IMPACT DE L’AIRE MARINE PROTEGEE DE BAMBOUNG SUR LES ACTIVITES DE PECHES ARTISANALES
La pêche et en particulier la surpêche combinée à la destruction, la pollution des habitats, les invasions biologiques ou encore le changement climatique réduisent les capacités de renouvellement des ressources vivantes marines (Agro campus, 2010). La production mondiale des pêcheries ne cesse d’augmenter depuis la seconde guerre mondiale (Blanchard, 2001). Cependant les méthodes de pêches observées dans les pays industrialisés diffèrent de celles observées dans les pays en voie de développement (Blaber et al, 2000). Les milieux estuariens et lagunaires (MEL) tropicaux et subtropicaux qui étaient longtemps négligés par les chercheurs scientifiques font aujourd’hui l’objet d’un grand intérêt scientifique à cause du développement des activités humaines qui s’y déroule (Blaber et al, 2000). En effet les MEL tropicaux sont des écosystèmes riches car présentant une richesse spécifique plus élevée que celle des milieux similaires rencontrés sous climat tempéré (Villanueva, 2004). Situées en interface avec les zones marines, les eaux estuariennes constituent des biotopes de prédilection pour de nombreuses espèces de poissons de grande importance économique (Blaber et al, 2000). La plupart des espèces estuariennes sont surexploitées entrainant ainsi une baisse des rendements ; car l’action de l’homme, notamment la pêche, a un grand impact sur l’écologie des espèces migratrices venant pondre ou venant se développer dans les estuaires (Baran, 2000). Ainsi les MEL du monde entier sont affectés par les activités humaines (Borja et al, 2007).
Devant une pression de plus en plus élevée, la création des aires marines protégées (AMP) semble être un moyen pour la protection des ressources halieutiques car elle s’est révélée efficace pour la conservation des ressources halieutiques et de leur habitat (Allison et al, 1998 ; Boersma, 1999) ; devenant ainsi un outil de gestion incontournable devant l’inefficacité des méthodes traditionnelles (Halpern, 2003). Les AMP ou réserves marines sont définies comme étant des régions protégées de toutes actions anthropiques plus spécialement la pêche (Alcala, 2001). Cependant, l’appellation actuelle d’Aire Marine Protégée est très discutée car les AMP ne sont pas exclusivement des zones marines mais peuvent aussi être des zones lagunaires ou estuariennes, ainsi pour se simplifier le problème, les anglo-saxons adoptent de plus en plus le terme de « No take reserve » au détriment du sigle « MPA ». La création d’AMP est motivée par deux objectifs à savoir la conservation et la gestion durable des ressources naturelles (Roberts et al, 2003). La concentration des efforts de pêche prés des limites des AMP est motivée par la supposition qu’il existe une exportation nette des individus adultes de l’AMP vers les zones adjacentes « effet spillover » (Kellner et al, 2007) car il a été observé que les rendements des régions non protégées sont élevés pendant les périodes de protection mais devenaient faibles une fois cette protection levée ce qui signifierait une exportation des individus adultes des zones protégées vers les zones non protégées (Alcala, 2001).
Présentation de l’estuaire du Sine-Saloum
L’estuaire du Sine-Saloum est situé à 130 km au Sud-ouest de Dakar. Il est compris entre 13°35’ et 14°10’ de latitude Nord et 16°03’ et 16°50’ de longitude Ouest (fig. 1). Il draine un bassin versant de 29 720 km2 dont le relief est en général plat et la pente très faible (Ba et al, environnementale du Sine-Saloum est très particulière : il s’agit d’un estuaire sursalé dont le gradient halin est inversé en permanence (croissant de l’embouchure vers l’amont). La salinité peut atteindre des valeurs de 130 ppm en amont de Kaolack (fig. 1), soit près de 4 fois la salinité moyenne de l’eau de mer. Le complexe du Sine-Saloum est constitué de trois bras principaux : le Saloum au nord et nord-est, le Bandiala au sud-ouest et le Diomboss entre les deux (Diouf, 1996 et fig. 1). Il est caractérisé par un système complexe et diffus de canaux appelés bolons et de mangroves caractéristiques des zones humides saumâtres intertropicales (Diouf, 1996).
Caractérisation du Diomboss
Le Diomboss est l’un des trois principaux bras du Sine-Saloum (Diouf, 1996). Le chenal de ce bras principal est aussi relativement peu profond, des fonds de 10 m y sont régulièrement rencontrés. D’amont en aval et sur les deux rives, le Diomboss se divise en plusieurs chenaux de marée, localement appelés « bolons » (Diouf, 1996). L’AMP de Bamboung située à la rive gauche est l’un des principaux bolon du Diomboss. Le protocole d’échantillonnage avait prévu 32 stations d’amont en aval du Diomboss (Fig. 2). Cependant pour des raisons de planning et des difficultés d’approvisionnement en appât, 16 stations ont été prospectées lors de la première campagne, 18 lors de la deuxième campagne et 16 lors de la troisième campagne.