Impact de l’infection congénitale par le Cytomégalovirus humain sur la sécrétion de petites vésicules extracellulaires placentaires
Cycle viral
Cycle viral réplicatif
La biologie du hCMV in vivo alterne des cycles réplicatifs, des phases de latence et des épisodes de réactivation. Au cours d’un cycle viral classique d’une primo-infection, les particules virales de hCMV interagissent via leurs glycoprotéines virales avec des récepteurs cellulaires conduisant à leur internalisation (Figure 5.1). Le contenu du tégument ainsi que la capside sont relargués dans le cytosol. Certaines protéines virales débutent immédiatement leur rôle immunorégulateur et promoteur de réplication virale (Figure 5.2). La capside est transportée dans le noyau cellulaire et y largue le génome qui y est alors circularisé (Figure 5.3). L’expression des gènes viraux débute par les gènes très précoces IE (Immediate Early), suivis des gènes retardés précoces DE (Delayed Early) et enfin les gènes tardifs L (Late). L’expression des gènes tardifs induit dans le noyau l’assemblage génomique au sein des capsides puis leur sortie dans le cytosol. Au sein du cytosol la capside s’associe aux protéines du tégument néoformées et cette structure immature est dirigée vers l’usine d’assemblage virale (sites d’assemblages intracellulaires formés notamment par l’appareil de Golgi et le complexe 22 endosomal) (Figure 5 .4). La capside s’additionne alors d’autres protéines du tégument et s’entoure de l’enveloppe virale par bourgeonnement dans des vésicules intracellulaires de l’usine d’assemblage virale. Les particules virales complètes (capside comprenant le matériel génétique viral, protéines du tégument virales et cellulaires et enveloppe) sont alors sécrétées dans le milieu extracellulaire (Figure 5.5) (Beltran & Cristea, 2014; Crough & Khanna, 2009). Figure 5 : Cycle viral productif du hCMV. Phases très précoces, précoce et retardées du cycle viral productif (IE=immediate early ; E=early, L=late). D’après (Manandhar et al., 2019).
Phase d’entrée
La phase d’entrée du virion dans la cellule se compose de plusieurs étapes. L’entrée virale peut se faire par fusion des membranes virales et cellulaires à la surface ou après un processus d’endocytose. En premier lieu l’interaction entre la particule virale et la cellule est non spécifique (notamment via des héparane-sulfates). La liaison devient spécifique via la fixation à des récepteurs, variables selon le type cellulaire (PDGFR-a, EGF-R, DC-SIGN, TLR2…). Les glycoprotéines virales (gB, gH, complexe pentamérique) se lient alors avec des intégrines et initient la signalisation cellulaire conduisant à l’internalisation du virion. La fixation des glycoprotéines virales sur des récepteurs cellulaires variés (TLR…) peut induire avant même l’internalisation du virion des effets immuno-régulateurs ou immuno- 23 manipulateurs. Les glycoprotéines virales sont hautement conservées, elles sont essentielles à la fusion et l’entrée virale (Gardner & Tortorella, 2016; Vanarsdall & Johnson, 2012). La fusion de l’enveloppe virale avec la membrane plasmique induit la libération dans le cytosol de la capside virale et du tégument. Les protéines présentes dans le tégument peuvent être d’origine virale mais également d’origine cellulaire (incluses dans la particule virale au moment de son enveloppement dans la cellule d’origine productrice du virion). Ces protéines du tégument relarguées dans le cytosol peuvent avoir un effet immédiat dès la fusion avec la cellule cible, notamment au niveau immun, en modifiant la signalisation cellulaire ou en facilitant la transcription virale via un adressage au noyau de la capside (Figure 6). Des protéines virales sont également adressées au noyau indépendamment de la capside. Deux protéines virales abondantes dans le tégument, pp65 et pp71, jouent un rôle respectivement dans l’évasion immunitaire et dans la mise en place de l’expression des gènes IE (ces protéines jouent également un rôle aux phases plus tardives du cycle viral) (Kalejta, 2008). Figure 6 : Processus de fusion virale, relargage des protéines du tégument dans le cytoplasme et transfert dans le noyau (Kalejta, 2008).
Phase très précoce
La phase très précoce de réplication virale résulte en la production des protéines IE (Immediate Early), impliquées dans des processus variés, notamment la mise en place de la 24 transcription virale ainsi que l’instauration d’un environnement cellulaire propice à la réplication virale. Les deux phosphoprotéines nucléaires essentielles de cette phase, IE1 (72 kDa) et IE2 (86 kDa), sont sous le contrôle du MIEP (Major Immediate Early Promotor). Les rôles de IE1/2 sont variés : elles favorisent la réplication virale et la transcription de gènes viraux, elles modulent la transcription des gènes hôtes (notamment à visée immunotolérante) et inhibent le cycle cellulaire ainsi que l’entrée en apoptose. IE1 inhibe notamment l’activité méthyl transférase de ND10 et maintient ainsi un contexte chromatinien permissif à la réplication virale. IE1 et IE2 participent également à la tolérance immunitaire de la cellule cible, respectivement en diminuant l’ampleur de la réponse aux interférons et en inhibant la production de cytokines proinflammatoires (Paulus & Nevels, 2009). IE1 et IE2 ne jouent pas seulement un rôle dans le cycle viral réplicatif mais également au cours de l’initiation et du maintien de la latence. D’autres protéines produites au cours de la phase très précoce, comme IRS1 et TRS1, limitent via une inactivation de la protéine kinase R la réponse cellulaire aux interférons et ainsi l’apoptose (Braggin et al., 2016).
INTRODUCTION |