Implication des agences d’urbanisme

« Implication des agences d’urbanisme »

Le projet de la ville ne peut constituer un modèle unique pour toutes les villes, car il ne peut être assimilé à une norme ou à un schéma préétabli. Ce projet va pour autant s’appuyer sur un même paradigme conjuguant équité sociale, économie équitable et préservation de l’environnement. Ce paradigme va être le point de départ de chaque projet, mais il va s’adapter différemment selon les besoins du territoire auquel il s’applique. Le projet de ville durable associe le local et le global, considérant que la ville constitue le lien entre ces deux dimensions. D’autre part, la conception de ce projet passe par la mobilisation de nombreux acteurs. Parmi ceux-ci, nous pouvons admettre que les agences d’urbanismes sont en mesure de jouer un rôle important, puisque ces agences sont à l’interface de multiple acteurs et fortement impliquées dans la dimension stratégique de la planification urbaine et la définition du projet urbain. L’objectif de ce chapitre est de définir comment les agences d’urbanisme sont aujourd’hui engagées dans la définition et la réalisation de la ville durable, sachant que la Fédération Nationale des Agences d’Urbanisme a organisé et organise depuis plusieurs années des séminaires et des rencontres nationales, dont certains sont dédiés à la question du développement durable. De plus, comme depuis la Loi d’Orientation Foncière de 1967, les agences d’urbanisme sont des acteurs privilégiés de la planification spatiale de la ville, on peut alors avancer comme hypothèse de travail, que ces structures constituent des lieux privilégiés de fondation de politiques urbaines durables. A partir de cette hypothèse, l’objectif sera de définir comment les agences d’urbanisme deviennent des acteurs d’une planification urbaine durable. Notre analyse porte sur l’ensemble des agences de notre panel. Cette analyse vise à observer comment la structure intègre le concept de développement durable307. En complément, nous avons étudié comment le développement durable était inscrit au sein des documents d’urbanisme, étude menée sur ceux produit par une seule agence d’urbanisme, celle de l’agglomération de Tours308. Avec ce complément, nous tenterons de définir ce vers quoi tendent désormais ces outils. I – Les agences d’urbanisme : Acteurs d’une planification urbaine durable ? Définir le rôle joué par une organisation dans un domaine peut s’avérer complexe, car elle est à la fois distincte de son environnement social et en même temps plongée dans celui-ci, tout en constituant un élément. Pour traiter la question « En quoi les agences d’urbanisme oeuvrent elles à la définition et à la mise en place du développement durable? », deux approches doivent être menées de façon complémentaire. La première consiste à prendre l’agence comme une organisation distincte de son environnement. Par conséquent, elles peuvent être étudiées selon les catégories du paradigme systémique. Cet objet d’étude se définit par cinq dimensions qui sont : sa structure, son évolution, son fonctionnement, ses finalités et son environnement. Selon cette méthode chacune de ces dimensions peuvent être observées afin de rendre compte de la place faite à la thématique du développement durable.

D’ailleurs, une approche plus fine sera réalisée sur les productions des agences d’urbanisme et, plus particulièrement, les Plans Locaux d’Urbanisme du périurbain tourangeau, afin de mettre en exergue comment ce concept se traduit au sein de ces documents. La seconde est fondée sur la sociologie des organisations, elle part d’une action et consiste à construire par approximations successives, l’organisation qui en rend compte ou la produit. Dans une telle approche, l’agence d’urbanisme n’est pas, à priori, le seul système étudié. En fait, elle constitue un organisme dans le réseau qui construit l’objet. 

 Méthode d’analyse 

La première approche consistant à prendre l’agence comme une organisation distincte de son environnement, a été retenue pour mener cette analyse. Le développement durable n’est pas seulement une affaire de normes ou de principes généraux, ni une affaire uniquement de réalisations concrètes ou opérationnelles, il est aussi un système intermédiaire, relevant de la stratégie et de la tactique. En matière d’urbanisme, la stratégie consiste à définir un projet urbain. Il peut, par exemple, prendre la forme d’un schéma directeur. Il possède un versant tactique qui correspond à l’identification des moyens mobilisables pour arriver à la réalisation du projet. Parmi les acteurs et partenaires de l’urbanisme, les agences ont été créées en tant qu’outil par la LOF pour aider à définir ce projet. Cette aide peut être même considérée comme étant l’activité qui légitime leur existence. C’est à ce titre que nous devons observer comment ces structures ont fait ou font du développement durable l’un des domaines de leurs compétences.

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Dimensions observées 

Au travers de la première approche, nous avons étudié trois des cinq dimensions générales qui caractérisent tout objet et en particulier une organisation. La première dimension est relative aux finalités de l’objet. Certes, nous avons déjà rappelé que les agences d’urbanisme avaient été créées pour être l’outil d’aide à la conception du projet urbain ou du schéma directeur, actuellement représenté par le Schéma de Cohérence Territoriale. Mais ce projet ou schéma peut être, à son tour défini, comme un moyen pour la mise en place d’une politique urbaine de développement durable. Cette norme qu’est le développement durable peut-être considérée comme un but que peuvent se fixer les agences d’urbanisme. Pour étudier en quoi ce type de développement encadre les actions et l’organisation des agences, nous avons choisi d’interroger le directeur ou la directrice de l’agence afin d’observer si le développement durable est un but énoncé ou non. La seconde dimension est relative à la structure de l’agence elle-même. Nous avons retenu seulement deux caractéristiques. La première est relative aux outils de connaissance, internes à l’agence, et qu’elle peut mobiliser pour aider à définir les orientations stratégiques en matière de développement durable. Les outils traditionnels utilisés par les agences et qu’elles ont souvent établis, sont des observatoires qui représentent l’évolution et l’état du milieu urbain selon telle ou telle thématique (habitat, emploi, environnement, etc.). La présence de ces outils caractérise les domaines de compétences des agences si l’on considère qu’une compétence est nécessairement liée à la connaissance d’un milieu.La deuxième caractéristique est relative au personnel des agences. La plus ou moins grande diversité des métiers peut être considérée comme un indicateur de compétence à la mise en place d’une politique urbaine de durabilité. En acceptant l’hypothèse que le développement durable se caractérise par sa complexité et la diversité de ses domaines. La troisième dimension est relative à la production des agences qui représentent ce qu’elles font concrètement. L’analyse de ces productions doit définir en quoi le développement durable configure les projets urbains, mais également comment les agences définissent le développement durable urbain, du moins sa partie liée à la dimension stratégique de l’urbanisme. Trois axes principaux d’investigation ont été mis en œuvre : des entretiens, l’étude de documents produits par les agences et le relevé de la liste des observatoires mis en place par celles-ci. Il a été réalisé des entretiens semi directifs menés préférentiellement avec les directeurs d’agence permettant de définir les représentations qu’ils se font du développement durable et de son impact sur les activités d’une agence. Puis, une étude des documents produits par les agences et ceux auxquels elles ont contribué, a permis d’approcher l’inscription concrète du développement durable dans les travaux des agences. Et enfin, l’établissement de la liste d’observatoires a permis de définir les bases de données dont disposent ces structures.

Agences étudiées 

Cette étude porte sur un panel de quatorze agences d’urbanisme : – Lyon – Lille – Grenoble – Tours – Bordeaux – Angers – Rennes – Dunkerque – Troyes – Orléans – Aix-en-Provence – Nantes – Nîmes – Clermont-Ferrand. Cette liste résulte d’un choix initial visant à travailler sur une population représentative de la quarantaine d’agences métropolitaines et de l’accès qui nous a été accordé pour récolter les informations. Au bout du compte, les quatorze agences enquêtées sont bien représentatives de l’ensemble des agences métropolitaines309. Les informations obtenues auprès de ces quatorze agences ont été complétées par des investigations complémentaires, menées auprès de la FNAU. Le traitement des données fut tout d’abord établi agence par agence. Nous présenterons la synthèse de ces fiches, afin d’observer les actions menées, au titre du développement durable, par les agences d’urbanisme. La suite se décompose en deux parties : La première présente agence par agence les informations collectées. Cette partie présente tout d’abord le contenu des entretiens menés avec les directeurs d’agences, puis les types d’observatoires mis en place au sein de chacune des agences enquêtées et leur production. La seconde partie compare, pour l’ensemble des agences enquêtées, les informations acquises, puis donne pour quelques agences un exemple de production qui caractérise leur action menée au titre du développement durable. Cette partie se termine par l’analyse des métiers.

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