Importance socio-économique de l’arachide dans le monde, en Afrique et au Sénégal
L’arachide était la 4ème production végétale dans le monde en 2012. Elle représente une culture majeure dans la plupart des régions tropicales et subtropicales. Elle se retrouve sur tous les continents (Figure 1), dans 120 pays environ et la superficie totale emblavée est de 24,7 millions d’hectares pour une production de 41,18 millions de tonnes soit un rendement moyen de 1,66 tonne par hectare (FAOSTAT, 2012). La Chine (16,85 millions de tonnes) et l’Inde (5,77 millions de tonnes) sont les plus grands pays producteurs du continent asiatique et sont également les premiers producteurs mondiaux contribuant à eux seuls pour plus de la moitié de la production mondiale depuis 2007. Le continent africain, avec ses 11,82 millions d’hectares emblavés en 2012, a affiché une production de 10,94 millions de tonnes d’arachide et occupe la seconde place après le continent asiatique. Les Etats-Unis d’Amérique (3,05 millions) sont le premier pays producteur sur le continent américain (FAOSTAT, 2012). L’Afrique a connu une véritable croissance de la production arachidière depuis le début des années 1990. Selon Revoredo et Fletcher (2002), cette croissance est principalement due à l’augmentation de la production dans certains pays d’Afrique de l’Ouest comme le Nigéria, troisième producteur mondial, qui a contribué pour plus du tiers de la production arachidière de l’Afrique en 2008. Cette tendance à la hausse de la production arachidière est observée dans la plupart des grands pays producteurs à l’exception du Sénégal où on constate une réduction de 25,8% en comparant la moyenne de la production des années 1972 – 1975 à celles des années 1996 – 2000. La contribution de l’arachide à l’économie mondiale représente environ 10% de la production mondiale d’oléagineux (Fletcher et Nadolnyak, 2006). Son volume de production a représenté un chiffre d’affaire d’environ 17 milliards de dollars en 2007 (FAOSTAT, 2008). Cependant, les exportations ne représentent que 6% de la production mondiale ; car la plus grande partie sert à l’autoconsommation. Les plus grands pays exportateurs d’arachide au monde sont la Chine, les USA, l’Argentine, l’Inde et le Vietnam. Les trois premiers pays contribuent à eux seuls pour plus de 70% des exportations mondiales (Boonsaeng et Fletcher, 2008). Les exportations se font majoritairement vers les pays de l’Union Européenne, le Japon, le Mexique, la Russie et le Canada. Figure1:L’aire de production de l’arachide à travers le monde. Source (http://www.dakatine.com/decouvrez-dakatine2/pate-darachide) Dans les pays en développement, l’arachide constitue l’une des principales cultures de rente, surtout en Afrique subsaharienne où sa production participe pour 30 à 50% au PIB. Au Sénégal, elle a contribué pour 80% des recettes d’exportations dans les années 1960. Cette contribution aux recettes publiques a considérablement diminué au cours de ces dernières années. Néanmoins, elle garde encore une forte proportion dans les systèmes de culture où elle occupe 50% des superficies emblavées et tient de ce fait une place importante dans l’économie nationale, générant une source de revenus chez les paysans et chez les industriels comme SUNEOR. Sur le plan alimentaire, la forte teneur en huile, en protéines et en acides essentiels fait de cette plante oléagineuse une excellente source d’énergie. Ainsi, l’arachide produite dans le monde est principalement transformée en huile, en farine et en dérivés qui entrent dans la composition d’autres produits alimentaires (confiserie, beurre de cacahuète, pâte d’arachide…). Entre 1996 et 2000, près de la moitié (49,2%) de la production mondiale a été utilisée pour la production d’huile et de farine tandis que 41,1% de cette production est rentrée dans la composition de produits alimentaires. Les parts qu’occupent les différentes formes d’utilisation de l’arachide varient d’une région à une autre et à l’intérieur d’une région en fonction des pays. C’est ainsi qu’en Asie, la Chine consacre 40% de la production pour l’alimentation contre 9% seulement en Inde. Aux Etats-Unis, 5 77% sont consacrés à l’alimentation contre 55,3% en Afrique de l’Ouest (Revoredo et Fletcher, 2002).
Quelques risques liés à la consommation de l’arachide
Sur le plan sanitaire, en dépit de ses atouts (valeur nutritive excellente, effets positifs sur le traitement de la malnutrition sévère et la réduction des risques de maladies cardiovasculaires), l’arachide peut présenter des risques de santé publique. Ces risques sont liés à la consommation de l’arachide et de ses dérivés contaminés par l’aflatoxine. L’aflatoxine est une mycotoxine produite par l’Aspergillus flavus, qui est toxique et peut provoquer le cancer primaire du foie. C’est aussi un facteur de retard de croissance chez les enfants (Gong et al, 2004). Dans les pays développés, cette contamination par l’aflatoxine des arachides pose moins de problèmes car la législation et les contrôles sanitaires sur les limites d’exposition sont stricts et très suivis. Par contre, dans les pays en développement, surtout ceux de l’Afrique subsaharienne où le contrôle est inefficace les conséquences de la contamination des arachides à l’aflatoxine sur la santé des populations peuvent être graves (Tossim, 2003; Foncéka, 2010).
Taxonomie de la plante
L’arachide appartient à la grande Famille des Légumineuses qui se divise en trois sous-familles : les Mimosoideae, les Caesalpinoideae et les Papilionoideae. C’est dans cette dernière sous-famille que l’on retrouve la plupart des légumineuses cultivées à haute importance économique. Les Papilionoideae peuvent être subdivisés en quatre (04) clades majeurs (Wojciechowski et al, 2004): Les Phaseoloides comprenant le haricot, le niébé, le soja… Les Galegoides comprenant le pois, les lentilles, les fèves, le pois chiche et les espèces modèles comme Medicagotruncatula et Lotus japonicus… Les Genistoides qui renferment le lupin, Les Dalbergioides comprenant l’arachide… 6 L’arachide appartient à la tribu des Aeschynomeneae, la sous-tribu des Stylosanthenae et au genre Arachis. Ce genre comprend 80 espèces décrites qui sont réparties en 9 sections en fonction de leur morphologie, de leurs caractéristiques chromosomiques et de leur compatibilité de croisement (Krapovickas et Georgory, 1994; Valls and Simpson, 2005). Les sections Caulorrhizae, Erectoïdes, Extrannervosae, Heteranthae, Procumbentes, Trierectodeset Triseminatae sont composées uniquement d’espèces diploïdes (2n = 2x = 20)(Stalker Simpson, 1995). Les sections Arachis et Rhizomatosae sont composées d’espèces diploïdes (2n = 2x = 20 ; 2n = 2x = 18) et d’espèces tétraploïdes (2n = 4x = 40) (Smart et Stalker, 1982). L’arachide cultivée appartient à la section Arachis, dans laquelle 29 espèces diploïdes et tétraploïdes ont été décrites.
Biologie et cycle de développement.
L’arachide est une plante annuelle herbacée de 30 à 70 cm de haut, autogame et à fructification souterraine. La plante présente un port érigé ou rampant et c’est l’un des critères essentiels du système de classification de l’arachide cultivée en sous-espèces. L’arachide a un cycle de développement qui varie entre 80 et 125 jours et qui peut être subdivisé en trois phases: la germination- début floraison, la floraison –fructification, et la maturation.
La germination – début floraison
La germination débute dès que le taux d’imbibition atteint 35 à 40%. La radicule apparaît très vite, se développe rapidement en moyenne 10 à 20 mm par jour et les racines latérales ne se développent qu’après trois ou quatre jours de l’apparition de la radicule. Jusqu’à l’apparition des premières fleurs, la croissance végétative est relativement restreinte. La durée de cette première phase est une caractéristique variétale dans une situation écologique bien déterminée. En climat tropical, elle est plus courte pour les variétés hâtives de types Valencia et Spanish que pour les variétés tardives du groupe Virginia (Caron et Granès, 1993).
Floraison – fructification
L’autogamie est le mode normal de reproduction de l’arachide mais le taux d’allogamie de cette plante à fleurs cléistogames n’est pas nul et peut varier entre 0,2 et 6,6% selon les types botaniques, les variétés, les localités et les insectes pollinisateurs présents. Les inflorescences naissent à l’aisselle des feuilles, sur les branches primaires et secondaires. Ces inflorescences sont simples ou composées et comprennent chacune jusqu’à 5 fleurs. Une seule fleur s’ouvre par 7 inflorescence et par jour. Les fleurs, de couleur jaune ou orangée sont de type papilionacé et sont perchées à l’extrémité d’un pédoncule tubulaire allongé ou hypanthe. Les styles contenus à l’intérieur de l’hypanthe s’allongent en même temps que ce dernier pendant les 12 ou 24 heures précédant l’anthèse et peuvent atteindre 5 cm ou plus (Fonceka, 2010). L’apparition des premières fleurs varie selon les variétés et les conditions agro-climatiques. Clavel et Gautreau (1997) ont décrit que dans les régions tropicales, les variétés hâtives qui appartiennent généralement aux groupes Spanish et Valencia peuvent fleurir dès le 20e jour après le semis alors que les variétés tardives du groupe Virginia ne fleurissent qu’à partir du 25e jour. Dans les régions tempérées ou d’altitude, la phase du semis à la floraison s’allonge pour atteindre une cinquantaine de jours. Le nombre de fleurs émis est fonction des conditions climatiques. Ce nombre est maximal entre le 40e et le 60e jour après semis. Il décroît ensuite lentement sans s’annuler.