Lutte contre les insectes ravageurs du maïs et du niébé stockés par l’utilisation de substances inertes et végétales
Insectes ravageurs des stocks de céréales et de légumineuses
Les coléoptères sont un ordre d’insectes dotés d’élytres protégeant leurs ailes; c’est l’ordre le plus nombreux de la classe des insectes avec près de 350 000 à 400 000 espèces décrites divisées en quatre sous-ordres (Adephaga, Archostemata, Myxophaga et Polyphaga) (Strong etal., 1984). Les insectes polyphages sont les espèces constituant le sous-ordre des coléoptères le plus évolué; ils comprennent en effet plus de 100 000 espèces (Farrell, 1998). Parmi cellesci, la famille de curculionidae avec plus de 60 000 espèces et la sous-famille des bruchidae sont les principaux ravageurs de céréales et légumineuses stockées (Alvarez, 2004). Caryedon serratus (olivier), Callosobruchus maculatus (F.) et Acanthoscelides obtectus (Say) sont parmi les plus grands ravageurs des légumineuses en Afrique. Quant aux céréales, les ravageurs les plus connus et présentant un intérêt économique sont Sitophilus zeamais, Tribolium castaneum (Herbst), Sitotroga cerealella (Oliv.), Corcyra cephalonica et surtout Prostephanus truncatus (Horn)
Callosobruchus maculatus (Fabricius)
Callosobruchus maculatus ou bruche du niébé est aussi appelée bruche à quatre taches, bruche maculatée ou Cowpea weevil chez les anglo-saxons. Bruchus quadrimaculatus, Bruchidius ornatus, Bruchidius Ambigus et Bruchidius simatus sont des synonymes (Aïboud, 2012). C’est un coléoptère de la famille des Bruchinae.
Description morphologique
L’adulte de C. maculatus (Fig.4), de forme générale ovale, mesure 2,5 à 3,5 mm de long. Les antennes sont crénelées à partir du 5ème article, les derniers articles sont parfois de couleur sombre. Les élytres sont noirs avec des zones rousses revêtues d’une pubescence blanche et dorée, dessinant un « x » plus ou moins épais. Les deux sexes peuvent être distingués aisément par le pygidium large, de couleur sombre et traversé d’une ligne médiane de soies blanches chez la femelle alors que chez le mâle il est de petite taille et la ligne de soies est absente (Delobel et Tran, 1993). Selon Ouedrago (1991), la température et la teneur en eau des graines sont les deux facteurs qui induisent ce polymorphisme imaginal. Si le développement larvaire se déroule dans des graines à humidité élevée et dans un environnement à température élevée, il y’a émergence d’un fort taux d’adultes de forme voilière. Par contre, si celui-ci se déroule à basse température, quelle que soit l’humidité des graines, seuls des adultes de forme non voilière émergent. La forme voilière est capable de 11 voler, elle est peu féconde et constitue la forme de dissémination dans les cultures alors que la forme non voilière est incapable de voler et est sexuellement active dès son émergence de la graine (Utida, 1981; Glitho et al., 1988). Figure 4: Adulte de Callosobruchus maculatus (Source: Goergen, 2005)
Biologie et dégâts
maculatus est un insecte holométabole. Son cycle de développement passe par 4 stades larvaires et un stade nymphal dont la mue donne l’imago. Figure 5: Cycle de développement de C. maculatus (Source: Cruz et al., 1988) La fécondité des femelles de la forme non voilière est de 60 à 90 œufs. Par contre chez la forme voilière, elle est de 10 à 15 œufs. La durée du cycle de développement est fonction de la température, de l’humidité relative du milieu, du substrat de ponte et des souches. Les conditions optimales de développement se situent à 30°C et 70 % d’humidité relative (Delobel et Tran, 1993). Selon Sankara et al. 2012, C. maculatus est une espèce endophage et cosmopolite dont le développement larvaire s’effectue à l’intérieur des graines de plusieurs légumineuses à savoir Cicer arietinum L. (pois chiche), Glycine maxL. (soja), Lablab niger 12 L., Lablab purpureus L., Lens esculenta Medik. (lentilles), Vigna mungo L., Pisum sativum L., Vicia faba L., Vigna unguiculata Walp, Vigna subterranea L. et Cajanus cajan L. Cet insecte provoque des pertes importantes dans les stocks dans toutes les régions du monde où ces plantes sont cultivées. En effet, les larves se développent à l’intérieur des graines en consommant les réserves contenues dans les cotylédons et provoquent d’importantes pertes qualitatives et quantitatives (Huignard et al., 2011). De toutes ces plantes-hôtes citées cidessus, Sankara et al. (2012) soutiennent que V. unguiculata, ou niébé, est la plante hôte la plus appétée. En milieu rural, le manqued’infrastructures adéquates de stockage compromet fortement la conservation des graines de légumineuses. Du fait du faible niveau d’élaboration des techniques de conservation des denrées, C. maculatus peut entrainer une destruction totale des stocks après 5 à 6 mois (Lienard et Seck, 1994 ; Lienard et al., 1994; Bell, 1994). Les dégâts de la Bruche du niébé peuvent être reconnus aisément par les trous circulaires d’environ 2mm de diamètre que les adultes laissent sur les graines au moment de leur émergence (Ilboudou, 2009). Au Cameroun (Ngamo et al., 2007), au Burkina Faso (Ouédraogo et al., 1996) et au Nigeria (Seck et al., 1991), les pertes en poids de niébé dues à C. maculatus sont estimées à plus de 800 g/kg après sept mois de stockage. C. maculatus entraîne non seulement une perte de poids sec mais également une diminution de la qualité des graines, compromettant leur consommation et le pouvoir germinatif des semences (Singh et Singh, 1992; Odah, 1995). Selon Murdock et al. (1997), lorsque les dégâts excèdent un trou d’émergence par graine, la valeur marchande du niébé s’en trouve substantiellement réduite. Tchamou (1995) a montré qu’il existe une relation entre le nombre de trous d’émergence des bruches sur les graines et les pertes de poids.
Sitophilus zeamais (Motshulsky)
Sitophilus zeamais ou le Charançon du maïs est aussi appelé maize weevil ou greater (larger) rice weevil en anglais. C’est un coléoptère de la famille des Curculionidae. Il fait parti des plus grands destructeurs du maïs dans les régions tropicales et subtropicales (Kossou et al., 1993).
Description morphologique
L’adulte de Sitophilus zeamais (Fig.6) mesure environ 4 à 5 mm, il est de couleur brun-rouge foncé à noir. Sur chaque élytre se distinguent 2 tâches claires. L’insecte a un corps 13 cylindrique ; il s’identifie facilement par son rostre allongé qui porte la paire d’antennes coudées en forme de massues. S. zeamais ressemble beaucoup à S. oryzae mais il se distingue de ce dernier par sa taille plus grande et sa coloration plus sombre (Goergen, 2005). La larve est de couleur blanche, de forme sub-cylindrique, apode et très peu velue. Figure 6: Adulte de S. zeamais (Source: Goergen, 2005)
Biologie et dégâts
Les étapes du cycle de développement de S. zeamais passent de l’œuf à la larve, puis à la nymphe qui deviendra un adulte.La durée du cycle de développement de S. zeamais est variable en fonction de la température, de l’humidité relative et du substrat de ponte. Le développement larvaire se déroule entièrement à l’intérieure de la graine. Dans les conditions optimales (27°C et 70 % d’humidité relative), S. zeamais accomplit son cycle de développement en 36 jours sur du maïs dont l’humidité est de 13 % (Delobel et Tran, 1993). La longévité de l’insecte est de 3 à 5 mois et la fécondité est de 350 à 450 œufs par femelle. L’insecte a un développement de type holométabole. La femelle perce une cavité dans le grain où elle dépose un œuf, puis elle obstrue l’orifice de ponte à l’aide d’unesubstance mucilagineuse. Après 8 à 11 jours d’incubation la larve éclot et poursuit son développement, qui dure en moyenne 20 jours, en passant par 4 stades larvaires. La larve du dernier stade mue en nymphe qui donnera au bout de 6 à 7 jours l’imago (Danho et Haubruge, 2003). Le Charançon du maïs vit dans les régions chaudes et humides du monde et est particulièrement fréquent dans les zones où le maïs est cultivé. Dans les régions tropicales et subtropicales, S. zeamais figure parmi les ravageurs les plus importants du maïs. Il peut se reproduire dans du maïs dans une large gamme de teneurs en eau. De ce fait, l’insecte peut infester les grains aux champs avant même le stockage (Francesca, 2011). En zone rurale où les techniques de conservation des denrées agricoles sont peu élaborées, ce ravageur peut occasionner des 14 pertes post-récolte pouvant atteindre 90 % en 5 mois de stockage (Nukenine et al., 2002; Ngamo et al., 2007).Dans les magasins qu’il infeste, les pertes peuvent atteindre 40 % en six mois de stockage (Guèye et al., 2012). Cette espèce provoque des dommages au grain par la consommation, les excréments et les résidus issus des attaques des grains, et par les exuvies des larves et des nymphes. En plus du maïs, S. zeamais peut infester d’autres denrées commele blé, le riz, l’orge, le sorgho, le millet, les grains entiers ou brisés. L’infestation de S. zeamais favorise la présence de moisissures comme les Aspergillus qui induisent des taux élevés d’aflatoxines dans les produits alimentaires (Delobel et Tran, 1993).
Prostephanus truncatus (Horn)
Prostephanus truncatus, communément appelé le Grand Capucin du maïs est aussi appelé the Larger Grain Boreren anglais. Ses synonymes sont Dinoderus truncatus et Stephanopachys truncatus. C’est un coléoptère de la famille des Bostrychidae.Le grand capucin est d’origine méso-américaine. Il a été introduit accidentellement en Afrique où il occasionne de sérieux dégâts dans les stocks alimentaires. Il a été signalé en Afrique à la fin des années soixante-dix où il a acquis le statut de ravageur principal (GTZ, 1999 ; Helbig, 1995). Ce n’est qu’en 2007 qu’il est signalé pour la première fois au Sénégal à Vélingara Boydo et à Mankagne Sory dans le département de Kolda (Guèye et al., 2008).
Description morphologique
L’adulte de P. truncatus (Fig.7), mesure 3,5 à 5 mm de long. Il est de couleur marron foncé avec des antennes rousses (Nansens et Meikle, 2002). Le corps a une forme cylindrique avec la tête orientée vers le bas. La larve a trois paires de pattes, elle est de couleur blanche, charnue et peu couverte de soies. P. truncatus ressemble à Rhyzopertha dominica appelé le petit perceur des céréales. L’extrémité tronquée de P. truncatus et sa grande taille permettent de le distinguer aisément de R. dominica (Delobel et Tran, 1993; Goergen, 2005).
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