Introduction générale sur les chênes sessile et pédonculé

Introduction générale sur les chênes sessile et pédonculé

Préambule. Bien que mon travail ait porté uniquement sur le chêne pédonculé, je considèrerai également le chêne sessile dans cette introduction. En effet, ces deux espèces ont fait l’objet de nombreuses études à la fois botaniques et génétiques que j’aurai l’occasion de comparer aux miennes. Les chênes sessile (Quercus petraea (Matt.) Liebl.) et pédonculé (Quercus robur L.) sont deux essences arborescentes à feuilles caduques, qui appartiennent à l’ordre des Fagales, à la famille des Fagacées (Fagaceae), au sous-genre Quercus et à la section Quercus (= Lepidobalanus). Celle-ci comprend les Chênes blancs, les Chênes d’Europe, d’Asie et d’Amérique et d’Afrique du Nord. Les chênes sessile et pédonculé sont deux espèces diploïdes (2n = 2x = 24), 12 chromosomes venant de la mère et 12 du père. Le chêne pédonculé est une espèce européenne à tendance sub-océanique, répartie dans les climats océanique, sub-océanique et les climats continentaux assez modérés et humides. Le chêne pédonculé est très commun dans les plaines de toute la France (Figure 1.1), de Suisse et de Belgique, sauf dans la région méditerranéenne où il est très rare. C’est essentiellement un arbre de l’étage collinéen (plaines et collines) et de la base de l’étage montagnard ; il ne monte pas au-delà de 1300 m d’altitude. Le chêne sessile est une espèce européenne avec une tendance plutôt subatlantique, très commune en Europe occidentale, qui se retrouve partout dans les plaines et collines de France sauf dans la région méditerranéenne (Figure 1.1) ; elle est assez rare dans le bassin aquitain. Le chêne sessile est commun dans presque toute l’Europe occidentale, mais il s’étend moins loin vers le nord-est que le chêne pédonculé. Il ne dépasse pas les 60° Nord en Norvège et atteint sa limite sud au centre de l’Espagne et au sud de l’Albanie. C’est une espèce de l’étage collinéen et à la base de l’étage montagnard, elle peut monter jusqu’à 1600 mètres d’altitude.

 Exigences écologiques

Les exigences climatiques et édaphiques des deux espèces sont différentes (Bacilieri et al. 1996; Belgrand 1983; Levy et al. 1986). Ces exigences sont très probablement liées, chez le chêne sessile, à des vaisseaux plus petits (Cochard 1992), et un système racinaire plus profond et plus développé par rapport à celui du chêne pédonculé (Bréda et al. 1993). Le chêne sessile est considéré comme plus résistant à la sécheresse et au fort ombrage du couvert que le chêne pédonculé (Becker and Lévy 1982). Leurs différentes préférences écologiques sont résumées dans le tableau suivant (C.D.A.F Chimay 2000) : En France, les chênes pédonculé et sessile (ou rouvre), sont les deux espèces de chêne les plus répandues. Elles représentent 22% du volume de bois vivant sur pied dans la forêt française (IGN 2016). La France, avec ses 4,5 millions d’hectares du chêne, possède 30 à 40 % de la superficie couverte par ces deux essences en Europe. L’importance de cette surface permet à la France d’être le premier pays producteur de bois de chêne en Europe avec 591 millions de m3 de bois fort tige (IGN 2014) et le deuxième dans le monde, après les États- Unis. L’intérêt écologique, patrimonial et culturel est également très important. De façon générale, la qualité du bois de chêne est assez moyenne. Le classement qualitatif du chêne sur pied comporte 4 classes de qualité. La classe A est une classe de qualité exceptionnelle ; les bois sont dédiées à la production de merrains, de placages, pour la décoration intérieure, le mobilier, l’ébénisterie, les escaliers. Cette qualité est en proportion faible (5% environ des volumes, 2% étant de qualité merrain) mais assure les plus forts revenus forestiers. A titre d’exemple, l’ONF estime avoir réalisé en 2015, 100 millions d’euros de chiffre d’affaires sur le bois de chêne, dont 60 % à destination de la tonnellerie (Cahuzac 2016a).

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Les bois de la classe B sont de 1ère et 2ème qualités et peuvent être utilisés en ébénisterie et menuiserie (cuisines) et pour la fabrication des merrains. La classe C fournit les avivés, des bois de charpente. La classe D est une classe de qualité industrielle : traverses, palettes, bois de chauffage. Le bois de chêne constitue un très bon bois de feu. Cette propriété a permis d’accompagner le développement industriel avant l’utilisation massive du charbon puis du pétrole et a entrainé la généralisation du régime du taillis. Cette utilisation reste largement mise à profit pour le chauffage domestique ou collectif, sous forme de bûches, de granulés ou pellets. La gamme des prix entre la qualité la plus faible (le bois de chauffage) et le bois de qualité A est de 1 à 100 en ordre de grandeur ; cet écart de prix s’agrandit au cours des années (Tableau 1.1). Bien qu’une des plus valorisantes au sein de la filière foret-bois, l’activité économique liée au bois de chêne reste fragile. La diminution des volumes de grumes de Chêne récoltées d’environ 23 % entre 2006 et 2012 (Wernsdörfer et al. 2013), l’export de grumes et la tendance à l’augmentation des prix du bois ces dernières années entraînent une pression forte sur la ressource et des difficultés d’approvisionnement, notamment pour les scieries et les merranderies (Cahuzac 2016b). Le bois de Chêne étant traditionnellement vendu sur pied lors d’enchères en forêt publique, des contrats d’approvisionnement en bois façonnés ont été récemment introduits « en phase d’essai ». Ces derniers concernent pour le moment des petits volumes pour la production de sciages. Quant aux divers usages du bois de Chêne, seul le marché du merrain a connu une augmentation dans le passé, alors que celui du tranchage a fortement diminué. Parmi les sciages, qui représentent la plus grande proportion du bois d’œuvre en termes de volume, le marché du plot (débit en plateaux) se porte encore le mieux par rapport aux autres sciages moins valorisants et en régression. En parallèle, le nombre de scieries de Chêne a été divisé par deux sur 25 ans (Robert and Généré 2010). Ces évolutions s’inscrivent dans un contexte mondial où la faible compétitivité française, notamment de la seconde transformation, entraîne une exportation de produits semi-finis, voire de la matière première (grumes) (Wernsdörfer et al. 2016).

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