Impact des entérites néonatales des veaux en élevage laitier

Physiologie digestive de la vache adulte

Le bol alimentaire passe de la bouche vers le rumen via l’œsophage. Le rumen contient de nombreuses bactéries méthanogènes. Il s’y produit une fermentation des aliments pendant 24 à 48 heures.
Ensuite le contenu du rumen repart dans la bouche pour y être de nouveau mastiqué : on appelle ce phénomène la rumination, et la vache est qualifiée d’animal ruminant. La rumination dure environ 10 heures par jour, et au cours de celle-ci la salive est secrétée à raison d’un litre toutes les 5 minutes.
Après la rumination, le bol alimentaire passe dans le réseau. Il assure le triage du bol alimentaire : les grosses particules repartent dans le rumen pour un nouveau processus de rumination, tandis que les particules les plus fines sont envoyées vers le feuillet. Dans le feuillet, les particules sont broyées encore plus finement. Il y a également absorption de l’eau et assimilation de nutriments. Les particules restantes sont envoyées vers la caillette.
La caillette possède une sécrétion acide et une sécrétion enzymatique. Elle se termine par le pylore où les sécrétions sont basiques et pauvres en enzymes. L’intestin grêle présente une sécrétion d’un suc intestinal épais et alcalin. Enfin, dans le gros intestin se produit une fermentation microbienne, mais moins importante que dans le rumen. Il y a également absorption d’eau, de vitamines et de minéraux.

Les types de diarrhée

La diarrhée se définit par l’émission de selles liquides et fréquentes. L’observation de ces diarrhées peuvent orienter l’éleveur et le vétérinaire sur l’origine de celles-ci. L’aspect des selles varient en : Consistance : aqueuse, liquide, crémeuse, pâteuse,  Couleur, Odeur : putride (origine bactérienne), aigrelette (origine virale), butyrique (origine alimentaire).
Présence ou non de mucus, sang (traduisant une inflammation du gros intestin, ou une irritation anale si en petite quantité) ou de fausses membranes (qui sont une association de cellules mortes et de protéines).
Le ventre du veau peut prendre un aspect remonté (levretté) que l’on voit dans de nombreuses diarrhées, ou distendu (en grenouille) qui indique une augmentation du volume de la caillette. La diarrhée peut se produire suivant différents mécanismes, qui peuvent éventuellement être associés entre eux.
La diarrhée par malabsorption-maldigestion est très fréquente, et est notamment rencontrée lors d’infections par le Rotavirus, le Coronavirus ou Cryptosporidium. Elle engendre une perte d’eau et d’ions, ainsi qu’une fermentation du lactose contenu dans le lait au niveau du gros intestin avec production d’acides (acide D-lactique, acides gras à chaîne courte) qui sont en partie résorbés dans le sang et sont à l’origine donc d’une acidose.
La diarrhée par hypersécrétion ou sécrétoire est liée à l’action de toxines, comme c’est le cas pour les salmonelles et les colibacilles entérotoxinogènes. Ces toxines ne provoquent pas de lésions cellulaires, en revanche elles causent une sécrétion d’ions et donc d’eau.
Une inflammation, que l’on retrouve par exemple pour les salmonelles, induit aussi un phénomène de diarrhée par altération de la paroi digestive (atrophie des villosités intestinales), car les vaisseaux sanguins et les muqueuses deviennent perméables aux électrolytes, à l’eau, mais aussi aux hématies présentes dans le sang, et aux protéines .

Les conséquences de la diarrhée

Ces conséquences sont les causes majeures de mortalité des diarrhées et non la diarrhée ou le germe responsable en eux-mêmes. Elles auront donc toute leur importance lors de la détermination du traitement.
Déshydratation : La déshydratation se traduit par une perte d’eau et d’électrolytes de l’ordre de 50 ml/kg/jour soit en moyenne 2,5 litres d’eau par jour pour un veau de 50 kg, avec 10 à 30 fois plus de pertes de sodium que chez un veau sain. Elle est d’intensité variable. Elle diminue les capacités d’épuration des reins et on obtient donc une augmentation de la concentration sérique en urée, c’est le syndrome urémique de l’insuffisance rénale. Ce phénomène peut aller si rien n’est fait jusqu’au choc hypovolémique avec une hypoxie et une baisse de l’irrigation des tissus, et peut entraîner la mort de l’animal, d’où l’importance de la prise en charge de la déshydratation en cas d’entérite chez le veau.
Plusieurs signes permettent de repérer cette déshydratation, il faudra donc y être particulièrement attentif lors de diarrhée chez le jeune veau :  L’énophtalmie correspond à un enfoncement du globe oculaire dans l’orbite, elle indique également une dénutrition marquée comme lors d’une diarrhée prolongée. La persistance du pli de peau, que l’on réalise au niveau de l’encolure. La diminution de la température rectale et des extrémités cutanées, mais ce signe apparaît tardivement et est dépendant de la température extérieure, surtout les premiers jours de vie quand le veau régule encore mal sa température corporelle. On considère une température rectale normale entre 38,5°C et 39,5°C, le veau étant en hypothermie en dessous de 37,5°C . La sécheresse des muqueuses. Diminution puis perte du réflexe de succion .
Acidose métabolique : L’acidose métabolique se traduit par une perte d’ions bicarbonates, une surproduction d’acide lactique, et une surproduction d’acides organiques par la flore intestinale. Les signes de l’acidose métabolique sont : Une perturbation de l’état de vigilance et de la locomotion : le veau est endormi, apathique, puis prend une démarche titubante, présente des difficultés à se lever, et finit par rester couché sur le côté (décubitus) et tombe dans le coma . Diminution puis perte du réflexe de succion. Généralement accélération légère des mouvements respiratoires. L’acidose est plus grave chez les veaux de moins de 8 jours, et ceux se trouvant en décubitus latéral. Le taux d’acidose n’est pas corrélé avec la déshydratation .
Hypoglycémie : L’hypoglycémie est consécutive à la malabsorption des nutriments par l’intestin . La glycémie normale pour un veau se situe à 2,5 mmol/L. Le veau est en hypoglycémie entre 1 et 2,5 mmol/L. En dessous de 1 mmol/L, il est en hypoglycémie grave .

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Diarrhées d’origine alimentaire

Ce type de diarrhée survient chez les veaux de n’importe quel âge. Symptômes : La diarrhée est plâtreuse, blanchâtre avec une odeur butyrique lactique. Le veau reste vif, son appétit est conservé, la déshydratation peu prononcée, l’abdomen est distendu. Néanmoins il ne faut pas négliger ces diarrhées qui, par l’affaiblissement qu’elles engendrent chez le veau, peuvent favoriser la colonisation par des germes pathogènes.
Causes : Elle est due à un dysfonctionnement de la caillette, lui-même provoqué par : un lait de vache trop gras, ou une mauvaise reconstitution du lait en poudre selon la méthode d’allaitement utilisée des buvées trop volumineuses, souvent la première semaine une température de distribution trop froide ou irrégulière un « cérémonial » de distribution du lait non respecté.
Il s’ensuit une mauvaise fermeture de la gouttière œsophagienne, le lait va dans le rumen où la flore microbienne naissante réalise des fermentations, à l’origine de diarrhées chez le veau. Il est alors qualifié de « buveur ruminal » .

La prescription vétérinaire

La «cascade de prescription» : Suite à l’examen de l’animal ou des animaux malades, le vétérinaire établit une prescription, suivant le principe de la « cascade de prescription ». Il doit prescrire en priorité un médicament vétérinaire autorisé pour l’espèce et dans l’indication visée. A défaut, il peut prescrire, dans l’ordre : un médicament vétérinaire pour l’espèce dans une autre indication, ou pour une autre espèce dans une autre indication un médicament vétérinaire pour une autre espèce dans une autre indication un médicament humain, ou un médicament vétérinaire autorisé dans un autre Etat membre de l’Union Européenne, pour l’espèce ou une autre espèce, dans l’indication ou dans une autre indication en dernier recours, une préparation magistrale. La prescription « hors examen clinique » Depuis l’arrêté du 24 avril 2007 relatif à la surveillance sanitaire et aux soins, le vétérinaire peut prescrire des médicaments soit après un examen clinique systématique des animaux, soit «hors examen clinique» dans le cadre du suivi sanitaire permanent de l’élevage. Cette prescription hors examen clinique, donc sans avoir vu l’animal, n’est possible que pour le vétérinaire qui réalise ce suivi sanitaire permanent, et sous réserve d’effectuer un bilan sanitaire d’élevage (BSE) annuel. Le BSE est une visite de l’élevage par le vétérinaire qui, en fonction de l’état sanitaire et des affections précédemment rencontrées dans l’élevage, rédigera à l’issue de cette visite un document appelé le protocole de soins.
Le protocole de soins identifie les actions à mener pour améliorer l’état sanitaire de l’élevage, et les affections rencontrées dans l’élevage identifiables par l’éleveur et ne nécessitant pas un examen préalable des animaux pour la mise en œuvre d’un traitement. Il intègre la mise en place de traitements préventifs dont les vaccinations et les vermifuges, et il précise les informations que l’éleveur doit transmettre au vétérinaire ainsi que les critères d’alerte sanitaire devant déclencher la visite du vétérinaire. L’éleveur dispose donc dans ce cas d’ordonnances valables un an et renouvelables pour les pathologies répétitives et bien identifiées de l’élevage.

Table des matières

Introduction
I)Anatomie et physiologie de l’appareil digestif des bovins
I-1) Anatomie de l’appareil digestif
I-1-1) Anatomie de l’appareil digestif de la vache adulte
I-1-2) Anatomie de l’appareil digestif du veau
I-2) Physiologie digestive des bovins
I-2-1) Physiologie digestive de la vache adulte
I-2-2) Physiologie digestive du veau
II) La diarrhée et ses conséquences
II-1) Les types de diarrhée
II-2) Les conséquences de la diarrhée
II-2-1) Déshydratation
II-2-2) Acidose métabolique
II-2-3) Hypoglycémie
III) Etiologie, principaux agents pathogènes responsables d’entérites
III-1) Les virus
III-1-1) Rotavirus
III-1-2) Coronavirus
III-1-3) Autre virus responsable de diarrhées néonatales
III-2) Les bactéries
III-2-1) Escherichia coli
III-2-2) Salmonelles
III-3) Les parasites
III-3-1) Coccidies
III-3-2) Cryptosporidium
III-3-3) Autres parasites responsables de diarrhées néonatales
III-4) Diarrhées d’origine alimentaire
IV)Diagnostic
IV-1) Diagnostic clinique
IV-2) Examens complémentaires
V)Traitements
V-1) La prescription vétérinaire
V-1-1) La « cascade de prescription »
V-1-2) La prescription « hors examen clinique »
V-1-3) Limites maximales de résidus et temps d’attente
V-1-4) La délivrance des médicaments vétérinaires
V-2) Traitements conventionnels
V-2-1) Réhydratation
V-2-2) Antibiothérapie et antibiorésistance
V-2-3) Antiparasitaires
V-2-4) Traitements adjuvants
V-3)Alternatives et traitements complémentaires
V-3-1) Médicaments vétérinaires et agriculture biologique
V-3-2) Phytothérapie et aromathérapie
V-3-3) Homéopathie
V-3-4) Probiotiques
V-3-5) Autres alternatives
VI)Prophylaxie
VI-1)Vaccination et sérum
VI-1-1) Vaccination
VI-1-2) Sérum
VI-2)Alimentation du veau
VI-2-1) L’alimentation lactée
VI-2-2) L’eau
VI-2-3) L’alimentation solide
VI-3) Le logement des veaux
VI-3-1) Ambiance du bâtiment
VI-3-2) Hygiène du bâtiment
VII-Coût économique pour l’élevage des entérites néonatales et exemples de cas cliniques
Conclusion
Annexe
Bibliographie
Sitographie

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