Impacts et limites de la communication grand public sur les maladies chroniques
La croissance des maladies chroniques représente aujourd’hui, comme vu précédemment, une grave menace pour le développement mondial et représente la première cause de décès dans le monde. Pour y faire face, les pouvoirs publics, le secteur privé, la société civile et les communautés locales doivent collaborer et adopter de nouvelles mesures pour limiter le développement des maladies chroniques. Par exemple, la plupart des maladies chroniques sont dues majoritairement à 3 facteurs de risques : le tabagisme, un mauvais régime alimentaire et la sédentarité. Il est donc important de prendre des mesures à ce niveau, d’évaluer le contexte de santé publique, et de se poser plusieurs questions : Existe-t-il des politiques et programmes de santé en faveur de la lutte contre les maladies chroniques ? Faut-il combler certaines lacunes ? Afin de répondre à ces questions et de définir le contexte de santé publique au mieux, des études et recherches comportementales du public concerné (habitudes de vie, représentations, freins au changement, leviers/motivations possibles) sont souvent mises en places.
La sensibilisation consiste à influencer la population pour provoquer un changement de comportement. Elle est essentiellement basée sur une bonne communication stratégique : il faut rendre les Français impliqués dans l’enjeu de santé publique qui consiste à lutter contre les maladies chroniques. Pour cela, il faut fixer un but clair à long terme (sauver un certain nombre de vies sur un certain nombre d’années) et définir des objectifs SMART (spécifiques, mesurables, réalisables, réalistes et inscrits dans un calendrier) dès le début du programme de sensibilisation. La campagne de communication doit ensuite être mise en place afin d’atteindre le but et les objectifs fixés. Il est également important, dans la définition du but et des objectifs, de prendre en compte plusieurs paramètres : – Le contexte général, les éventuelles possibilités et obstacles – Les politiques ou mesures spécifiques dont l’application pourrait influencer l’impact de la campagne (augmentation des taxes sur le tabac, interdiction de la publicité en faveur du tabac, mesures de lutte contre l’obésité chez l’enfant…) – Les éventuelles inégalités sociales et inégalités de l’accès aux systèmes de santé (système public ou privé de santé). Après avoir repéré les ouvertures et des obstacles, il est important de structurer l’action de sensibilisation et de choisir le meilleur moyen d’atteindre les objectifs fixés. Les acteurs élaborant la campagne doivent également tenir compte des ressources dont ils disposent pour mettre en application la campagne et si elles sont limitées, fixer des objectifs très précis, ciblés et réalisables.
Comment en évaluer l’impact ?
Évaluer l’impact d’une campagne de communication sur les maladies chroniques peut se révéler difficile. Il est en effet compliqué de trouver des indicateurs de performances fiables car les changements de comportements et d’habitudes sont souvent dus à de nombreux événements et à de nombreuses situations. Il est néanmoins possible d’estimer cet impact grâce à quelques indicateurs :Exemple : Une publicité est diffusée à la télévision entre 13h et 13h30 sur TF1. On estime que seules 18,6 % des femmes entre 18 et 49 ans regardent TF1 à cette heure-ci. Si cette population cible a l’occasion de voir deux fois le message publicitaire, on obtient un GRP de 18,6 × 2 = 37,2 sur la cible des femmes de 18 à 49 ans.
Impact général de la communication grand public sur les comportements et habitudes des Français
En février 2015, une enquête réalisée sur 500 adultes par Future Thinking France et en partenariat avec la Fédération Nationale de l’Information Médicale (FNIM) a eu pour but d’évaluer la visibilité, la perception et l’impact des campagnes sur le comportement et les habitudes des Français. En ce qui concerne les canaux sur lesquels les Français rencontrent le plus des campagnes de communication santé, la télévision occupe le premier rang (51 %), suivie de la presse santé (50 %), de la presse féminine (31 %) et d’Internet (29 %). Concernant les acteurs à l’origine de cette communication, 81 % des Français attribuent les campagnes médicament aux laboratoires pharmaceutiques, tandis que les campagnes sur les pathologies sont attribuées à des sociétés savantes (49 %), à des organismes financiers (47 %) ou à des organismes d’Etat (42 %). Lorsqu’il s’agit de campagnes de prévention spécifiquement, 62 % des Français les attribuent à des organismes d’Etat. Afin d’obtenir des résultats issus de ma propre recherche et pour approfondir l’analyse de cette thèse, j’ai réalisé un sondage auprès de 85 Français, âgés de 18 à 70 ans, afin de savoir ce qu’ils pensaient de la communication grand public sur les maladies chroniques en France et de leur impact sur leurs habitudes (Annexe 5). 20 médecins généralistes ont également été interrogés sur leur opinion à propos de la communication grand public sur les maladies chroniques (Annexe 6).