IMPACTS DE L’ÉROSION D’APRÈS LES ENQUÊTES
Les impacts de l’érosion se manifestent dans plusieurs domaines tant sur le paysage naturel que sur les activités anthropiques
Ensablement des rizières
En aval du bassin-versant, l’impact direct de l’érosion s’exprime dans le paysage par l’ensablement des rizières (Cf. Photo 25). Cela va de pair avec les inondations qui se produisent généralement lors des hautes eaux. Chaque année, plusieurs paysans sont confrontés à un ensablement des rizières. Les dépôts sont essentiellement composés de sables et de limons, rarement des éléments grossiers. Ainsi, tous les ans, les paysans sont obligés de 79 dégager les sables de leurs rizières, mais d’autres choisissent de ne rien faire lorsque les sédiments contribuent à augmenter la fertilité du sol (limons et argiles). Photo 25. Exemple d’ensablement des rizières dans le bassin de la Sahatsio Cliché de l’auteur, novembre 2016
Destruction des digues et agrandissement des lits de la rivière
Pendant la saison sèche, les paysans essaient de construire leur propre moyen de lutter contre les effets de l’érosion c’est-à-dire les inondations et les ensablements des rizières. Cela se traduit par la construction des digues pour la lutte contre les inondations et des barrages pour assurer le ravitaillement en eau pour les cultures irriguées. Pourtant, en période de fortes crues, les constructions sont rapidement détruites faute de techniques adéquates dans les travaux. Le lit de la rivière est ainsi élargi et diminue parfois la surface cultivable dans les rizières (Cf. Photo 26a-b). Il y a également le problème lié à la destruction des barrages qui perturbent le calendrier agricole des paysans surtout pour les cultures irriguées ; une situation qui influence directement la vie socio-économique de la population concernée. De plus, dans la partie du bassin où l’érosion est plus accentuée, les risques de perte en terres sont grands, mais jusqu’à maintenant, cela n’affecte pas la fertilité du sol. 80 Photo 26 (a-b). Elargissement des lits de la rivière Cliché de l’auteur, novembre 2016
. LES SOLUTIONS PROPOSÉES PAR LES PAYSANS
La déforestation et l’extension des activités paysannes vers les versants aux dépens de la destruction de la végétation sont liées à la forte pression démographique et à l’appauvrissement de la population. Cela contribue énormément à accentuer l’action de l’érosion au niveau du bassin. Ainsi, pour les paysans, les solutions les plus efficaces seraient de faire du reboisement dans les zones sans cultures comme les collines, les versants dénudés et celles qui ne sont pas utilisées pour la pratique agricole. De plus, il faudrait également limiter l’exploitation de la forêt, du moins ce qu’il en reste. Cela va de pair avec la limitation des feux de brousse qui commencent à avoir de l’ampleur. En ce qui concerne la protection des rizières et les luttes antiérosives, les populations suggèrent la construction des digues afin de limiter les inondations et la plantation des plantes spécifiques (bararata) pour protéger les berges de la rivière contre la force des crues. Bref, d’après la population locale, la dynamique de l’érosion subdivise le bassin en deux : une érosion moindre en aval contre une érosion plus avancée en amont. Ce phénomène est surtout le résultat de l’instabilité actuelle du climat ajoutée à la disparition progressive de la couverture végétale. Cela se traduit dans le paysage soit par des ensablements des rizières localisés généralement dans le Sud, soit par l’ablation des berges ou encore par la destruction des aménagements tels que les barrages et les digues. Ceci étant, il n’existe pas encore de solution permanente prise pour limiter l’action de l’érosion. Toutefois, on essaie chaque année de limiter les inondations et les ensablements par la construction des digues sur les berges du lit de la rivière.