Impact de la nutrition azotée sur la fertilité des
femelles Gobra en élevage traditionnel
Effets de certains nutriments sur la reproduction
Energie L’impact de l’énergie sur les performances de reproduction est clair et admis par tous. L’énergie joue un rôle important dans la reproduction de la vache laitière. Ce n’est pas pour autant l’aspect de la nutrition le plus important afin de réaliser des performances de reproduction attendues. Avec l’énergie, on est le plus souvent coincé entre assurer des apports suffisants et ne pas basculer du coté de la ration trop pauvre en fibre, qui pourrait entraîner acidose, fibrome et par conséquent des problèmes de reproduction (BRISSON, 2003). L’énergie présente de ce fait un défi intéressant à relever pour assurer des vêlages à intervalles réguliers.
Les protéines
Les protéines ont de nombreuses fonctions biologiques parmi lesquelles on peut citer la catalyse enzymatique, la protection immunitaire, le contrôle de la croissance et de la différenciation, la contraction et la motricité. Il faut en outre souligner le rôle principal des protéines qui réside dans la plasticité de l’individu. Tout ceci montre l’importance des matières azotées dans l’alimentation des animaux. La protéine comme tous les autres nutriments, est très importante et encore davantage chez la vache productrice. Une production élevée et/ou un test de protéine élevé requièrent un apport important d’acides aminés absorbés au niveau de l’intestin. Ces acides aminés proviennent en partie de la protéine brute ingérée non dégradée au rumen et en partie de la protéine (très significative) d’origine microbienne. La protéine de la ration pourrait dans certaines circonstances avoir des effets négatifs sur la reproduction notamment en diminuant les chances de survie de l’embryon dans l’utérus. Il est probable que la diminution de la concentration de la progestérone durant la phase lutéale de l’insémination chez les vaches en lactation explique une partie de l’effet négatif du niveau de protéine sur la fertilité et que cette action soit reliée à un effet sur le bilan énergétique (BUTLER, 1998). Le métabolisme de la protéine étant complexe, les recherches des dernières décennies ont permis de mieux comprendre les directions à prendre pour éviter les contre performances autant en terme de production (lait, protéine du lait) qu’en terme de reproduction (BRISSON, 2003). Nous savons aujourd’hui que l’équilibre de la ration en protéine peut avoir un impact très significatif sur les performances de reproduction.
Urée comme indicateur nutritionnel
L’urée constitue le produit final du métabolisme des protéines dans le corps. Au niveau du rumen, les matières azotées subissent une dégradation intense et rapide due aux micro-organismes, dont l’ammoniac (NH3) est le produit terminal le plus important. Une partie du NH3 est utilisée pour la synthèse des matières azotées de certaines bactéries (protéosynthèse microbienne) et des protozoaires. La fraction non utilisée par les microorganismes est absorbée au niveau du foie où elle est transformée en urée. L’urée ainsi formée est déversée dans le sang. La majeure partie de cette urée est éliminée par voie urinaire et cette excrétion très importante fait de l’urée un instrument très important dans le diagnostic des maladies rénales. Etant non toxique, l’urée constitue de ce fait un déchet azoté idéal pour l’organisme et le rein. C’est une forme majeure d’élimination du NH3 qui est très toxique. Par ailleurs le retour de l’urée sanguine au rumen soit par diffusion direct, soit par l’intermédiaire de la salive chez les ruminants constitue un cycle très important surtout dans nos pays tropicaux où les difficultés de l’abreuvement limitent les émissions urinaires, ce qui lui confère un rôle d’épargne protéique surtout lorsque les rations sont pauvres en azote.
Métabolisme de l’urée
La majorité des protéines alimentaires est décomposée en NH3 dans la panse par les micro-organismes. Le NH3 ainsi produit est utilisé par ces microorganismes pour leur propre construction corporelle. Pourtant une petite partie de cette NH3 arrive à passer du rumen vers le sang. Pour que cela ne conduise pas à un empoisonnement de l’animal, le NH3 est transformé en urée dans le foie par le cycle de l’urée puis éliminé dans l’urine. Lors du transit du foie vers les reins, des quantités d’urée se déposent dans les organes fortement irrigués, donc aussi la mamelle. L’utilisation du NH3 par les micro-organismes dépend de la disponibilité en énergie, principalement sous forme de glucides non fibreux et de fibres digestibles. Figure 1 : Processus d’assimilation et de dégradation des protéines alimentaires chez la vache. Source : ANONYME, 2002 PB = Protéine brute PM = Protéine microbienne PAI= Protéines d’origine alimentaire digestibles dans l’intestin En utilisant l’énergie fournie par une première molécule d’ATP, une molécule d’ammoniac et de dioxyde de carbone se combinent puis se fixent à une molécule d’ornithine pour former la citrulline dans la mithochondrie de la cellule hépatique. La citrulline diffuse alors vers le cytoplasme de la cellule, où de l’énergie est à Alimentation – protéine alimentaire Protéine du lait urée PB PM NH3 rumen PAI NH3 urée foie intestin 8 nouveau dépensée pour ajouter une autre molécule d’ammoniac, sous la forme d’un groupement amine provenant de l’acide aspartique. Eventuellement, le résultat est une molécule d’arginine. Cette dernière est dégradée pour libérer une molécule d’urée et une molécule d’ornithine qui, elle, diffuse alors vers la mitochondrie. Et, ainsi, un nouveau cycle recommence. (Figure 2)
Urée sanguine et Variation
L’urée sanguine est le reflet de l’activité de la biomasse ruménale. Une fois dans le sang, la mesure de l’urée permet de vérifier l’équilibre PDIN (valeur azotée quand l’azote est le facteur limitant) / PDIE (valeur azotée quand l’énergie est le facteur limitant) des rations en particulier quand il est difficile de connaître les conditions d’alimentation (cas du pâturage). La concentration sérique de l’urée constitue un reflet de l’importance du catabolisme protidique et un témoin de la fonction rénale et hépatique. En effet, il a été noté que le facteur alimentaire exerce une influence prépondérante et en particulier le rapport azote/cellulose de la ration (CALVET et DIALLO, 1971). Lorsque les sources d’azote dégradable sont supérieures à l’énergie disponible dans la ration (PDIN supérieur PDIE), il y a surproduction de NH3 dans la panse. Ce NH3 ne pouvant être utilisé par les micro-organismes du rumen, diffuse rapidement à travers la paroi ruménale et passe dans le sang entraînant ainsi une surproduction d’urée par le foie d’où une hyper urémie. Par contre, lorsque les sources d’azote dégradable sont inférieures aux disponibilités en énergie (PDIN inférieur PDNE), il n’y a pas assez de production de NH3 dans la panse, d’où une urémie basse.
PREMIERE PARTIE : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE |