Introduction à la notion de la performance bancaire
Concepts clefs sur la performance
Introduction aux concepts de l’efficacité et l’efficience
Analyser la performance d’une organisation revient à développer deux concepts : l’efficacité et l’efficience En effet, on peut considérer que toute la problématique de la performance se résume à ces deux concepts qui ne sont, en aucun cas, des synonymes. Ralph Ablon président de Odgen Corporation, disait que « Les meilleurs résultats sur le long terme sont dus à de bonnes décisions stratégiques, qui assurent que les choses justes sont faites (efficacité), et à la combinaison de la conception, de la technologie, et de l’automatisation qui assure que les choses seront faites correctement (efficience) ». (Cité par Vettori, 2000, p.05).
Le concept d’efficacité
Le terme –efficacité- vient du mot latin efficière qui veut dire effectuer. En fait, une action est dite efficace quand elle produit l’effet attendu atteint sur un but préalablement fixé. L’efficacité, selon Fare, Grosskopf, & Lovell (1985) est définie comme étant la qualité ou le degré atteint en produisant un ensemble d’effets désirés. Autrement dit, un producteur est efficace si ses objectifs sont achevés, inefficace si ses objectifs ne le sont pas. Ces objectifs prennent une dimension économique : diminution des coûts, augmentation du chiffre d’affaires, des marges de profit ou encore l’augmentation des parts de marché ; Mais, peuvent être de nature non lucrative, comme le sont ceux du gouvernement et des organisations humanitaires. Le concept d’efficacité permet de savoir dans quelle mesure le produit réalisé dans un système se rapproche des objectifs explicitement fixés par ce système. Dans ce sens, l’efficacité est mesurée par l’écart entre les résultats souhaités et les résultats obtenus.
Le concept d’efficience
L’efficience est un concept qui en combine deux autres puisqu’il met en rapport l’efficacité aux moyens engagés pour atteindre les résultats attendus. En considérant deux systèmes produisant des résultats identiques, on peut considérer que celui qui y engage moins de moyens est le plus efficient ou bien celui qui obtient des meilleurs résultats avec les mêmes moyens est de même le plus efficient. Donc, l’efficience mesurerait le rapport entre efficacité et coût (Gonsard & Gonsard, 1999). Johnson & Scholes (1997, p.151) ont défini l’efficience de la façon suivante : « L’efficience est une mesure interne de la performance de l’entreprise, elle est très fréquemment appréciée en terme de coûts de production, de profit ou de productivité et elle est mesurée la quantité de ressources utilisées pour produire une unité de biens ou de services». Ainsi, l’analyse de l’efficience permet de faire des comparaisons entre la compétitivité des banques. Les sources d’efficience identifiées par Jonhson & scholes (1997) sont les économies d’échelle, l’expérience, les coûts d’achat des inputs, les processus de production et de design du produit. Une autre approche combinant les deux concepts a été présentée par Leclerc et fortin en 1958 , qui considèrent que l’efficience doit être analysée sur deux niveaux : l’efficience de répartition allocative efficiency qui consiste à ce que l’entreprise doit s’assurer qu’elle utilise le moins de ressources possibles ; et l’efficience technique qui consiste à choisir la combinaison de facteurs la moins coûteuse (cité par Bekkar, 2006) , la combinaison des deux facteurs permet d’obtenir l’efficacité économique dans la minimisation des coûts pour un niveau donné de production , ce terme a succédé au terme overall efficiency, initialement utilisé par Farrel (1957) ; Ce même auteur était le premier à démontrer la distinction entre l’efficience de répartition et l’efficience technique et considère que l’efficacité s’obtient par une analyse de benchmark en comparant la performance d’une unité à celle des meilleures dans l’atteinte de l’objectif spécifié .
Efficacité Vs Efficience : l’importance de la distinction
Pour être performante, une entreprise doit à la fois faire les bons choix et bien faire ces choix. Mais bien qu’il soit relativement aisé de déterminer, sur le plan théorique, les conditions à remplir pour qu’elle figure parmi les -meilleures -, il demeure beaucoup plus difficile, sur le plan pratique, de quantifier la manière d’y parvenir et de chiffrer de façon satisfaisante les écarts de performance entre les banques. En fait, plusieurs études ont été élaborées concernant l’évaluation des banques en se basant sur les concepts d’efficacité et/ou d’efficience. A ce sujet, il s’avère nécessaire de bien les distinguer (Berger & Bonaccorsi di Patti, 2006). Premier stade: Absence de distinction entre le concept d’efficacité et celui d’efficience Les économistes utilisent le concept d’efficacité pour comparer les résultats réalisés aux coûts engagés, tel est le cas des néoclassiques. Selon la théorie économique néoclassique et dans le cadre des modèles du marché, a un état de technologie donné, l’efficacité existe tout d’abord, pour le producteur si le coût marginal de l’output est égal à sa productivité marginale. Ensuite, pour le consommateur, si le coût marginal de l’ensemble de sa consommation est égal à son utilité marginale. Deuxième stade: Distinction entre le concept d’efficacité et celui d’efficience En comparant l’efficacité relativement aux coûts, on pourra employer le concept efficience plutôt qu’efficacité. En fait, différencier la notion d’efficacité de celle d’efficience parait très importante, car l’efficacité n’est que le fait d’aboutir un objectif prévu, tandis que l’efficience est le fait d’y parvenir avec un minimum d’efforts et de coûts.
L’intérêt d’analyser l’efficience dans les banques
L’efficience globale d’une banque est le produit des deux types d’efficience : l’efficience techniques et l’efficience allocative .Et bien qu’il existe une relation positive et a priori forte, entre les deux, une banque techniquement efficiente peut être économiquement sousefficiente si sa politique de prix, du marché ou de gestion de risque ne sont pas bien étudiées ‘mauvaise tarification, sous-estimation des risques, etc’. À l’inverse, une banque économiquement efficiente peut utiliser des techniques de production obsolètes ou gaspiller une partie de ses ressources. Ou bien, elle peut bénéficier de positions de marché favorables qui ne l’incitent pas à adopter une démarche compétitive par rapport aux autres banques . En bref, une banque sera globalement efficiente si elle choisit bien ce qu’elle doit faire ‘efficience économique’ et si elle fait bien ce qu’elle a choisi de faire ‘efficience technique’ (Gonsard & Gonsard, 1999). La capacité des banques d’améliorer les asymétries d’information entre emprunteurs et préteurs et leur capacité de gérer les risques représente l’essence de la production bancaire.
L’efficience : Une Mesure « Relative»
De La Performance La -meilleure – performance productive possible est habituellement inconnue. Il faudrait, pour la mesurer, réunir et interpréter une multitude de données, ce qui s’avérerait extrêmement coûteux. L’efficience ne prétend donc pas mesurer le potentiel physique absolu des combinaisons de facteurs de production. opérations de compte et d’autres sources, les banques évaluent et gèrent les risques, rédigent des contrats, surveillent l’exécution de ces contrats, et, si nécessaire, essaient de résoudre les problèmes de non-performance Depuis Koopmans (1951) et Farrell (1957), les économistes cherchent plus simplement à mesurer l’efficience -relative – des unités de décision comparables, c’est-à-dire celles qui utilisent les mêmes technologies, et qui sont confrontées aux mêmes conditions de marché et poursuivent les mêmes objectifs, et qu’il est possible d’observer. L’identification des unités les plus efficientes à l’intérieur d’un groupe homogène s’effectue donc à partir des observations disponibles. Cela revient à trouver des méthodes qui permettent d’identifier les –meilleures- best-practice unités et de mesurer l’éloignement des autres par rapport à ces best-practice. Au plan théorique, le principe de ces méthodes est simple. Il consiste à comparer les résultats d’une banque à ceux qu’elle obtiendrait si elle adoptait les choix des autres. On trouve ainsi les banques qui ne peuvent améliorer leurs performances en se comportant comme les autres. Ce sont celles qui exercent les -meilleures pratiques- . Elles servent à définir la frontière d’efficience. Il s’agit donc de trouver la frontière du domaine des productions possibles sur laquelle se situent les meilleures. On mesure ensuite la distance qui sépare les autres unités de ces dernières. Cette distance est exprimée au moyen d’un -score d’efficience- . Ainsi, dans cette approche, les unités les plus performantes servent de modèles aux autres. La performance de chaque établissement de crédit est donc simplement évaluée par rapport aux -meilleures- pratiques observées et non par rapport à un objectif technique ou économique absolu. Les scores d’efficience sont donc des mesures de la performance relative. Une augmentation de l’efficience moyenne à l’intérieur d’un secteur donné signifie simplement que les unités les moins bonnes se rapprochent des meilleures. Les scores d’efficience ne sont pas des indicateurs de la performance absolue. Il est donc faux, par exemple, de prétendre que l’efficience moyenne des banques d’un pays est élevée, si l’on ne compare pas les scores d’efficience des banques de ce pays avec ceux des banques d’un pays comparable.