Implication du pharmacien dans les allergies cutanées

Implication du pharmacien dans les allergies cutanées

LA PEAU, UNE ENVELOPPE INDISPENSABLE 

Anatomie et histologie de la peau 

La peau de 2 mm d’épaisseur en moyenne est constituée de trois tissus superposés : de l’extérieur vers l’intérieur on trouve l’épiderme, le derme et l’hypoderme. Dans la peau se trouvent des annexes cutanées comprenant des glandes sébacées, des glandes sudoripares et des phanères (poils et ongles). (2) Figure 1: Coupe histologique de la peau A. Structure générale de la peau

L’épiderme

 L’épiderme est la couche la plus superficielle de la peau et c’est la première barrière contre les agressions du milieu extérieur. Cette fonction est assurée par la production d’une protéine fibreuse et résistante, la kératine et à la cohésion des cellules épithéliales. Son épaisseur varie en fonction de sa localisation : pouvant aller de 0,5 mm au niveau des paupières à 1,5 mm au niveau palmo-plantaire. L’épiderme est un épithélium de revêtement en constant renouvellement. C’est un épithélium : − Stratifié car constitué de plusieurs assises cellulaires ; − Pavimenteux car les cellules de sa couche superficielle sont plates ; 19 − Kératinisé car il synthétise une protéine fibreuse et résistante : la kératine. L’épiderme est avasculaire ; les nutriments et l’eau nécessaire aux cellules de l’épiderme proviennent du derme et y pénètrent par diffusion. L’épiderme est constitué de 4 couches cellulaires superposées qui expliquent le caractère stratifié de l’épiderme. On trouve de la profondeur vers la surface : − La couche basale ou la couche germinative (stratum germinativum) − La couche épineuse ou couche du corps muqueux de Malpighi (stratum spinosum) − La couche granuleuse (stratum granulosum) − La couche cornée (stratum corneum) (2) Figure 2: Les différents constituants de l’épiderme (3) a) La couche basale ou germinative (stratum germinativum) La couche basale, la plus profonde de l’épiderme, est située au contact de la jonction dermoépidermique. Elle donne naissance aux kératinocytes qui représentent 80% de la population cellulaire de l’épiderme. Ils migrent de la lame basale vers la surface en se différenciant progressivement, faisant apparaître 4 stades de maturation cellulaire différente. Leur principale caractéristique réside dans leur capacité à synthétiser de la kératine, selon un processus appelé kératinisation. Ce processus dure en moyenne 3 semaines. C’est principalement grâce à la kératine, protéine fibreuse et insoluble dans l’eau, que les kératinocytes et donc l’épiderme assure la fonction de barrière face à l’environnement extérieur. (2) (4) 20 A côté des kératinocytes, il y a d’autres cellules qui ne représentent plus que 20% de la population cellulaire : − Les mélanocytes : leur fonction est d’assurer la synthèse de pigments mélaniques qui donnent à la peau sa couleur et la protègent des rayons UV. − Les cellules de Langerhans : ces cellules appartiennent au système immunitaire et ont pour rôle de défendre l’organisme contre les agressions extérieures. − Les cellules de Merkel : d’origine nerveuse elles correspondent à des récepteurs sensoriels dans la perception du toucher. (2) b) La couche épineuse ou couche du corps muqueux de Malpighi (stratum spinosum) La couche épineuse ou couche du corps muqueux de Malpighi est constituée de 5 à 6 couches de cellules. Elles sont volumineuses, de forme polygonale dans les couches inférieures et s’aplatissent dans les couches supérieures. (5) La cohésion entre ces cellules est assurée par des desmosomes qui leur donnent une allure épineuse. (2) c) La couche granuleuse (stratum granulosum) La couche granuleuse est formée de 3 couches de kératinocytes aplatis qui possèdent un noyau, de la chromatine qui se raréfie et dans le cytoplasme des granulations de 2 sortes : les kératohyalines et les kératinosomes. Ces granulations referment des précurseurs moléculaires qui, comme les desmosomes, contribuent à renforcer l’adhésion cellulaire. (2) d) La couche cornée (stratum corneum) La couche cornée, constituée de 4 à 20 couches de cellules aplaties, représente la couche la plus externe de l’épiderme en contact avec l’environnement extérieur. Elle est composée de kératinocytes qui sont arrivés au stade final de leur différenciation. Ils sont totalement kératinisés, aplatis, dépourvus de noyau d’organites cytoplasmiques. Ce sont les cornéocytes. (2) (6) 21 On distingue deux sous-couches : − La couche compacte (stratum compactum) : elle assure la fonction de barrière de la peau. Les cornéocytes sont remplies de faisceaux de kératine dense et entourés d’une enveloppe cornée située sous la membrane cytoplasmique. La cohésion intercornéocytaire est assurée par un ciment interlipidique (céramides, acides gras polyinsaturés, cholestérol) et des cornéodesmosones remplaçant les desmosomes dans les précédentes couches. (2) − La couche desquamante (stratum disjonctum) : la plus externe, elle se trouve en surface. Elle est le siège du mécanisme enzymatique de desquamation des cellules cornées qui consiste d’une part en la destruction des membranes lipido-protéiques cornéocytaires et d’autre part en la dégradation des protéines des cornéodesmosomes. Ce processus implique des enzymes spécifiques et conduit à l’élimination des cellules mortes. Il faut savoir que l’épiderme se renouvelle continuellement et en totalité en 21 à 28 jours. (2)

La jonction dermo-épidermique 

La jonction dermo-épidermique aussi appelée membrane basale épidermique, située sous le derme, sépare le derme de l’épiderme. (7) Elle offre une matrice d’ancrage pour ces deux tissus : − Du côté de l’épiderme : les hémidesmosomes, complexes jonctionnels spécialisés, relient les kératinocytes basaux à la lame basale. − Du côté du derme : ce sont des fibres d’ancrage de collagènes de type VII qui interagissent d’un côté avec la membrane basale et qui, de l’autre, forment un réseau piégeant les fibres de collagène de la couche supérieure du derme. (8) (2) Outre son rôle dans l’adhésion et le soutien pour les tissus et les cellules, la jonction dermoépidermique joue un rôle de barrière dans la diffusion et de zones d’échange (eau, électrolytes, éléments nutritifs et métaboliques, etc.) entre ces deux compartiments. (

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Le derme Le derme a une épaisseur de 1 à 2 mm selon sa localisation

 Il est une des trois couches qui constitue la peau et sépare l’épiderme de l’hypoderme. Le derme est un tissu conjonctif composé principalement d’une matrice extracellulaire produite par des fibroblastes, qui représentent la principale population cellulaire du derme (90%). (9) 22 Les fibroblastes synthétisent les fibres de collagène, les fibres élastiques, de la substance fondamentale et des glycoprotéines de structure. Majoritaires, les fibres de collagène donnent à la peau sa résistance à la tension. De plus elles fixent les molécules d’eau ce qui permet l’hydratation de la peau. Les fibres élastiques confèrent à la peau une grande élasticité lui permettant de se tendre et de se détendre comme un élastique. La substance fondamentale est un gel souple qui permet de maintenir l’ensemble de ses fibres. On y trouve des protéoglycanes et des glycosaminoglycanes qui sont fortement hydrophiles, notamment l’acide hyaluronique, substance ayant la propriété de retenir les molécules d’eau dans le derme à l’image d’un réservoir. Il existe dans de le derme d’autres cellules qui sont minoritaires sur le plan quantitatif, telles que les cellules nerveuses, les cellules du système immunitaire (lymphocytes, macrophages, mastocytes et cellules dendritiques). Le derme étant richement vascularisé, il permet par l’intermédiaire de la jonction dermoépidermique d’apporter à l’épiderme qui n’est pas vascularisé, les nutriments nécessaires (sels et molécules). (2) 

Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE I : LA PEAU, UNE ENVELOPPE INDISPENSABLE
I. Anatomie et histologie de la peau
A. Structure générale de la peau
1. L’épiderme
a) La couche basale ou germinative (stratum germinativum)
b) La couche épineuse ou couche du corps muqueux de Malpighi (stratum spinosum) 20
c) La couche granuleuse (stratum granulosum) 20
d) La couche cornée (stratum corneum)
2. La jonction dermo-épidermique
3. Le derme
4. L’hypoderme
B. Les annexes cutanées
1. Les glandes sudoripares
a) Les glandes sudoripares eccrines
b) Les glandes sudoripares apocrines
2. Les glandes sébacée
C. Les phanères
1. Les ongles
2. Les cheveux et les poil
II. Le microbiote cutané.
A. Le film hydrolipidique
B. La flore cutanée
C. Le pH cutané
III. Les fonctions de la peau
A. Barrière : de protection vis-à-vis du milieu extérieur
1. La couche cornée
2. Le derme
3. L’hypoderme
B. Fonction immunitaire : barrière face aux agents microbiens
PARTIE II : LE SYSTEME IMMUNITAIRE
IV. Les acteurs du système immunitaire cutané (SIC)
A. Des cellules
1. Les cellules résidentes de l’épiderme
a) Les cellules dendritiques (CD), cellules clés de l’immunité cutanée
b) Les kératinocytes (KCs)
2. Les cellules résidentes du derme
a) Les cellules dendritiques dermiques (CDds)
b) Les macrophages (Ms
c) Les mastocytes
3. Les autres cellules résidentes de la peau
a) Les fibroblastes (FBs)
b) Les cellules endothéliales micro-vasculaires
B. Des molécules solubles
1. Le complément
2. Les interleukines ou cytokines
3. Les anticorps ou immunoglobulines
V. Sensibilisation allergique : immunité innée et immunité adaptative
A. Immunité innée : réponse naturelle ou non spécifique
1. Activation des cellules immunitaires dermiques et/ou épidermique
a) Activation via les Toll-Like Receptors (TLRs)
(1) Les TLRs
(2) Expression des TLR dans les cellules cutanées
(3) Sensibilisation cutanée : rôle des TLRs
b) Activation via les NOD-Like Receptors (NLRs)
(1) L’inflammasome NLRP3
(2) Sensibilisation cutanée : rôle des NLRs et de l’inflammasome.
2. Expression des molécules du CMH
a) Voie endogène du CMH-I
b) Voie exogène du CMH-II
B. Immunité acquise : réponse adaptative ou spécifique
1. Activation des lymphocytes T-CD4 ; lymphocytes T-CD8 et orientation de la réponse allergique effectrice
a) Activation des lymphocytes T-CD4
(1) Reconnaissance du fragment antigénique
b) Activation des lymphocytes T-CD8
(1) Reconnaissance du fragment antigénique
c) « Skin-homing » et migration des lymphocytes T
2. Activation des lymphocytes B
a) Activation thymo-dépendante
b) Activation thymo-indépendante
c) Les lymphocytes B mémoires et plasmatiques
d) T-helpers et réponse IgE
PARTIE III : L’ALLERGIE
VI. Définition
VII. Les symptômes
A. L’urticaire : allergie immédiate
B. L’eczéma de contact ou dermatite de contact : allergie retardée
C. L’œdème de Quincke ou angiœdème : rare
D. Les allergènes
VIII. Diagnostic
A. L’urticaire
1. Interrogatoire
2. Diagnostic positif reposant sur la clinique essentiellement
a) Urticaire superficielle
b) Urticaire profonde ou angiœdème
3. Bilan allergologique
B. L’eczéma de contact ou dermatite de contact
1. Interrogatoire
2. Diagnostic positif et topographie des lésions
3. Tests allergologiques : Tests épicutanés ou patch-tests.
4. Autres tests
C. L’œdème de Quincke
1. Interrogatoire
2. Diagnostic positif reposant sur la clinique
IX. Traitements
A. L’urticaire
1. Urticaire aiguë
a) Traitement de la poussée sans signe de gravité
b) Traitement de la poussée avec signe de gravité .
2. Urticaire chronique
a) Traitement de 1ère intention
b) Urticaire résistante : traitement de 2ème intention
B. L’eczéma
1. Traitement de l’eczéma aigu
2. Traitement de l’eczéma chronique
C. L’œdème de Quincke
X. Autres alternatives aux traitements médicamenteu
A. L’urticaire
1. Les produits de parapharmacie
2. Les plantes : phytothérapie et aromathérapie
3. L’homéopathie
B. L’eczéma de contact
1. Les produits de parapharmacie
2. Les plantes : phytothérapie et aromathérapie
3. Innovation
4. L’homéopathie
XI. Prévention
A. L’urticaire
B. L’eczéma de contact ou dermatite de contact 96
C. L’œdème de Quincke
CONCLUSION
TABLE DES FIGURES
LISTE DES TABLEAUX
BIBLIOGRAPHIE

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