Influence du milieu scolaire sur le quotidien des EGRS
Dans notre première partie, nous avons abordé les différents problèmes dont parle la littérature quand il s’agit de la question de l’enseignement en ZEP. De nombreux travaux traitent de la forte hétérogénéité des élèves, d’une part importante d’élèves en grande difficulté scolaire, ainsi que des problèmes de discipline, voire de violence, dans les milieux défavorisés. Que pense notre population de ces points particuliers ? Sont-ils en accord avec ce que relate la littérature ? Que disent-ils de l’influence de ces thématiques sur le quotidien scolaire des EGRS ? Dans notre questionnaire, les trois premières sous-parties interrogeaient respectivement les enseignants sur la façon dont ils géraient l’hétérogénéité, la grande difficulté scolaire et les problèmes de discipline. Lors des entretiens, ces trois thématiques ont été abordées à différents moments de l’entrevue.
Le quotidien des enseignants dans une classe de ZEP
Notre problématique porte sur la professionnalisation enseignante face à la réussite scolaire dans les zones d’éducation prioritaire. Or, il nous semble indispensable de maîtriser, avant de s’intéresser au lien particulier avec la grande réussite scolaire, à ce que les enseignants disent du milieu dans lequel ils travaillent. Que disent les enseignants du fait de travailler dans les ZEP ? Pensent-ils que le métier d’enseignant en ZEP est différent de celui hors ZEP ? Y a-t-il des problèmes particuliers qui se posent en lien avec le milieu d’exercice ? La connaissance parfaite des déclarations des enseignants autour de la spécificité de leur milieu d’exercice permettra par la suite une meilleure compréhension des liens qu’ils font entre le milieu scolaire et les EGRS. En effet, ils reprennent l’intégralité des points abordés dans cette première partie et donnent leur avis sur l’effet de ces points sur le quotidien des EGRS. Ces effets seront d’autant plus clairs que l’on connaît l’avis des enseignants sur chacun des points abordés, dans un premier temps d’un point de vue général, pour ensuite les comprendre à travers la réussite scolaire. Nous allons donc, dans un premier temps, exposer les résultats récoltés à travers ces deux dispositifs d’enquête pour ensuite les mettre en lien avec l’état de l’art. A ce moment, notre population porte un regard général sur l’ensemble de la classe. Il ne s’agit pas ici de regarder la professionnalisation enseignante à travers la réussite scolaire mais de façon globale avec tous les élèves de la classe pour en apprendre davantage sur le contexte de travail des professionnels interrogés. Que disent les enseignants de leur travail au quotidien dans la classe ? Y a-t-il selon eux une spécificité d’enseignant en ZEP ? Pour chaque partie, nous commencerons par faire un point des différentes notions telles qu’elles sont définies ou abordées dans la littérature avant de les mettre en lien avec le discours des enseignants.
doivent être les mêmes que celles pour l’ensemble du territoire français (MEN, 2003) car « les enfants pauvres ne sont pas de pauvres enfants » (Delahaye, 2015). Il faut être bienveillant et exigeant avec eux si on veut les respecter. A l’origine, pour Armand (2011, p. 39), le projet des créations de ZEP était de parvenir à « enseigner autrement » les mêmes connaissances et les mêmes capacités. Le constat est fait par l’auteur que les enseignants de ZEP n’enseignent pas de la même façon mais ils ne dispensent pas non plus les mêmes contenus d’enseignement. Une des dérives reprochées aux ZEP est de voir que les professionnels ont pour objectif le bien être de l’élève et la construction de la personne au détriment de la réussite scolaire. Le fait de désigner les ZEP comme des secteurs « difficiles » les classent automatiquement dans un secteur « hors norme » (Kherroubi & Rochex, 2004, p. 169). La question a été posée aux enseignants de ZEP et à ceux travaillant dans des écoles ordinaires. La majorité des enseignants des écoles et des collèges ordinaires (58%), contrairement à ceux travaillant en ZEP (34%), pensent « qu’enseigner en ZEP, ce n’est pas du tout le même métier » (Guillaume, 2001, p. 75). Selon les enseignants de ZEP, le niveau des élèves est plutôt bon et ils ont un sentiment de réussite professionnelle élevée. Il existe peu de différence entre le niveau perçu par les enseignants des élèves de ZEP et hors ZEP. Selon eux, 19% des élèves de ZEP ont un niveau faible, voire très faible (contre 13% hors ZEP) et 55% ont un niveau élevé ou très élevé (contre 60% en ZEP). Mais une faible majorité des enseignants a répondu que c’était « exactement le même métier » (8%), la majorité choisissant le terme de « pas vraiment différent » (38%) (Kherroubi & Rochex, 2004, p. 168). Il y a quand même 14% des enseignants qui déclarent vouloir arrêter d’enseigner s’ils le pouvaient (Guillaume, 2001). Comment les enseignants de notre population parlent de leur métier en tant qu’enseignant de ZEP ? Le fait d’enseigner en zone d’éducation prioritaire est-il abordé par eux lors des entretiens ou dans leurs réponses au questionnaire ? La spécificité du milieu d’exercice est-elle une particularité du métier ou crée-t-elle un métier autre .