Introduction à la systémique et aux intérêts qu’elle revêt en rapport avec l’enseignement
Mon objet de recherche sera la systémique et ses apports concrets à l’enseignement. Avant d’aller plus loin quant à son intérêt par rapport à l’école, en voici tout d’abord une définition générale, que je développerai plus précisément dans les points suivants. J’ai choisi d’en présenter ici plusieurs définitions permettant d’en comprendre les différents aspects, la systémique étant un domaine très vaste, auxquelles j’adjoindrai celle du système. Je terminerai par une description de la pragmatique de la communication car, lorsqu’il s’agit des relations humaines, c’est principalement à cela que s’intéresse la systémique. Pour commencer, je trouve intéressant de jeter un œil dans le Larousse pour en trouver une définition correspondant à tous ses champs d’application : « Analyse qui envisage les éléments d’une conformation complexe, les faits (notamment les faits économiques ou les interactions relationnelles) non pas isolément mais globalement, en tant que parties intégrantes d’un ensemble dont les différents composants sont dans une relation de dépendance réciproque » (Le Petit Larousse, 2005, p.1029). Il faut retenir tout particulièrement l’idée que les éléments, pour être compris, ne sont pas traités isolément, mais dans leur contexte et en relation avec les autres éléments y appartenant, car ils dépendent les uns des autres, dans leur conformation complexe. Ce qui laisse déjà entrevoir l’intérêt que la systémique peut avoir pour analyser diverses situations au sein de la classe.
« L’approche systémique n’est pas une nouvelle science, ni même une nouvelle discipline ; c’est un point de vue original sur la réalité, une méthode pour aborder les phénomènes complexes. Elle permet une vision synthétique des problèmes alors qu’a prévalu longtemps dans les sciences une démarche analytique. Là où l’analyse décompose un phénomène en autant de parties élémentaires dont elle étudie les propriétés et va du simple au complexe, la synthèse essaie de penser la totalité dans sa structure et sa dynamique ; au lieu de dissocier, elle recompose l’ensemble des relations significatives qui relient les éléments en interaction, attitude à laquelle correspond précisément la notion de système ; celle-ci renvoie moins à la définition d’un objet particulier qu’à une perspective spécifique et féconde sur des domaines très divers de la réalité physique, biologique et humaine » (Marc & Picard, 2004, p.19). A nouveau dans cette définition revient l’idée que, à l’inverse de ce que la conception cartésienne de l’analyse préconisait jusque-là, on ne réduit pas les éléments aux parties les plus infimes possibles pour les analyser, mais on les étudie dans leurs interactions en contexte, car c’est là et là seulement qu’ils font sens.
Dans Une Logique de la Communication se trouve un exemple des erreurs de compréhension que l’on peut faire si l’on n’envisage pas le contexte en entier : un homme, dans son jardin, se dandinait dans les herbes hautes en faisant des huit, en cancanant et en regardant sans arrêt par-dessus son épaule. Les badauds, de l’autre côté de la barrière, le regardaient pour de bon, ils le pensaient fou. Il n’en aurait pas été de même s’ils avaient pu voir la totalité du contexte, c’est-à-dire, les petits canetons cachés par les herbes hautes dont l’homme s’occupait lors d’une expérience « d’imprégnation » dans le but de se substituer à leur maman (Watzlawick, Helmick Beavin & Jackson, 1972, p.14). Il est intéressant également de penser aux statistiques auxquelles il est possible d’attribuer des interprétations diverses si la totalité du contexte n’est pas pris en compte. « Pour de Saussure […], le système est une totalité organisée, faite d’éléments solidaires ne pouvant être définis que les uns par rapport aux autres en fonction de leur place dans cette totalité. Pour Von Bertalanffy, c’est un ensemble d’unités en interrelations mutuelles. Pour J. Lessourne, c’est un ensemble d’éléments liés par un ensemble de relations. Les trois définitions ci-dessus, très voisines, mettent l’accent sur les deux notions d’interrelations.