INTRODUCTION DU VACCIN ANTl-PNEUMOCOCCIQUE
DANS LE PEV AU SENEGAL
Le programme élargi de vaccination (PEV)
Historique
La vaccination contre la variole a été le point de départ de la vaccination car c’est Edward Jenner qui en 1792 a démontré le bien-fondé de la vaccination contre cette maladie .Depuis, l’utilisation généralisée et ciblée du vaccin contre la variole a permis d’aboutir à l’éradication de cette maladie. Et c’est à Alma-Ata (URSS) en 1974 que l’OMS, et l’UNICEF, forts du succès remporté par la vaccination contre la variole, et devant la constatation que 5 millions d’enfants de moins de 5 ans mouraient chaque année dans le monde, ont lancé le programme élargi de vaccination. Leur but était de venir à bout des 6 maladies que sont : la tuberculose, le tétanos, la coqueluche, la poliomyélite, la diphtérie et la rougeole et de rendre les vaccins accessibles à tous les enfants du monde. 7 L’OMS et l’Unicef sont parvenus dans les années 80 à la vaccination universelle des enfants à l’aide de 6 vaccins (BCG, coqueluche, diphtérie, rougeole, tétanos et VPO). L’objectif était de vacciner 80% de tous les enfants d’ici à 1990. Les résultats obtenus ont dépassé les attentes allant jusqu’à 85 % de taux de couverture. Par la suite, le PEV s’est enrichi d’autres vaccins grâce à l’alliance GAVI qui a pu financer l’introduction de nouveaux vaccins dans les pays les plus pauvres
Objectifs du PEV au Sénégal
Initié au Sénégal en 1976 sous la direction du Service National des Grandes endémies du Ministère de la santé, le PEV avait pour mission la réduction de la morbidité et de la mortalité liées aux maladies cibles évitables par la vaccination. Le programme s’est progressivement enrichi d’autres vaccins tels que les vaccins contre la rougeole, la fièvre jaune, l’Hémophilus influenzae B, l’hépatite virale B et récemment d’autres vaccins ont été introduits à savoir le vaccin anti- pneumococcique et le vaccin contre la rubéole. Le vaccin contre le rotavirus est annoncé prochainement. Le PEV est un instrument de choix dans la lutte contre les maladies évitables par vaccination. Le choix stratégique est de vacciner au moins 90% des enfants (avant l’âge de 1 an) contre 11 maladies cibles dans chaque district et par an : Tuberculose, Diphtérie, Tétanos, Coqueluche, Poliomyélite, Rougeole, Fièvre Jaune, Hépatite B, Infections à Hib, Rubéole, Infection à pneumocoque aussi les femmes enceintes et FAR contre le tétanos. Mais aussi contribuer à l’éradication de la poliomyélite, de la rougeole et du syndrome de rubéole congénital, maintenir l’élimination du tétanos maternel et néonatal, contrôler la fièvre jaune, contrôler les méningites à méningocoque, introduire de nouveaux vaccins et de nouvelles technologies.
Justifications de l’introduction du vaccin anti pneumococcique dans le PEV
Données épidémiologiques
Les infections à Streptococcus pneumoniae sont d’une grande fréquence, surtout aux âges extrêmes de la vie. : le jeune âge (<5 ans; particulièrement <2ans), Il en est de même chez d’autres groupes à risque telles que : – les personnes immunodéprimées, surtout en cas de comorbidité avec VIH au stade Sida, de cancer, de drépanocytose forme homozygote, de syndrome néphrotique, d’asplénie ; de carence nutritionnelle ,de sevrage prématuré ; -lors de la garde collective, de l’exposition au tabagisme et autres polluants et lors de l’infection grippale. Elles peuvent développer des formes sévères voire mortelles Le pneumocoque (Streptococus pneumoniae) est un germe commensal des voies respiratoires, responsable d’infections non invasives et invasives communautaires qui peut causer une bactériémie responsable de septicémie ou d’infections plus localisées telles que la pneumonie, la méningite, les arthrites, les otites et les ostéites. Les infections à pneumocoque sont la première cause de décès par maladies évitables par la vaccination chez les enfants de moins de 5 ans (WHO 2004 Global Immunization Data) L’OMS estime que près d’un million d’enfants de moins de 5 ans meurent chaque année des suites des infections liées au pneumocoque. La pneumonie entraîne dans 1 cas sur 5 le décès chez les enfants dans le monde. Parmi les décès néonataux et chez les enfants de moins de 5 ans dans le monde 17% sont causés par la pneumonie(12). Il est aussi reconnu que le pneumocoque est la principale cause des pneumonies sévères chez les enfants dans les pays en voie de développement. La pneumonie est la seconde cause majeure des décès des enfants de moins de 1 an en Afrique : plus de 700 000 décès par an (estimation de 2008) soit 18% de tous les décès après la diarrhée (19%) et avant le paludisme 16%(2) Au Sénégal, l’incidence de la pneumonie chez les enfants de moins de 5 ans est estimée par l’OMS entre 2000 et 3000 pour 100 000 dont 100-300 décès(13) Selon l’OMS la méningite due au pneumocoque est responsable de décès ou des handicaps de 40 à 75% des enfants qui en sont touchés. La surveillance des méningites bactériennes conduite au Sénégal a montré que le pneumocoque était en 2008 responsable de plus de 60% des cas avec une létalité de 49% et 9% de complications à type d’hydrocéphalie, paralysie, difficultés cognitives, perte auditive. Suite à l’introduction du vaccin contre le HIB, la proportion du pneumocoque parmi les méningites bactériennes est passée de 20% en 2004 à 62% en 2008.
Facteurs de virulence du Pneumocoque
La structure antigénique de la capsule polysaccharidique Le pneumocoque possède plusieurs facteurs de virulence capables de jouer un rôle clé dans la pathogenèse de la pneumonie. Les plus connus sont la capsule polysaccharidique, le complexe peptidoglycan/ acide teichoïque, la protéine pneumococcique de surface A, l’adhésine pneumococcique de surface A, la pneumolysine, l’autolysine, la neuraminidase et la hyaluronidase. Caractères antigéniques : -Capsule Elle est constituée polyosides spécifiques du type Sa composition polymorphe est à la base du sérotypage des souches. Cette capsule est le facteur principal de virulence grâce à ses propriétés antiopsonophagocytaires. Sa pathogénicité est multifonctionnelle: 10 ■ Son activité cytotoxique s’exerce sur les cellules respiratoires et endothéliales. ■ Elle a un effet pro-inflammatoire (capacité de liaison au fragment Fc des IgG et C1q du Complément). ■ Elle est à l’origine de 90 sérotypes classés en 45 sérogroupes. – la pneumolysine C’est une protéine intracellulaire relâchée lors de la lyse bactérienne. Elle fixe le Fc des IgG et active la voie du complément. – Protéines hydrolytiques cytoplasmiques – La leucocidine pneumococcique favorise la lyse des leucocytes, contribue ainsi à la propagation du germe dans les tissus. – La choline binding protein A (CbpA) a une affinité avec l’acide sialique, favorise son passage à travers les muqueuses. – La sérine protéase entraîne la dégradation des immunoglobulines, le fibrinogène et les autres protéines de la matrice extracellulaire, d’où la pénétration des pneumocoques dans les muqueuses et le système sanguin. – L’IgA1 protéase contribue aux phénomènes d’invasion et de colonisation en accentuant l’adhérence aux cellules épithéliales en présence d’IgA.
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