Intermédiation financière et croissance économique
Le développement financier – en termes d’intermédiation financière permettant la mobilisation de l’épargne, l’allocation efficace des ressources, le contrôle managérial, la gestion des risques et l’offre de services facilitant l’échange – croissance économique dans la mesure où elles permettent le développement de l’innovation. Cependant, d’autres auteurs doutent du rôle positif du système financier dans la croissance économique. Robinson (1952) prétend que le développement financier suit la croissance économique. Ces oppositions théoriques se retrouvent dans Patrick (1966) qui propose de distinguer le développement financier exogène, « initié par l’offre En revanche, le rôle des intermédiaires financiers est resté longtemps ignoré dans les modèles de croissance économique. En effet, les théoriciens keynésiens, pour qui les phénomènes monétaires et financiers sont déterminants dans l’explication du niveau d’activité, ne s’intéressent traditionnellement pas à la croissance (phénomène Dans le premier cas, le secteur financier crée une offre de services financiers qui favorise la croissance ; alors que dans le second cas, le développement financier résulte de la croissance parce qu’elle suscite une demande de services financiers. la croissance économique.4 La plupart des études empiriques antérieures basées sur une analyse en coupes transversales montrent que le développement financier stimule la croissance. Les récents travaux ont repris cette problématique en utilisant des outils statistiques plus performants et en raffinant la méthodologie. Une relation positive et fortement significative est obtenue dans toutes les régressions testées. Par ailleurs, les tests de causalité suggèrent que le développement financier est un « bon indicateur
Intermédiation financière et croissance endogène
La présente section expose d’abord une revue de la littérature sur le développement financier et la croissance, avant de présenter deux modèles de croissance : le premier modèle rappelle la théorie traditionnelle de la croissance, alors que le second porte sur un modèle de croissance endogène intégrant le secteur financier. Après Schumpeter (1911), Goldsmith (1969) soutient que le développement des marchés financiers locaux affecte positivement la croissance économique à travers l’efficacité de l’accumulation du capital (ou l’accroissement de la productivité marginale du capital). Mckinnon (1973) et Shaw (1973) font l’extension de l’argument de Goldsmith (1969). Ils soutiennent que le développement financier n’implique pas seulement un accroissement de la productivité du capital, mais aussi une hausse du taux d’épargne, et par conséquent un volume d’investissement plus grand. Contrairement à Goldsmith (1969) qui a endogénéisé la croissance et leMckinnon (1973) et Shaw (1973) font l’extension de l’argument de Goldsmith (1969). Ils soutiennent que le développement financier n’implique pas seulement un accroissement de la productivité du capital, mais aussi une hausse du taux d’épargne, et par conséquent un volume d’investissement plus grand. Contrairement à Goldsmith (1969) qui a endogénéisé la croissance et les intermédiaires financiers, Mckinnon (1973) et Shaw (1973) ont plutôt analysé les effets de la « répression financière », c’est-à-dire le maintien de taux d’intérêt bas et l’intervention publique dans les activités des banques, sur l’épargne et l’investissement. La répression financière réduit les incitations à épargner. Ce qui influe négativement sur l’investissement et la croissance. Ainsi, Mckinnon et Shaw sont favorables à la libéralisation financière permettant la hausse des taux d’intérêt qui incite les ménages à accroître leur épargne.
L’importance des facteurs financiers va être prise en compte dans une nouvelle catégorie de modèles de croissance endogène intégrant le secteur financier. Dans ces modèles, le système financier dans son ensemble (banques, intermédiaires financiers, marchés des actions et des obligations, etc.) permet la collecte de l’épargne et son bon usage. Le système financier permet de rassembler les agents, de collecter, d’analyser et de transmettre l’information, à moindre coût. Un système financier fonctionnant efficacement draine les ressources disponibles vers les projets les plus rentables, susceptibles d’accroître la productivité et, par conséquent, la croissance économique; il élimine le risque de liquidation prématurée d’actifs productifs permettant l’accumulation du capital physique et du capital humain sources de croissance économique. Les intermédiaires financiers, et le système financier en général, permettent une diversification du risque technologique et rendent plus attractive la spécialisation des investissements, facilitant ainsi l’accroissement de la productivité marginale du capital. Nombreux sont les travaux théoriques qui ont modélisé le lien positif entre l’intermédiation financière (et le développement financier en général) et l’activité économique. Dans ce qui suit, nous présentons une synthèse des modèles de croissance endogène intégrant le secteur financier, à travers le rôle joué par les intermédiaires financiers dans la croissance économique. D’autres études abordent la question sous l’angle microéconomique. Demirguc-Kunt et Maksimovic (1996) avancent que les entreprises qui ont accès aux marchés financiers les plus développés se développent plus vite. Jayarante et Strahan (1996) montrent que lorsque les Etats aux Etats-Unis relâchent les restrictions inter- Etats des branches, la qualité des prêts bancaires s’accroît significativement et stimule la croissance. Gelbard et Pereira Leite (1999) examine le lien entre l’approfondissement financier et la croissance en Afrique sub-Sahélienne. Les résultats suggèrent que l’approfondissement financier favorise également la croissance économique dans le cas de l’Afrique sub-Sahélienne.