INTERRELATIONS ABFRACTION ET CONTEXTE OCCLUSAL
La mesure instantanée des contraintes dentaires étant difficile, l’influence du facteur occlusal est appréhendée au travers de preuves indirectes ; les facteurs de risque occlusaux. Ces facteurs sont identifiés comme susceptibles d’augmenter les contraintes dentaires ou traduisant la présence de contraintes dentaires. L’organisation curviligne naturelle des arcades permet normalement un alignement des charges occlusales dans une direction axiale à chaque dent, ce cas favorable permet de limiter les forces transversales iatrogènes. (99) Des situations potentielles de surcharge occlusale sont identifiées : – Facettes d’usure, – Bruxisme et parafonctions, – Surocclusion : prématurités et interférences, – Force occlusale, – Type de guidage antérieur, – Restaurations occlusales .
Les facettes d’usure sont supposées être le témoin indirect de la charge occlusale. (100) Elles permettent d’évaluer la trajectoire mandibulaire et de détecter des contacts nocifs. Certains auteurs pensent qu’elles sont la manifestation d’une surcharge occlusale permanente, d’autres pensent qu’elles sont un moyen physiologique pour limiter les contacts trop intenses. (101) Le bruxisme est un facteur de contraintes dentaires majorées puisque les sujets bruxeurs peuvent exercer des forces allant jusqu’à 800 N et leur temps de contact dentaire quotidien (30 minutes à 3 heures) est largement augmenté par rapport aux sujets sains. (10 minutes). (102) Ainsi, la thérapeutique, non invasiv, d’indication d’une gouttière occlusale pour limiter un bruxisme nocturne pourrait être un moyen d’étude des LCNC en limitant les forces exercées sur les dents. Une revue systématique rapporte que les preuves de l’efficacité des gouttières occlusales afin de traiter le bruxisme nocturne seraient insuffisantes, elles sont néanmoins bénéfiques dans la réduction de l’usure occlusale. (103) Les interférences et prématurités constituent des sources de contraintes dentaires augmentées. Madani et coll. observent une association entre la présence de LCNC et la présence de prématurité mais sans association avec la présence d’interférences. (104) Cette autre étude observe que les interférences occlusales sont un facteur de risque des LCNC. (105) Les patients atteints de DTM (Dysfonctionnement Temporo-Mandibulaire) avec des LCNC présentent une force masticatoire et une activité électromyographique semblable aux patients atteints de DTM sans abfraction. La force occlusale ne semble pas être suffisante à elle seule pour justifier l’abfraction. (106) Le type de guidage pourrait être source de contraintes dentaires majorées, une fonction groupe entraine un guidage non-axial sur les dents postérieures en comparaison avec le guidage.
Quantification des forces occlusales
Grippo postule que l’amplitude des forces rencontrées est facteur d’abfraction. (11) La mesure des forces qui s’exercent sur une dent est complexe, des capteurs de pression mesurent la force maximale de morsure entre deux dents ou toute l’arcade. (108) Malgré leur épaisseur de plus en plus réduite, il existe toujours un risque d’interférence car la force varie en fonction de la dimension verticale d’occlusion, et la force n’est mesurée que dans une seule direction pour un point donné. (109) Takehara et coll. qui utilisent une feuille- capteur de force, concluent que les LCNC sont corrélées à la surface de contact occlusal. 2.2. Etudes cliniques longitudinales La mise en évidence d’une association entre les facteurs occlusaux et les LCNC nécessite des études longitudinales. Pintado et coll. observent un patient unique sur une période de 14 ans et rapportent une corrélation statistiquement significative entre l’usure occlusale et la perte tissulaire de la LCNC. L’usure est mesurée sur des répliques numérisées, les autres facteurs étiologiques sont investigués ce qui limite le biais de confusion. (110) Telles et coll. dans une étude sur une période de 3 ans concluent que la présence de facettes d’usure est associée avec la présence de LCNC.(100) Un échantillon de 29 sujets est suivi pendant 5 ans afin d’évaluer le rapport entre LCNC et divers facteurs étiologiques. Les résultats apportent une corrélation entre les contraintes occlusales et la présence de LCNC. Aucune autre association n’est mise en évidence.
Les revues systématiques
La littérature actuelle sur le sujet déplore une grande majorité d’études de revues caractérisées par la redondance des données bibliographiques. (113) Actuellement, 3 revues systématiques de la littérature sont disponibles, elles étudient l’association entre facteurs de risque occlusaux ou non et les LCNC. Cette revue inclut 28 études sur 146 éligibles afin de déterminer l’association entre LCNC et occlusion. Parmi les 28 études incluses, 3 études sont longitudinales et 25 sont des études transversales. La grande hétérogénéité des études incluses empêche la réalisation d’une méta- analyse. Leur démarche de recherche a identifié le faible nombre d’études longitudinales, d’une durée de suivi courte. D’après les auteurs, au regard du développement chronique des LCNC la durée de l’étude pourrait ne pas être suffisante pour provoquer des changements probants. Parmi les études incluses seulement deux études utilisent un modèle de régression logistique multiple, qui est le plus adapté pour isoler l’influence de chaque paramètre mesuré. Cette revue montre qu’une relation de causalité entre les LCNC et l’occlusion n’a toujours pas été démontrée cliniquement. Les études transversales pointent une association entre l’usure occlusale et les LCNC, mais constituent une preuve très faible.