien prendre et qu’ayant de nouveau jeté leur filet au petit jour sur les indications de Jésus, ils le ramenèrent à terre avec 153 gros poissons.
L’étude d’une pêcherie ou d’un stock exploité nécessite, en effet, le choix d’une unité d’effort adéquate pour évaluer l’impact de la pêche sur le stock. Les prises par unité d’effort sont, en effet, traitées comme des indices d’abondance à partir desquels se calculent les mortalités naturelles et celles dues à la pêche. Si l’ensemble des moyens de pêche est homogène, c’est-à-dire si tous les engins et navires ont des caractéristiques identiques ou très voisines, le choix d’unité d’effort ne présente pas de difficulté théorique. Dans la pratique, l’homogénéité rigoureuse des unités de pêche est loin d’être la règle générale. A Madagascar, beaucoup de pavillons étrangers sont en activité exploitant le Listao dans la partie Ouest. Chaque type de navire comme chaque pavillon opère avec des techniques différentes. Il est difficile, ainsi, d’uniformiser les efforts de pêche y afférents. Il y a une méthode qui exprime les efforts de pêche d’un ensemble de moyens hétérogènes en une même unité, développée par GULLAND (1969): « Lorsque plus d’un groupe de navires exploite une unité de stock, il est généralement difficile, voire impossible, d’exprimer des statistiques d’effort de tous les navires dans les mêmes unités, pour obtenir directement une valeur d’effort total.
I. INTRODUCTION |