Bronchopneumopathie Chronique Obstructive (BPCO)
La BPCO est définie par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) désignant «les affections pulmonaires chroniques caractérisées par une obstruction chronique de la circulation de l’air à l’intérieur des poumons».
Globalement sous diagnostiquée, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) n’est pas seulement une maladie mais un terme qu’on utilise pour décrire les affections pulmonaires chroniques caractérisées par une obstruction chronique de la circulation de l’air à l’intérieur des poumons.
Contextualisation et épidémiologie
Selon des estimations de l’OMS (2012), actuellement 64 millions de personnes ont une BPCO modérée à sévère, et 3 millions de personnes en sont mortes (6% de l’ensemble des décès mondiaux cette année-là) et près de 90% des décès par BPCO se produisent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. L’OMS prévoit que la BPCO deviendra la troisième cause de décès dans le monde en 2030 .
La plupart des informations disponibles sur la prévalence de la BPCO, mais aussi sur la morbidité et la mortalité associées, proviennent de pays à revenu élevé.
Même dans ces pays, collecter des données épidémiologiques exactes sur la BPCO s’avère difficile ou coûteux.
À une époque, la BPCO se rencontrait plus fréquemment chez les hommes, mais, à cause de l’augmentation de l’exposition aux facteurs de risque dans les pays à revenu élevé et dans les pays à faible revenu, cette maladie touche désormais presque autant de femmes que d’hommes.
Facteurs de risques et étiologie
La fumée de tabac reste le principal facteur de risque de BPCO dans le monde (plus de 80% des cas selon l’OMS). Mais il existe d’autres facteurs de risque importants tels que l’environnement, le statut socio-économique ou les facteurs génétiques.
Le risque de développement d’une BPCO est associé aux facteurs suivants: La fumée du tabac – toute forme de tabagisme actif (exemple : cigarette, pipe, cigares etc) et le tabagisme passif ; La pollution de l’air intérieur et extérieur L’expositions professionnelle – les poussières organiques et inorganiques, les produits chimiques et la fumée ;
Les facteurs génétiques – le déficit héréditaire sévère en alpha-1-antitrypsine, une protéine donc la fonction principale est de protéger les poumons contre des inflammations provoquées par des infections ou contre l’inhalation d’irritants ;
La croissance et développement pulmonaire – tout facteur pouvant affecter la croissance pulmonaire pendant la vie fœtale ou l’enfance tel qu’un petit poids de naissance ou des infections respiratoires ; L’âge – le vieillissement (> 45 ans) ; La situation socio-économique – le risque de développer une BPCO est inversement proportionnel au statut socio-économique ;
L’asthme et hyperactivité des voies aériennes – peut être un facteur de risque de gêne à l’écoulement de l’air ;
La bronchite chronique et infections – peuvent également augmenter la fréquence des épisodes d’exacerbations.
La BPCO n’est donc pas toujours associée à la fumée du tabac et l’exposition aux différents facteurs de risque diffère donc d’un individu et d’un environnement à un autre.
Physiopathologie et anatomo-pathologie
La BPCO se caractérise par un rétrécissement progressif et une obstruction permanente des voies aériennes et des poumons, entrainant une gêne respiratoire. On définit une gêne à l’écoulement de l’air suite à des anomalies des voies aériennes et / ou alvéolaires.
Ces anomalies sont dues à plusieurs pathologies affectant les voies aériennes périphériques, comme par exemple la bronchite chronique, souvent associées à une destruction plus ou moins importante du parenchyme pulmonaire, retrouvée dans l’emphysème.
La physiopathologie de la BPCO est essentiellement caractérisée par une inflammation 3 de l’épithélium des voies aériennes centrales (grosses et petites bronches), qui va se répandre aux voies aériennes périphériques (bronchioles et alvéoles).
Cette inflammation des voies aériennes entraîne :
une augmentation du nombre de cellules inflammatoires avec une atteinte de l’intégrité de l’épithélium pulmonaire ;
une hyperplasie des glandes à mucus (hyper- et dys- sécrétion) perturbant le fonctionnement du tapis muco-ciliaire ;
une diminution du nombre de cellules ciliées ; un épaississement de la paroi bronchiolaire associé à la formation progressive d’une fibrose péri-bronchiolaire ;
une hypertrophie des muscles lisses pulmonaires (augmentation du nombre de fibres musculaires lisses) entraînant une bronchoconstriction ; une hyper réactivité bronchique.
Chez les patients atteints de BPCO, le rétrécissement de la lumière bronchique dû à l’inflammation peut être associé à une accumulation anormale de mucus dans les voies aériennes. Ce qui entraine donc une gêne à l’écoulement de l’air, une obstruction, qui contribue à la baisse des débits bronchiques et à l’apparition d’une dyspnée progressive.
Prise en charge et prévention de la BPCO
Objectifs de la prise en charge de la BPCO :Les objectifs de la PEC d’un patient sont établis à la suite du diagnostic de la BPCO, et doivent être personnalisés afin de répondre au projet du patient.
Les principaux objectifs sont les suivants : Atténuer les symptômes : Soulager les symptômes; Améliorer la résistance à l’effort ; Améliorer l’état de santé.
Diminuer le risque de complications : Empêcher la progression de la maladie ; Prévenir et traiter les épisodes d’exacerbation ; Diminuer la mortalité.
Sevrage tabagique :Pour les patients fumeurs, l’arrêt du tabac est essentiel et constitue le meilleur moyen d’influer sur l’évolution de la BPCO .
Il existe un programme stratégique d’intervention en cinq étapes pour le sevrage tabagique, qui permet de guider les professionnels de santé intervenant auprès de patients fumeurs :
ASK (Interroger) : Identifier tous les fumeurs à chaque visite ; ADVISE (Conseiller) : Inciter fortement tous les fumeurs à arrêter de fumer ; ASSESS (Évaluer) : Déterminer le désir et la motivation du patient pour faire une tentative de sevrage ; ASSIST (Aider) : Aider le patient à arrêter de fumer ; ARRANGE (Arranger) : Programmer un suivi.
Cette stratégie d’intervention s’inscrit dans le programme d’Éducation Thérapeutique Personnalisée du patient.
Réhabilitation Respiratoire et masso-kinésithérapie
La Société de Pneumologie de Langue Française (SPLF) définit la Réhabilitation Respiratoire (RR) comme : «un ensemble de moyens proposés au patient atteint d’une maladie respiratoire chronique pour réduire le handicap et améliorer la qualité de vie.»
Il a été démontré que le réhabilitation constitue la meilleure stratégie en matière d’efficacité pour diminuer la dyspnée et le nombre d’exacerbations, mais aussi pour améliorer l’état de santé, la qualité de vie et la résistance à l’effort des patients atteints de BPCO.
La PEC de la BPCO par le Masseur-Kinésithérapeute (MK) répond à plusieurs objectifs et se fait à l’aide des moyens et techniques mis à disposition du professionnel de santé.
Le MK intervient auprès du patient et doit :
assurer un désencombrement bronchique efficace et quotidien des voies aériennes en cas d’encombrement ; permettre la gestion du souffle à l’effort ; participer à l’amélioration du déconditionnement physique et de la dyspnée ; gérer les éventuelles perturbations de l’hématose ou les atteintes musculo-squelettiques.
Le MK devra axer sa rééducation sur les points suivants : drainage bronchique, à l’aide de techniques de désencombrement manuelles et/ ou instrumentales ; optimisation de la pompe respiratoire 18 et amélioration de l’hématose : réduction des déformations thoraco-rachidiennes, grâce au travail postural ou aux mobilisations costales, par exemple ; apprentissage et maîtrise du travail de ventilation dirigée et contrôlée ; renforcement des muscles inspiratoires et expiratoires ; massage et étirements des muscles inspiratoires accessoires ;
amélioration de la fonction musculaire périphérique, à l’aide du renforcement, de l’électrostimulation du quadriceps ou du travail de l’équilibre, par exemple ; réentrainement à l’effort (RE) (exemples: tapis de marche ou cyclo-ergomètre) ; diminution de l’anxiété et de la dépression, à travers des séances de relaxation ou de sophrologie.
La Téléréhabilitation respiratoire
Description du traitement étudié et de ses effets :La téléréhabilitation respiratoire (TRR) permet au patient de recevoir des interventions à domicile sans que le professionnel de santé n’ait besoin de s’y déplacer. Elle doit être prescrite dès que le patient présente une dyspnée, une intolérance à l’exercice ou une diminution de ses activités quotidiennes malgré un traitement médicamenteux optimisé. Dans ces indications, elle améliore la capacité d’exercice et la qualité de vie, réduit la dyspnée, l’anxiété et la dépression liées à la BPCO, et diminue le nombre d’hospitalisations.
Elle peut également être prescrite après une hospitalisation pour exacerbation de BPCO, situation où elle pourrait réduire la mortalité.
L’impact sur les dépenses de santé est également important pour la réduction du nombre d’exacerbations, du recours aux consultations médicales en urgence et de la durée des hospitalisations .
La TRR est un programme de santé personnalisé coordonné auprès du patient tout au long de son séjour en hôpital ou en clinique respiratoire et surtout à son retour au domicile. Il s’agit d’une application de télésanté, utilisant les technologies de la télécommunication afin de fournir des services de réadaptation à distance qui pourraient être les mêmes qu’en présence d’une intervention à domicile.
La TRR comprend trois points essentiels :
Le réentrainement à l’exercice avec reprise d’activités physiques adaptées: Gymnastique, Musculation. L’apprentissage de la ventilation abdomino-diaphragmatique / travail purement respiratoire: Séances de ventilation, de pilates, de yoga, Séances de drainage bronchique.
L’éducation thérapeutique (ETP): Tabacologie, Diététique, Hygiène de vie, Aérosolthérapie. Auxquels peuvent être associés les bilans, la prise en charge psycho-sociale et autres interventions normalement effectuées en clinique de soins de suite.
Les objectifs sont :
l’amélioration de l’accessibilité aux soins ; la continuité des soins ; le maintien du contact avec l’équipe médicale ; l’augmentation de la capacité fonctionnelle d’effort du patient ; le développement de changements de comportement nécessaires à une amélioration de sa santé et de sa qualité de vie ; l’adhésion à long terme à ces comportements ; la réduction des coûts de santé; la réduction du stress du patient qui peut se sentir écouté à la moindre crise.
La TRR est multi-professionnelle et nécessite une coordination des acteurs, on retrouve : l’infirmière de Coordination, le médecin traitant, le pneumologue, les kinésithérapeutes, les enseignants en activité physique adaptée (EAPA), et tous les autres professionnels qui entourent le patient.
Les études publiées montrent qu’elle est faisable et sécuritaire. Cependant, des études sont encore nécessaires en vue de confirmer son efficacité, son efficience et la transférabilité de ce type d’intervention au quotidien. Les principaux enjeux associés à l’implantation de la téléréhabilitation sont aussi bien d’ordre administratif, clinique, technique qu’éthique. Son extension à l’apprentissage de réhabilitation est prometteuse .
Table des matières
1. INTRODUCTION
1.1 Bronchopneumopathie Chronique Obstructive (BPCO)
1.1.1 Contextualisation et épidémiologie
1.1.2 Facteurs de risques et étiologie
1.1.3 Physiopathologie et anatomo-pathologie
1.1.4 Manifestations cliniques et diagnostic médical
1.1.5 Diagnostic du Masseur-kinésithérapeute
1.1.6 Évaluation de la gravité de la BPCO
1.1.7 Facteur pronostique de la BPCO : index BODE
1.1.8 Comorbidités
1.2 Prise en charge et prévention de la BPCO
1.2.1 Objectifs de la prise en charge de la BPCO
1.2.2 Sevrage tabagique
1.2.3 Réhabilitation Respiratoire et masso-kinésithérapie
1.2.4 Éducation thérapeutique du patient
1.2.5 Traitements adjuvants
1.3 La Téléréhabilitation respiratoire
1.4 Objectifs et intérêt de la revue de littérature
2. MÉTHODE
2.1 Critères d’éligibilité des études
2.1.1 Types d’études
2.1.2 Population
2.1.3 Intervention
2.1.4 Critères de jugement
2.2 Méthodologie de recherche des études
2.2.1 Sources documentaires investiguées
2.2.2 Équation de recherche utilisée
2.3 Extraction et analyse des données
2.3.1 Sélection des études
2.3.2 Évaluation de la qualité méthodologique des études sélectionnées
2.3.3 Extraction des données
2.3.4 Méthode de synthèse des résultats
3. RÉSULTATS
3.1 Description des études
3.1.1 Diagramme de flux
3.1.2 Études exclues
3.1.3 Études incluses
3.2 Risques de biais des études incluses
3.2.1 Grille d’analyse utilisée
3.2.2 Synthèse de biais retrouvés
3.3 Effets de l’intervention
3.3.1 Critères de jugement principaux
3.3.2 Critères de jugements secondaires
3.3.3 Taille de l’effet et intervalle de confiance
4. DISCUSSION
4.1 Analyse des principaux résultats
4.1.1 Synthèse des limites
4.1.2 Synthèse des résultats
4.1.3 Évènements indésirables
4.2 Applicabilité des résultats
4.2.1 La population
4.2.2 L’intervention
4.2.3 Les comparateurs
4.2.4 Les critères de jugements
4.3 Qualité des preuves et biais potentiels de la revue
5. CONCLUSION
5.1 Implication pour la pratique clinique
5.2 Implication pour la recherche