Empowerment
Bien qu’il n’y ait pas de consensus dans la littérature quant à la traduction française, le grand dictionnaire terminologique (Office québecois de la langue française Québec, 2011) utilise le terme « autonomisation » pour traduire le terme empowerment en français. Le terme empowerment est apparu dans les années 1920, avec une utilisation plus marquée du concept depuis le milieu des années 1970. Il gagne encore en popularité depuis les années 1990 (McCarthy & Holbrook Freeman, 2008). La popularité du terme dans les années 1990 coïncide avec une emphase sur la promotion de la santé (Oudshoorn, 2005). Le suffixe power provient du latin, potere qui veut dire habileté, le préfixe em qui veut dire « être causé par » et le suffixe ment qui veut dire « le résultat de la production » qui a donné lieu à l’appellation empowerment (Hudon, St-Cyr & Poitras, 2007; McCarthy & Holbrook Freeman, 2008). Gibson, C. (1991 p 359) donne une définition pour l’aspect de la santé de ce concept : « Empowerment is a social process of recognizing, promoting and enhancing people’s abilities to meet their own needs, solve their own problems and mobilize the necessary resources in order to fell in control of their own lives. »
Le concept d’empowerment est utilisé dans plusieurs disciplines avec différentes façons de l’interpréter dépendamment du contexte et de la perspective (McCarthy & Holbrook Freeman, 2008). L’empowerment peut être utilisé selon trois paliers : 1) individuel ou psychologique; 2) organisationnel; et 3) communautaire (Hudon et al., 2007). Dans la présente recension, le pallier individuel, qui est mesuré dans le heiQ, sera utilisé. Plus précisément, la définition de l’empowerment individuel ou psychologique est celle-ci: c’est un processus par lequel une personne gagne plus de pouvoir face à sa vie (Rappaport, 1987).
Une équipe de l’Université du Sherbrooke au Québec (St-Cyr Tribble et al., 2008) a proposé huit dimensions au concept d’empowerment, soit: 1) la conscience de sa situation de vie, force propre et besoins; 2) l’augmentation de l’estime de soi; 3) la diminution des pensées négatives; 4) la prise de décision bien informée; 5) le développement d’habiletés et de savoirs; 6) la capacité de faire des changements : 7) le développement de relations avec l’environnement social et le réseau; et 8) l’amélioration des conditions de vie (St-Cyr Tribble et al., 2008). Ces dimensions sont très semblables à celles du heiQ d’Osborne et al. (2007) .
Une autre chercheure s’est intéressée à l’empowerment et son lien avec les intervenants de santé (Aujoulat, 2007). Selon cette auteure : « Les professionnels de la santé considèrent que dans le cadre de la relation de soins, les patients doivent avoir une place pour exprimer leurs préférences et leurs réticences, ce qu’ils espèrent pour eux et ce qui est difficile pour eux dans leur vie de tous les jours, afin de participer au choix des modalités de leur traitement, qui acquiert alors un statut de traitement « proposé » et « négocié », plutôt que « prescrit » par le médecin. Une telle relation de soins, qui s’appuie sur un patient-sujet, s’inspire d’une philosophie humaniste qui affirme le droit à l’autodétermination de chaque individu et qui reconnaît à chaque personne la capacité et le désir d’être l’acteur de sa vie. Dans une telle perspective, la finalité de l’éducation est de permettre aux patients d’exercer un meilleur contrôle sur leur vie, et pas seulement sur leur maladie et leur traitement, tout ce phénomène amène à l’empowerment » (Aujoulat, 2007 p.1).
Instruments de mesure de l’empowerment
Différents instruments de mesure de l’empowerment sont décrits dans la littérature. Une revue systématique s’est intéressée aux instruments de mesure de l’empowerment individuel en santé (Herbert, Gagnon, Rennick & O’Loughlin, 2009). Parmi les 50 instruments recensés, seulement un avait une très bonne validité, le Parent Empowerment Survey (Trivette, Dunst, Hamby & Lapointe, 1996) et quatre avaient une validité modérée (Herbert et al., 2009). Les auteurs ont observé que la conceptualisation de l’empowerment varie considérablement selon les publications et qu’il y a un chevauchement et des similarités entre le concept d’empowerment et celui de l’efficacité personnelle (self-efficacy) qui se définit par « les croyances qu’a une personne en ses capacités d’organiser et d’exécuter le déroulement des actions requises pour atteindre ses objectifs » (Bandura, 1997, p. 3). La variation observée dans les définitions théoriques a entrainé le développement d’instruments de mesure qui évaluent différentes dimensions de l’empowerment (Herbert et al., 2009). L’ensemble des instruments de mesure recensés était en anglais. Comme cette synthèse remonte à 2009, certains articles plus récents n’y étaient pas inclus. Depuis la publication de cette synthèse, de nouveaux instruments de mesure de l’empowerment ont été proposés (Aghili et al., 2013; Van Den Berg, Van Amstel, Ottevanger, Gielissen & Prins, 2013), dont celui de Small, Bower, Chew-Graham, Whalley, et Protheroe (2013) pour les personnes avec maladies chroniques en soins de première ligne. Cependant, ces instruments plus récents n’étaient pas disponibles lors de la conception de l’étude PR1MaC ainsi que pour ce présent mémoire. De plus, le heiQ a fait l’objet de plusieurs études de validation avec des résultats très prometteurs.
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