INVENTAIRE DE L’HELMINTHOFAUNE DE SARPA
SALPA (LINNAEUS, 1758) (TELEOSTEEN : SPARIDAE)
Généralités sur les Digènes
Les Digènes sont des endoparasites des invertébrés et vertébrés de la classe des trématodes. Ils constituent le groupe le plus large des trématodes avec plus de 2500 genres (Gibson et al, 2002). Ce sont des parasites dont le cycle de développement exige le passage par au moins 2 hôtes (= parasites hétéroxènes). L’hôte définitif qui héberge le parasite adulte, sexué, est un vertébré dont il infeste le tube digestif, le foie, les poumons, la vessie urinaire ; chaque espèce a son habitat particulier dans son hôte et par ailleurs la spécificité parasitaire est très élevée. Le premier (cycle à 3 hôtes) ou l’unique (cycle à 2 hôtes) hôte intermédiaire qui héberge la larve du parasite est un gastéropode ; la larve peut s’y multiplier par voie asexuée. Enfin, un stade d’attente (métacercaire) vit soit dans un second hôte intermédiaire, soit sur un support externe (Beaumont & Cassier, 1978). Ces parasites sont caractérisés par la présence de ventouses musculeuses généralement paires, hémisphériques et dépourvues de crochets, par des orifices génitaux qui s’ouvrent ventralement entre les ventouses et un unique pore excréteur postérieur. Ils ont généralement la forme d’une feuille ovale plus ou moins épaisse. Mais la forme peut varier et le nombre de ventouses peut se réduire à une, voire à zéro. Normalement, la ventouse antérieure entoure la bouche, tandis que la ventouse postérieure, imperforée est appelée acetabulum. La présence de ces deux ventouses en fait des distomiens (Figures 1 et 2) (Marchand, 1994). L’organisation générale des digènes est relativement simple ; ils sont dépourvus d’appendice, d’appareil respiratoire et d’appareil circulatoire mais présente un appareil digestif, un appareil excréteur et un appareil génital mâle et femelle (Beaumont & Cassier, 1978). L’appareil digestif (figure 1) ne présente qu’un seul orifice, la bouche, qui s’ouvre généralement au milieu de la ventouse antérieure. Elle est suivie d’un pharynx musculeux, d’un œsophage et d’un intestin. Ce dernier est généralement bifide et réalise deux caeca, mais il peut dans certains cas être très ramifié. Il n’existe généralement pas d’anus. L’appareil excréteur (figure 1) est constitué de protonéphridies. Les canalicules des cellules flammes se réunissent pour former des canaux plus larges, qui peuvent s’ouvrir indépendamment à l’extérieur (chez la larve) ou s’unir pour former une vessie urinaire, qui s’ouvre par un seul orifice près de l’extrémité postérieure du corps (chez l’adulte). 5 Figure 1 : Représentation schématique du tube digestif et de l’appareil excréteur des trématodes. (D’après Marchand, 1994) Ac = acétabulum, B = bouche, Bi = branche intestinale, Ce = canal excréteur, Cf = cellules flammes, Oe = œsophage, Pe = pore excréteur, Ph = pharynx Les digènes sont le plus souvent hermaphrodites. L’appareil génital male (figure 2) présente généralement deux testicules, mais on peut en trouver plus de cent chez certains schistosomes d’oiseaux. Par contre, la plupart des espèces de la famille de Monorchiidae possède un seul testicule. Le (ou les testicules) est drainé par un canal déférent qui aboutit dans un organe copulateur musculeux et exertile : le cirre. C’est l’équivalent d’un pénis. Il est muni d’une prostate et permet de transférer le sperme à un autre ver ou à la partie femelle du même ver. L’appareil génital femelle (figure 2) est complexe en raison de la dissociation des fonctions vitellogènes et gamétogènes. Il comprend un ovaire suivi d’un oviducte, qui aboutit dans un ootype. La paroi de l’ootype est tapissée par des glandes de Mehlis. Un utérus relie l’ootype au pore génital. L’oviducte porte un réceptacle séminal et communique avec un canal : le canal de Laurer, qui s’ouvre dorsalement. Enfin deux glandes vitellogènes aboutissent à l’ootype par deux vitelloductes. Le canal de Laurer est un canal vestigial. 6 Figure 2 : Représentation schématique de l’appareil génital des trématodes. (D’après Marchand, 1994) Ag = Atrium ou cloaque génital, C = cirre ou pénis, CL = canal de Laurer, GM = glandes coquillères de Mehlis, O = ovaire, Ogf = orifice génital femelle, Oo = ootype, Ov = oviducte, Rs = réceptacle séminal, Rv = réservoir vitellin, Sp = spermiducte, T = testicule, U = utérus, Vd = vitelloducte, Vg = glande vitellogène, Vs = vésicule séminale Le tégument (Figure 3) est recouvert par une fine cuticule et constitué d’une masse cytoplasmique anucléée qui présente des communications avec les cellules épithéliales enfoncées dans le mésenchyme sous-jacent. Ce cytoplasme repose sur une épaisse lame basale qui le sépare du mésenchyme et des muscles. La nutrition se fait par pinocytose au niveau de ce tégument. Il est également associé à la respiration et aux fonctions sensorielles. Les muscles sont lisses. Il existe une couche périphérique de muscles circulaires et une couche interne de muscles longitudinaux. Il existe de plus des muscles dorso-ventraux. 7 Figure 3 : Représentation schématique du tégument des trématodes. (D’après Marchand, 1994) C = cuticule, Ce = cellule épithéliale, Gl = glycocalynx, Lb = lame basale, Mi = mitochondrie, Me = mésenchyme, Mc = muscles circulaires, Ml = muscles longitudinaux, N = noyau, Vp = vacuole de pinocytose.
Zones d’étude
Les poissons récoltés proviennent des plages de Ouakam et Yoff et des baies de Hann et Soumbédioune. Les modes de pêche adoptées sont : l’utilisation de filet dormant et de la dynamite à Ouakam et à Yoff, ligne à Soumbédioune, senne tournante et filet dormant à Hann. Figure 4 : Presqu’île du Cap-Vert montrant les différents endroits de débarquement prospectés. (www.tv5.org/TV5Site/dakar/fr/lavie/lavie_histoire.html, modifié) 8 3. Hôte Pour cette étude, nous nous sommes intéressés aux parasites du poisson Sarpa salpa. Figure 5 : Morphologique générale de Sarpa salpa (Linnaeus, 1758)
Position systématique
Règne : Animale Embranchement : Vertébrés Sous-embranchement : Chordata Super-classe : Poissons Classe : Ostéichtyens Sous-classe : Actinoptérygiens Super-ordre : Téléostéens Ordre : Perciformes Famille : Sparidae Genre : Sarpa (Bonaparte, 1831) Espèce : Sarpa salpa (Linnaeus, 1758) Nom vernaculaire Français : La Saupe Noms vernaculaires Ouolof : ˋˋNawetouguédjeˊˊ ; ˋˋOursouneˊˊ 9 La classification de la famille des Sparidae est controversée. Ainsi certains auteurs subdivisent la famille des sparidae en 5 sous-familles : les Sparinae, les Denticinae, les Pagellinae les Boopsinae et les Pagrinae. La famille des Sparidae comporte 29 genres et 100 espèces dans le monde (Smith & Smith, 1986; Fiedler, 1991; Nelson, 1994).
Biologie et écologie
Les Sparidae sont des Perciformes au corps généralement haut et comprimé, avec le plus souvent un profil frontal élevé et typique. La nageoire dorsale, unique, est constituée de 10 à 13 épines et de 10 à 15 rayons mous, l’anale de 3 épines et de 8 à 12 rayons ; la caudale est fourchue. Mais la caractéristique essentielle des Sparidae repose sur leur catégorie dentaire ou hétérodontie. La spécialisation de la denture est en fonction du régime alimentaire de l’espèce. Une autre particularité des sparidés est leur fréquent hermaphrodisme (Seret & Opic, 1997). Les sparidae sont des poissons marins côtiers des régions tropicales et tempérées, fréquentant à l’occasion les estuaires et les lagunes littorales. De mœurs grégaires, les petites espèces forment des bancs importants, tandis que celles de grande taille se déplacent par groupes de quelques individus (Seret & Opic, 1997). Dans ce travail nous nous sommes intéressés à l’étude des helminthes parasites de Sarpa salpa (Linnaeus, 1758). Sarpa salpa se distingue des autres espèces de Sparidae par son corps ovale, assez comprimé latéralement et une petite bouche incurvée. Les dents sont incisiformes à la mâchoire supérieure, triangulaires et pointues à l’intérieure. La nageoire dorsale n’a que 11 à 12 épines ; le dos est verdâtre, le ventre et les flancs argentés avec une dizaine de bandes longitudinales jaunes orangés ; la base de la pectorale est marquée d’une tache noire plus ou moins nette (Seret & Opic, 1997). L’âge de maturité de S. salpa est de deux ans chez les males et de trois ans chez les femelles (Pallaoro et al., 2008) Selon Van Der Wallt & Mann (1998), la Saupe est une espèce hermaphrodite protandre (mâle puis femelle) avec une période de ponte maximale qui s’étale de mi-septembre à mi-octobre et la période d’intense colonie en fin Novembre (Tortonese, 1975 ; Quignard et al. 1984). 10 L’étude des variations mensuelles moyennes des rapports gonadosomatiques, hépatosomatique et du coefficient de condition montre qu’il existe une seule période de reproduction au Sénégal (Septembre en Mars) (Sarr, 2007). Cependant cette période débute au moment du réchauffement des eaux ou période de transition et elle s’achève quand la température de l’eau est basse comme chez de nombreux téléostéens (Hillner, 1995). Des études précédentes ont montré que les adultes de S. salpa ont une vitesse de croissance rapide le long des côtes Sud Est Africains avec un âge maximal de 6 ans (Van Der Wallt & Beckley, 1997). Cependant ceux des îles Canaries peuvent atteindre un âge maximum de 11 ans (Méndez-Villamil et al., 2001). Sarpa salpa est une espèce littorale qui vit à environ 20 mètres des fonds rocheux couverts de végétation. Elle forme de petits bancs qui fréquentent souvent les abords des digues et des ouvrages portuaires. Elle est commune en Méditerranée et en Atlantique oriental, du golfe de Gascogne à l’Afrique du Sud (Seret & Opic, 1997). Whitehead et al. (1986) décrit Sarpa salpa comme une espèce omnivore. Cependant d’autres auteurs tels que Antonic et al. (1994), Havelange et al. (1997), Pinnegar & Polunnin (2000) montrent que le régime alimentaire de Sarpa salpa est en fonction de l’âge. Ainsi les larves se nourrissent de plancton au moment ou les jeunes, les subadultes et les adultes sont herbivores. S. salpa est une espèce sédentaire et a une activité essentiellement diurne.
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