Intermédiation financière
Le présent chapitre est un complément du chapitre 1, qui a présenté dans sa première section une vaste littérature théorique sur le développement financier en général, et l’intermédiation financière en particulier, et la croissance économique. Pour ce qui concerne la finance de marché et la croissance, il existe également dans la littérature économique des études qui examinent la relation entre les attributs des marchés de capitaux, la croissance économique et les décisions d’investissement des agents économiques. Les marchés de capitaux peuvent réduire le coût de la mobilisation de l’épargne et de ce fait faciliter l’investissement dans les technologies les plus productives (Greenwood et Smith, 1997). En outre, la liquidité des marchés- c’est-à-dire la facilité et la rapidité d’acheter et de vendre les actions- réduit le risque lié aux actifs financiers. La liquidité des marchés accroît les incitations des investisseurs à obtenir des informations sur les entreprises, permettant ainsi d’améliorer la gouvernance d’entreprise (Kyle, 1984 ; Holmstrom et Tirole, 1993). La théorie n’est pas assez claire en ce qui concerne les effets de la liquidité des marchés sur la croissance. Une liquidité accrue réduit l’incertitude et également le taux d’épargne, car moins d’incertitude réduit l’épargne de précaution (Bencivenga et Smith, 1991). Ceci freinerait la croissance. Les marchés de capitaux fonctionnant parfaitement révèlent rapidement l’information à travers les changements de prix. La divulgation rapide de l’information réduira, et non augmentera, les incitations d’investir des ressources privées pour acquérir l’information ; donc, la liquidité du marché n’accroîtra pas les incitations pour acquérir des informations sur les firmes et la gouvernance des entreprises (Stiglitz, 1985 et 1994).
Intermédiation financière, marchés de capitaux et croissance économique
Par contre, Devereux et Smith (1994) et Obstfeld (1994) montrent qu’un grand partage du risque au niveau mondial à travers les marchés de titres internationalement intégrés induit une reconstitution du portefeuille en faveur des investissements à rendement élevé. Ce qui améliore l’allocation des ressources et par conséquent la croissance économique. Les débats théoriques sur le lien entre le bon fonctionnement des marchés de capitaux et la croissance persistent, mais très peu d’études empiriques existent sur ce sujet. La plupart des études existantes sont basées sur une analyse transversale. Les résultats de ces études suggèrent un lien positif entre le développement des marchés de capitaux et la croissance (Levine et Zervos, 1998a).1 Cependant, l’analyse transversale ne permet de connaître le sens de causalité, c’est-à-dire lequel du développement financier ou de la croissance stimule l’autre? Les travaux empiriques sur la causalité entre le développement financier et la croissance économique, dans le contexte des séries temporelles, sont en nombre limité. Les premières études portant sur la causalité sont de Gupta (1984)2 et de Jung (1986). Plus récemment, Demetriades et Hussein (1996) ont étudié la causalité entre le développement financier et la croissance sur un échantillon de 16 pays. Ils montrent que dans plusieurs cas, le sens de causalité est bidirectionnel ou unidirectionnel. Kassimatis et Spyrous (2001) analysent le lien entre le développement des marchés de capitaux et du crédit et la croissance, sur un échantillon restreint à cinq grands pays émergents. Les résultats suggèrent que les marchés de capitaux ont un effet significatif sur la croissance uniquement dans les économies relativement libéralisées, comme le Chili et le Mexique. Dans les économies à système financier réprimé, comme l’Inde, les marchés de capitaux ne stimulent pas la croissance du secteur réel. En Corée, les marchés de capitaux et du crédit affectent tous deux la croissance économique et inversement. En Thaïlande, à cause de la spéculation, une relation négative est détectée entre le développement financier et la croissance (Janvier 1977-Octobre 1997).
L’objectif du présent chapitre est double. Premièrement, nous présentons un modèle simple de croissance endogène dans lequel le développement financier (intermédiation financière et marchés de capitaux) stimule la croissance à travers l’accroissement de la productivité marginale du capital. Deuxièmement, nous étudions empiriquement la relation de long terme et la causalité entre le développement financier et la croissance économique, en distinguant le rôle des intermédiaires financiers de celui des marchés de capitaux. Cette section présente d’abord les fonctions économiques des marchés de capitaux, la controverse sur la corrélation et l’interrogation sur le sens de la causalité, avant de présenter un modèle de croissance dans lequel le secteur financier stimule la croissance à travers l’accroissement de la productivité marginale du capital. Les coûts d’informations (i.e. recherche d’informations sur la qualité des emprunteurs) et de transactions (i.e. recherches de prêteurs par les emprunteurs) justifient l’apparition des intermédiaires financiers et des marchés de capitaux pour améliorer le fonctionnement global d’une économie de marché. Les marchés de capitaux remplissent cinq fonctions principales : mobiliser l’épargne, acquérir de l’information et allouer les ressources, contrôler les entreprises et leurs managers, diversifier (ou gérer) les risques et offrir des services Les coûts d’informations (i.e. recherche d’informations sur la qualité des emprunteurs) et de transactions (i.e. recherches de prêteurs par les emprunteurs) justifient l’apparition des intermédiaires financiers et des marchés de capitaux pour améliorer le fonctionnement global d’une économie de marché. Les marchés de capitaux remplissent cinq fonctions principales : mobiliser l’épargne, acquérir de l’information et allouer les ressources, contrôler les entreprises et leurs managers, diversifier (ou Les coûts d’informations (i.e. recherche d’informations sur la qualité des emprunteurs) et de transactions (i.e. recherches de prêteurs par les emprunteurs) justifient l’apparition des intermédiaires financiers et des marchés de capitaux pour améliorer le fonctionnement global d’une économie de marché. Les marchés de capitaux remplissent cinq fonctions principales : mobiliser l’épargne, acquérir de l’information et allouer les ressources, contrôler les entreprises et leurs managers, diversifier (ou gérer) les risques.